33 - Pas emménager

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Somnolent, je la rapproche instinctivement contre moi, de manière à ce que son corps entier se love délicatement au mien. Je tourne la tête et enfouis mon visage dans ses cheveux. Ils sentent bons, ils sentent l'été alors que nous sommes à peine au printemps. En avril.

— Tu es brûlant, marmonne Yasmine contre ma peau.

Pour seule réponse, je l'enlace un peu plus l'obligeant à s'allonger à moitié sur moi. Je lui embrasse le haut du crâne et de ma main et commence à lui caresser le dos, allant du creux de ses reins jusqu'au niveau de ses omoplates. Elle exhale un soupir d'aise et j'aime ce son, surtout au petit matin, comme là.

— Mais j'adore me réveiller dans tes bras, m'annonce-t-elle, un sourire dans la voix.

J'ouvre les yeux et fixe le plafond au-dessus de moi.

— J'aime bien aussi, lui avoué-je, timidement.

Elle ne répond rien, ne fait aucune remarque sachant que j'ai déjà fait un effort incroyable pour lui dire ça. Je ne suis pas un gars qui s'étend sur ses sentiments. La seule fois où je l'ai fait, c'était avec Anouar et ça s'est terminé sur notre rupture pure et simple.

— Tu sais ce dont j'ai envie? s'exclame-t-elle en se redressant soudainement.

Elle pose son bras sur mon torse et m'observe, souriante. Elle est belle et insouciante. J'aime cette fraîcheur qu'elle dégage au quotidien. Elle a connu autant que moi le quartier. Elle a dû batailler plus que moi pour être respectée étant une femme. Et pourtant, elle est joyeuse tous les jours, heureuse de vivre, satisfaite de la vie qu'elle a ici.

Mes doigts glissent sur son visage, me permettant de me rassasier de sa douceur et de sa beauté. Un sourire immense prend place sur mes lèvres. Je secoue la tête face à ma niaiserie et me relève sur les coudes, dans le canapé encore chaud de nos ébats de cette nuit.

— Non, quoi?

— Du plus énorme petit-déjeuner que tu n'aies jamais vu!

Sur ces mots, elle se lève, me délaissant complètement. Je la suis du regard. Elle marche dans la pièce baignée dans la lumière du matin, telle une reine. Une magnifique reine au corps nu. Je me délecte de sa peau rosée, de ses longues jambes, de ses cheveux cascadant dans son dos, mais surtout de ses courbes féminines si exquises. Mon sourire s'agrandit tandis que des idées peu avouables me viennent à l'esprit.

— Moi j'aurais plutôt envie que tu m'embrasses.

— Peut-être plus tard, me lance-t-elle, en me jetant un rapide coup d'œil par-dessus son épaule, un rictus en coin. Si tu es sage.

— Je suis sage, là. Alors que dirais-tu de maintenant? lui proposé-je en m'asseyant correctement sur le canapé.

Je vois le regard de Yasmine glisser sur mon corps aussi nu que le sien et je suis content de l'effet que cela semble lui faire.

— Tu es sûre que ton petit-déjeuner gargantuesque ne peut pas attendre un petit quart d'heure?

Elle fronce le nez avant de secouer la tête de droite à gauche. Elle disparaît dans le minuscule couloir et j'entends ensuite les portes des placards claquer à plusieurs reprises ainsi que celle du frigo. Je souris malgré moi. J'attrape mon portable pour regarder l'heure qu'il est parce qu'il va quand même falloir que j'aille bosser, mais ce n'est pas l'heure que je remarque en premier. C'est le message d'Anouar.

Depuis que nous avons rompu, mais encore plus depuis que je sors avec Yasmine, Anouar et moi ne sommes plus en bons termes. Alors j'ai été très surpris en recevant son texto hier soir, me proposant de se voir.

Quand je lui ai demandé pour quelle raison, il m'a seulement répondu vouloir me parler, mais j'ignore de quoi, il n'a pas cru important de me le préciser. J'ai hésité longtemps à ne pas m'y rendre parce que je pense que nous n'avons plus rien à nous dire. Cependant, en souvenir de tous les bons moments que nous avons passés ensemble – et malgré tout, il y en a eus –, j'irai à ce face-à-face.

Et ce matin, dans son nouveau message, il me donne rendez-vous en fin d'après-midi au WTF. Un lieu public et bizarrement, ça me rassure. S'il me propose cet endroit, c'est qu'il veut réellement discuter et peut-être même arranger les choses entre nous pour Yasmine qui a du mal à comprendre pourquoi nous ne nous parlons plus vu qu'elle ne sait absolument rien.

Je jette mon mobile sur le canapé, n'ayant rien à lui répondre et me lève pour rejoindre Yasmine qui se trouve dans la cuisine depuis un moment déjà. Je la retrouve en train de beurrer des toasts. Encore totalement nue. Je ricane en m'appuyant contre le chambranle de l'arche. Elle me demande sans le moindre regard vers moi :

— Confiture?

— Même pas de beurre.

Cette fois, elle tourne la tête vers moi, un sourcil relevé. Je lui tire la langue et elle hausse les épaules avant de me tendre une tranche de pain grillé. Je la remercie et en prends une bouchée.

— Tu sais, commence-t-elle. Non rien!

Je m'approche d'elle et me cale derrière elle. Je lui embrasse la nuque et lui chuchote au creux de l'oreille :

— Dis-moi.

Je la vois du coin d'œil se mordiller la lèvre avant de me lâcher à toute vitesse :

— J'aimerais bien apporter quelques-unes de mes affaires ici.

Je reste interdit un long moment. Nous sommes en avril, cela fait quatre mois que nous sommes en couple et je ne me rends pas compte si c'est normal ou pas ce genre de choses. Ma seule autre relation était avec Anouar et il n'est pas trop le mec à vouloir des habits de quelqu'un dans ses placards.

— Je ne désire pas qu'on emménage ensemble, se défend-elle, face à mon silence.

Je m'éloigne d'elle et m'accoude au plan de travail à sa gauche. Je fais tourner mon toast entre les mains, tout en réfléchissant. Mais je crois que je sais déjà ce que je souhaite. Sa demande me fait du bien. Je me sens léger, aimé et heureux. Je souris et lui assure :

— Ramène autant d'affaires qu'il te fera plaisir.

Elle ouvre les yeux en grand, étonnée de ma réponse positive.

— C'est vrai? T'es... d'accord?

— Ouais.

Elle lâche le couteau qu'elle tenait à la main et m'embrasse passionnément. Quand elle se recule, elle m'explique :

— Anouar m'avait dit que ce n'était pas une bonne idée quand je lui en ai parlé ce weekend. Je... je suis contente.

Je lui caresse la joue, légèrement remonté après Anouar. De quoi il s'occupe celui-ci?

— N'écoute pas ton frère quand il s'agit de notre histoire. Elle ne concerne que nous deux.

Elle hoche la tête de haut en bas et elle me répète tout bas :

— Je suis contente.

Je dépose un baiser tendre sur ses lèvres. J'aimela voir dans cet état. J'aime la rendre heureuse. Je l'aime tout simplement.

Fool For You - BLT 3Where stories live. Discover now