Fool For You - BLT 3

14 - Discuter

Après avoir ouvert la porte de ma chambre d'hôtel, je jette un coup d'œil à l'intérieur, mais ne vois aucune trace de Cody. J'entre et fais signe à Olly de me suivre. Je retire mes chaussures et saute aussitôt sur mon lit. Toujours celui le plus éloigné du hall.

— Fais comme chez toi, lancé-je à Olly.

J'entends son sac de voyage tomber au sol et ferme les paupières, épuisé par les deux derniers jours. Le matelas bouge sous moi alors qu'il s'installe à mes côtés. Il s'allonge et le silence nous enveloppe. Je suis heureux qu'il soit là avec moi. Après ce qu'il a dit à Blaise, j'avais mis une certaine distance, vexé, mais après ces deux semaines, loin de lui, je me rends compte que je ne peux pas lui en vouloir.

Déjà parce qu'il est ma seule famille, mon seul ami, mon seul repère, mais aussi parce qu'il a peut-être bien fait. J'en serais où s'il ne l'avait pas fait ? Toujours proche de Blaise, à espérer quelque chose qui n'arrivera jamais ? À le regarder, l'écouter être heureux avec Dorian ? Oui, sans aucun doute. Je n'aurais rien tenté avec lui sachant les sentiments qu'il a pour Dorian. 

J'ai de la chance de l'avoir.

— C'est sympa de ta part d'être venu, dis-je.

— Ne t'excite pas non plus. J'ai pris ta voiture !

Je me redresse sur les coudes et tourne la tête vers lui. Il a les bras derrière le crâne et semble endormi.

— Tu te fous de moi ?

— Jamais quand il s'agit de ta bagnole !

Je lève les yeux au ciel.

— Ça faisait deux semaines qu'elle n'avait pas roulé, j'avais peur qu'elle s'abîme.

Je lui donne un coup de poing au niveau de l'épaule qui lui tire un petit cri avant de me rallonger. Je prends la même position que lui et fixe le plafond.

— Alors... Ça te plaît vraiment cette vie ? me demande-t-il sérieusement.

Je souris.

— Ouais, c'est cool. Il y a pas mal de boulot et de trajets. C'est répétitif aussi et on est les uns sur les autres constamment, mais ça me plaît vraiment.

Je tourne la tête vers lui et nous nous regardons un instant avant que je lui avoue :

— Je n'ai pas le temps de réfléchir, de songer à Blaise. Ça fait une éternité qu'il est loin de mes pensées.

— Et de ton cœur ?

Je grimace.

— Je ne sais pas. Je vais pas te mentir, il est peut-être là, quelque part, mais je ne le cherche pas. Comme on dit, loin des yeux, loin du cœur.

Il sourit tristement.

— Et Yasmine ?

— Quoi Yasmine ?

Je me renfrogne immédiatement.

— Qu'est-ce qu'il y a entre elle et toi ?

— Rien.

— Tu en es sûr ?

Je reporte mon attention sur le plafond.

— Parce que je veux pas que tu remplaces Blaise par cette fille.

Je me redresse et retire mon hoodie. J'essaie de gagner du temps et c'est ridicule, je le sais parce que mes réponses seront les mêmes dans dix ou trente secondes.

— On est allés en boîte de nuit, il y a quelques jours, commencé-je. On s'est embrassés...

— Quoi ?

— Ne t'inquiète pas, ce n'était rien... C'est juste...

Il se relève et se plante devant moi, les poings sur les hanches.

— Non Zain. J'ai l'impression que... Merde, tu as une capacité à oublier le mal que les gens t'ont fait, ça me choque !

— Tu veux que je fasse quoi ? m'écrié-je. Elle ne m'a pas tabassé, ne m'a pas expédié à l'hôpital, ne m'a pas trompé. Elle a préféré son frère, m'a indirectement largué et c'est tout. Je ne vais pas l'envoyer au bûcher parce qu'elle ne m'aimait pas autant que moi.

Il secoue la tête.

— J'ignore ce que je vais faire de toi, souffle-t-il.

— Rien. À cette allure, tu me garderas comme colocataire un bon bout de temps.

Il se rassied à côté de moi et pose sa main sur ma cuisse :

— Tu sais pertinemment que je serais ravi de t'avoir comme colocataire à vie. Mais je souhaite que tu sois heureux et ce n'est pas en oubliant un mec dans les bras de ton ex que tu y arriveras.

— Tu veux que je me jette sur la première personne qui passe ? me moqué-je.

— Et pourquoi pas ? Sérieusement, tu es jeune, fais toi plaisir. Profite pour une fois !

Je baisse les yeux. Je ne suis pas le genre de gars à coucher avec tout ce qui bouge juste pour m'amuser. Je n'ai eu que deux personnes dans ma vie. Anouar et Yasmine. Je ne pense pas pouvoir changer ça de sitôt.

— Ton Cody là par exemple ?

Il fait un mouvement du menton pour me désigner le lit vide de mon collègue. Je hausse les épaules.

— Il est beau, j'admets. Mais il ne m'intéresse pas. En plus, il est à cent pour cent hétéro vu tout ce qu'il peut me dire.

— Tu vas pas me faire croire qu'il n'y a personne de séduisant sur cette tournée.

— Personne...

Et pour une raison obscure, les fesses du gamin me reviennent en mémoire. Un petit sourire se dessine sur mes lèvres alors. Mais je l'éloigne aussitôt.

— Personne ! répété-je avec plus de force.

— Si tu le dis...