CHAPITRE IV : ALEXIA ET LUKE

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À l'intérieur du sous-sol aménagé pour l'occasion, une multitude d'objets se disputait l'espace. De vieux fauteuils qui avaient rendus l'âme depuis bien longtemps exposaient la mousse constitutive de leurs grossesses. Les chaînes rouillées par l'usure et l'oxydation pendaient du plafond jusqu'au sol envahi par les nombreux morceaux de cailloux. Allongée dans cette atmosphère insalubre, Alexia ne percevait rien de son environnement. Son corps reposait sur un lit de journaux humides. Sa vue ne fonctionnait plus, de même que ses membres qui refusaient de bouger. Elle était paralysée mais ressentait chaque vague de douleur qui lui traversait le corps.

Plus le rituel avait avancé, plus Alexia avait gémie. Son corps avait remué dans tous les sens et un à un, des symboles étranges s'étaient imprégnés dans sa chair, laissant des marques de brûlures rougeâtres. La douleur ne lui avait accordée aucun répit et les larmes de sang avaient finies par sécher sur ses joues. À ce moment, sa vie s'était mise à défiler malgré sa cécité.

Alexia vit sa mère qui lui souriait, de même que son cousin qui l'a mettait toujours dans des situations impossibles. Cette famille réduite avait été son essence, son point d'encrage malgré toutes les horreurs que la vie lui avait infligées. Elle vit aussi Luke et le ciel qu'elle aimait contempler. La dernière image fut celle de son père qu'elle ne regrettait pas d'avoir rencontré. Elle continuait de se questionner sur sa présence dans cette robe rouge mais finit par perdre connaissance. La vie s'échappait de son corps, elle sentait son âme se désaccrochait de sa chair. Peu à peu, son corps se mit à flétrir jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'un tas d'os calcinés.





Le réveil de Luke fut brutale. Il se frotta vigoureusement le visage, en toussant. Il avait froid. Son corps était agité par une suite de tremblements aiguës. Le cauchemar dont il s'était extrait l'avait traumatisé à un niveau extrême. Il avait vu son corps brûlé dans un océan de feu avec à ses extrémités des hommes recouvert de longues robes rouges. Leurs incantations dictaient aux flammes leurs actions. Il inspira finalement, une odeur de moisie remonta dans sa gorge qui répondit à cette agression par une nouvelle salve de toux. Luke allongé cette fois sur le dos, laissa ses yeux s'accoutumer à la pénombre sans qu'il n'arrive à se situer. Où se trouvait-il ? L'odeur prononcée de détritus l'obligea cette fois-ci à refermer les mains sur son nez. Néanmoins, il continuait d'inlassablement fouiller sa mémoire à la recherche d'indices pouvant le renseigner sur son état et sa présence dans ce lieu. Sa mémoire semblait vide. Anesthésiée par le vide, comme si ce début soirée avait été effacée de son esprit. Il cogitait encore et encore mais dû se rendre à l'évidence. Lorsqu'une ampoule clignota dans la pièce, Luke sursauta violemment.

Il n'était pas sûr de ce qu'il avait vu. Son cœur cognait dans sa cage thoracique à l'image d'un tambour qu'on battait. De nouveau, il se frotta les yeux. Sa tête se déplaça légèrement lorsque la lumière se fut stabilisée. Malgré l'horreur et la peur que lui inspirait le tas mystérieux, il claudiqua vers lui. L'odeur qui s'en dégageait le fit encore toussé. Il en fit quand même abstraction et s'en rapprocha davantage. Son visage se décomposa lorsqu'il reconnut le jambelet à la cheville gauche du cadavre. Son estomac se souleva immédiatement. De la bile lui remonta dans la gorge et il vomit en se détournant. Des larmes lui brûlaient le regard. Ce bijou, il se rappelait l'avoir offert à Alexia après leur premier baiser, réalisa ce dernier en secouant la tête. La main emprisonnée sur sa poitrine, il respirait avec difficulté. Il recula et chancela à plusieurs reprises.

Terrifié, Luke agrippa le mur. Il y enfonça les ongles jusqu'à ce que la douleur le force à lâcher prise. Ce n'était pas possible. Qu'est-ce qu'il avait fait ? Il conservait ses bras croisés sur sa tête. Comment pouvait-on faire une chose pareille ? Les pieds nus, le jeune homme se mit à courir. Telle une fusée, il traversa la pièce à la recherche d'une issue. Il pleuvait à verse dehors, mais malgré le tonnerre qui grondait, Luke ne se sentit pas intimider. Il escalada le portail en fer forgé et s'enfuit non sans un seul regard pour ce qu'il avait abandonné derrière lui.



Le Lendemain...

