CHAPITRE XXV: TRAÎTRISE

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Contre un tronc, deux bouches se cherchaient pour mieux se trouver. La volupté qui se dégageait de leur étreinte jetait un sort particulier à l'endroit. Ils étaient beaux, fusionnels fusionnant. Leurs ébats étant camouflés par le feuillage touffu des pins demeuraient une onde sensuelle aux oreilles attentives en se mêlant parfaitement aux airs de fête qui égayaient la colline. Dean était en Cellia. Sa cellia. Ces mains la découvraient dans la noirceur apparente quand ses doigts faisaient résonner une mélodie enchanteresse dans son corps qui accompagnait ses mouvements d'une fougue envoûtante. Ils étaient un, unis par la volonté des sentiments, l'amour maquillant le laid passé par sa beauté angélique. Ils ne formaient qu'une seule chair, désormais frappés par la foudre de l'envie. Ils nageaient désormais dans ses océans troubles.

Elle était là, enveloppée dans ses bras. Ce rayon de soleil qui l'avait envoûté comme nul autre auparavant. Ces lèvres coulaient sur son cou des baisers miels qu'il encourageait par ses gémissements qui flottaient dans l'air. Cette nuit, tout avait été prémédité, elle l'avait embrassé et murmurer des mots d'amour qui l'avaient brûlé comme Icare face au soleil.  Elle s'offrait encore sans retenu malgré l'insécurité du lieu. Qu'il l'aimait. Qu'il l'aimait tant.  

— Je t'aime.

La confidence tomba dans son cœur telle une pluie d'analgésique régénératrice. Elle réussit à apaiser son cœur meurtri par sa bêtise, son impatience et son égoïsme. L'échec de leur première fois revenant le hanter. Aussitôt, le voile bienfaisant se chargea des ombres désagréables qui polluaient incessamment ses pensées en l'emmenant au lieu tragique de l'agression.  Il l'avait merdé, elle continuait de l'aimer. L'équation s'était résolue. Cette nuit tout était différent, parfait. L'amour opérait encore ces tours miraculeux redonnant une seconde vie aux sentiments du jeune couple. Dean était à la fois conquis et soulagé, même si la voix de sa dulcinée n'était pas véritablement la même. Sa voix normalement douce et légère avait sûrement été contaminer par l'alcool. Qu'en était-il de sa maîtrise naturelle ? Cellia l'avait surpris par sa fougue et ces gémissements qui l'avaient encouragé à aller plus loin, plus fou, profondément encore. Il s'était donc perdue elle pendant le chant d'un mésange huppée et laisser sa semence se répandre en elle. Quelle nuit magique !

Le plaisir communicatif réjouissait leurs âmes en soufflant ses nouvelles effluves de bonheur. Le couple reprenait peu à peu son souffle. Dean choisit ce moment là pour se retirer, mais sa Cellia le retint contre elle. Elle l'enlaça et le serra dans ses bras. Il était trop tôt, elle voulait profiter encore un peu. Cette étreinte était la première et la dernière qu'elle expérimentait dans les bras de cet homme. Au même instant, l'engin électronique vibra à plusieurs reprises dans l'une des poches masculines. Dean était bien, il ne voulait alors pas gâcher cet instant de pure félicité. Malheureusement, l'insistance de son interlocuteur eut raison de lui. Il parcourut distraitement ces messages en caressant le bras de sa bien-aimée.

« Je ne pense pas pouvoir vous rejoindre, tu pourrais passer chez moi avec Khatie, comme ça je lui parle un peu et nous passons la fin de soirée ensemble ? Bisous, je t'aime, amusez vous bien. » 

Troublé, Dean cligna des paupières à plusieurs reprises avant de relire le contenu du message et le nom de l'expéditeur. Le vent qui soufflait jusque là légèrement effaça les effluves de l'ivresse qui le maintenait captif. Instinctivement, l'homme se dégagea brutalement en repoussant sa prétendante qui glissa dans l'herbe en tombant. D'une poigne sévère, il lui tira le bras. Il avait besoin se rassurer, il n'avait pas pu autant se tromper. Pendant la soirée, il l'avait vu arriver. Elle s'était directement approchée, les notes du parfum qu'il lui avait offert lui chatouillant agréablement le nez. Elle l'avait allumé en multipliant les verres, les caresses. Ainsi encouragé, il s'était laissé aller à la folie de l'alcool et du sexe. La main tremblante, Dean remonta le faisceau lumineux jusqu'à son visage et laissa tomber l'engin. A bout de souffle, il se retourna et resta figé le dos oppressé par une branche. Qu'est-ce qu'il avait foutu ? La lune réapparue aussitôt, révélant les deux entités qui se faisaient face. Dean n'avait plus aucun doute. En face de lui, ce n'était pas Cellia qui tremblait les mains resserrées autour de sa veste. 

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