Depuis le lever du jour, le jardinier était occupé par sa tâche habituelle. Sa longue barbe grise se déplaçait à chaque fois qu'il changeait de position. Sa salopette usée était tachée de boue mais cela ne semblait pas le déranger. Accroupi, le vieil homme observait des rosiers morts d'un œil épouvanté. Ces fleurs qui avaient besoin de soin et délicatesse avaient simplement été piétinées. George lança un juron avant de revenir sur sa position.

Il fit craquer les muscles de son cou. Ensuite, il vissa sa casquette sur son crâne avant de se remettre au travail. Quelques coups de sécateur par-ci, quelques brindilles et feuilles mortes à ramasser ou encore de l'humus à utiliser. Une somme considérable pour un travail épuisant et vieillissant. Pour seul compagnon, quelques cris de corbeaux l'accompagnaient tout au long de l'effort. Comme à sa grande habitude, George aimait aller se rafraîchir à la fontaine. Il saisit sa bouteille en laissant son outil retombé sur le sol.

Il avait pas mal avancé mais vu l'immensité du jardin il en avait encore pour une bonne semaine. George était petit, vieillot avec des traits fatigués. Un sourire enfantin apparut sur son visage, lorsqu'il arriva dans la plus belle partie du jardin. Il se rua sur la fontaine pour que son sourire ne fasse désormais place à de la stupéfaction. Où était passée toute l'eau ?

Le regard de Georges étudiait son environnement où tout semblait normal. Lorsqu'il repéra l'amoncellement de terre et de cailloux, il s'approcha de l'amas. Il se baissa lentement pour observer sa nouvelle scène de crime. George se rappela qu'à cet emplacement précis, il existait une vieille pierre jaunâtre contenant des écritures bizarres. Il saisit l'un des morceaux de pierre, le contempla minutieusement et infera silencieusement.

L'unique explication logique qu'il trouva le ramena à la soirée de la veille. Il se souvint de l'orage et conclut que le tonnerre était peut-être responsable de cette destruction. Georges se détourna ravie de constater qu'il demeurait toujours aussi vif. En ce qui concernait la fontaine, il conclut simplement qu'elle avait été vidée sous l'ordre de son patron. Déçu, le jardinier rebroussa chemin avant de remarquer d'autres tiges de rosiers brisées. Il suivit la direction qu'elles lui indiquaient et fini par atterrir devant l'abri abandonné: ce vieux bâtiment rectangulaire recouvert de mousse. Devant la porte rouillée, George se baissa pour étudier le tas de feuilles et sable séchés qui avait attiré son attention. Il conclut que plusieurs personnes y étaient entrés la veille. Cet endroit lui donnait la chair de poule. Il n y avait jamais mis les pieds mais aujourd'hui, la curiosité prédominait.

Il tourna la poignée et sursauta lorsque la porte grinça en s'ouvrant. Georges avança le pied, tâtonna d'une main à la recherche d'un interrupteur qui ne marchait plus. Dans ses poches, il retrouva son énorme trousseau de clé et lutta pour ne pas le faire tomber. La petite torche diffusa une raie de lumière qui illumina timidement la pièce où un bazar irréel semblait régner. Au fond de la pièce, il y avait un couloir. George s'y engagea et descendit les sept marches.

Il avança lentement jusqu'à destination finale. Tout de suite, une odeur âcre agressa les sinus de l'horticulteur. De justesse, il se retint pour ne pas tomber. L'unique ampoule de la pièce se remit à clignoter avant de s'allumer pour de bon. Georges toussait, mais ce qu'il vit par la suite le fit se figer. À une vingtaine de mètres, il y avait un corps osseux qui se mouvait péniblement. Son cœur se mit à cogner brutalement dans sa poitrine. Il baissa les yeux sur sa salopette. A présent, cette dernière était trempée d'un liquide chaud et odorant.

Georges était paralysé. En effet, il n'arrivait véritablement plus à bouger. Ces membres tremblaient furieusement mais ses yeux refusaient de se détacher de cette chose. Machinalement, la forme squelettique se tourna vers lui et l'observa de ses orbites vides. L'ampoule se remit à clignoter, le trousseau de clé tomba lourdement et les ténèbres redevinrent reines.



●Note de l'auteure
Salut ! Alors, voilà pour la suite. On sait enfin ce qui est arrivé à Luke et Alexia. Mais un autre mystère surgit. Que deviendra Luke ? Et qu'adviendra-t-il de George le curieux ? Vous le saurez un peu plus loin. La partie suivante traitera du collier qui s'est mystérieusement volatilisé et qui enserrait le grimoire.

Je vous dis bonne lecture !

KindaCostaBB🌸

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