(LISEZ LE TOME 1 AVANT !!)
L'histoire de Livaï comme vous ne l'avez jamais lue.
Le personnage le plus populaire de L'Attaque des Titans, le soldat le plus fort de l'humanité... Qui est-il vraiment ? Qu'a-t-il dans le coeur ? Qu'est-ce qui a fait de...
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Ils ne vont sans doute plus tarder. J'aime autant, car je n'ai jamais aimé me fâcher avec Erwin. De plus, le bataillon d'exploration va sûrement se faire encore engueuler, et ils seront à cran. Qu'importe, certaines choses doivent être réglées au plus vite ; surtout quand elles patientent depuis des années déjà.
Le quartier général de la reconstitution grouille de monde à cette heure. Après que le réapprovisionnement du bataillon ait été livré, de nouveaux arrivages n'ont cessé d'affluer. La cité industrielle travaille à plein régime, et de nouveaux modèles d'épée verront peut-être bientôt le jour. Erwin rirait de tout ça. Ce genre de chose ne servirait qu'au bataillon, des épées ordinaires suffiraient aux autres régiments qui n'ont pas à affronter les titans. Il est vrai que ce paradoxe demeure : ces nouvelles technologies sont trop chères pour ceux qui en auraient besoin en premier. Il n'en rate jamais une pour faire la promotion de son régiment.
Dès les brigades d'entraînement, il n'a jamais caché son désir d'être explorateur. Naïvement, et aiguillé par son enthousiasme, je me disais alors que ce serait une bonne idée de le suivre. Mais le discours du major de l'époque m'avait refroidi, et j'ai fini par changer d'avis. Pas Erwin. Il n'a fait que gagner en détermination. Seul le bataillon pouvait lui apporter les réponses aux questions qu'il se posait sur notre monde. Ce n'était pas en restant bêtement derrière les Murs à potasser des bouquins convenus au contenu contrôlé par l'Etat qu'il arriverait à ses fins, qu'il disait.
J'ai bien cru qu'il renoncerait, à cause de Mary... Il aurait voulu concilier les deux, sa soif de liberté et de découverte, et son amour pour elle, mais Mary ne l'aurait pas accepté. La vie d'un explorateur est souvent courte, et elle n'aurait pas supporté de finir veuve. Erwin l'a finalement compris, et il a choisi. Il a épousé le bataillon. Et moi, j'ai épousé Mary.
Nos chemins ne se sont jamais totalement séparés, car il est vite monté en grade. Nous sommes souvent amenés à nous rencontrer au cours d'entrevues militaires d'importance - il suit Shadis presque partout -, quand il ne m'invite pas carrément à venir manger un bout avec lui. Même si nous ne sommes plus réellement des amis comme au temps des brigades, nous restons globalement en bons termes. C'est essentiellement à lui que j'ai affaire quand nous devons discuter des rapports entre nos deux régiments.
Et justement, c'est de cela que je dois lui parler ; et de sa façon d'empiéter sur ma juridiction...
Les voilà. Un clairon à l'extérieur signale l'arrivée des gradés du bataillon. Comme toujours, ils doivent venir rendre compte de leur retour et des résultats de la dernière sortie. J'ai toujours trouvé misérablement triste que le bataillon reste à ce point inféodé aux brigades spéciales ; comme s'il était un enfant turbulent à garder à l'oeil en permanence et qu'on ne pouvait laisser agir à sa guise. Même si Shadis et moi avons le même niveau de grade, je reste son supérieur de façon générale.
Ils sont en piteux état. Je vois en premier Hanji Zoe, crottée et décoiffée, qui me tend presque triomphalement une liasse de documents ainsi qu'une grande carte roulée. Puis elle s'effondre dans une fauteuil en soupirant, ses bottes terreuses maculant le parquet impeccable... Les autres apparaissent enfin. Shadis a le visage tellement noir que ses yeux brillent comme des flammes, et Erwin arbore une jolie entaille au-dessus du sourcils. Ils font presque tache dans l'environnement bien propre et rutilant du quartier général. Je soupçonne Erwin de prendre goût à ce décalage ; ça lui permet de nous rappeler silencieusement que nous ne sommes qu'une bande de privilégiés qui ne savent pas vraiment ce que signifie être soldat...
Je délègue les formalités à mes subalternes et m'approche d'Erwin. Il me salue, son habituel sourire triste aux lèvres. Laisse-moi deviner : débandade générale ? Il paraît que vous avez emmenés avec vous tout un tas de titans déchaînés. C'est inconcevable, et j'espère que tu te rends bien compte du risque que nous avons pris en vous ouvrant la porte malgré tout ? Il hoche la tête et remercie de nouveau les gars de la garnison en faction ce jour-là, qui avaient le regard tourné vers l'horizon et les ont vu débouler sur la plaine au triple galop. Erwin se montre le plus souvent poli, même dans des circonstances inhabituelles, mais je sais qu'il peut l'être bien moins que ça si on le pousse. Voyons voir...
J'ai autre chose à te dire et je voudrais qu'on aille plus loin, dans un coin tranquille. Il me suit sans hésiter, en clopinant un peu, ce qui le rend apparemment plus vulnérable. Tant mieux, cela me donne peut-être un avantage. Je le fais asseoir et commence mon discours. J'ai appris il y a peu qu'un explorateur s'était rendu à deux reprises dans les bas-fonds sans motif réel. Les gars de la garnison l'ont laissé passer mais on pris la peine de relever les informations de ses papiers d'identité. Tu n'es pas sans savoir qu'une descente sous terre doit toujours recevoir mon autorisation. Il me regarde et me répond que les bas-fonds n'ont jamais vraiment été une grande préoccupation pour les brigades, quand on voit dans quel état ils se trouvent ; que ça ne devrait pas me peiner à ce point si l'un de ses hommes y est descendu.
Ah, nous y voilà ! Donc, tu le connais ? Figure-toi que ce soldat, du nom de Livaï - nom de famille inconnu - est, si j'en crois ces informations, né lui-même dans les bas-fonds. Or, cette coïncidence m'en a remise une autre en mémoire... Il y a de cela pas mal d'années, deux brigadiers se sont fait voler leur équipement en bas, par une bande de truands sans foi ni loi, et depuis ils sont recherchés par mes hommes ! Sois sincère et dis-moi bien dans les yeux que ce Livaï, si doué avec le dispositif 3D et qui n'a apparemment pas subi l'entraînement habituel - oui, je me suis renseigné - n'a rien à voir avec cette affaire. Dis-le, et je te croirais peut-être.
Il ne prend pas la peine de démentir. Il confirme mes soupçons en me disant qu'il faisait bien partie d'un gang de voleurs qui utilisaient leurs harnais pour commettre leurs méfaits. Je souris intérieurement. Tu as donc en tout connaissance de cause subtilisé un criminel à la justice ? Ce truand était mon affaire ! Et ses complices, où sont-ils ? Quand tu as fait cette demande de descente dans les bas-fonds, tu n'as pas spécifié ce motif exact ! Tu ne m'as pas laissé comprendre que tu comptais faire mon boulot à ma place ! Ce Livaï est un criminel toujours recherché par les brigades spéciales ! Il a gravement porté atteinte à la dignité de la fonction de soldat, et rien que ses autres crimes lui auraient valu la pendaison ! Je te conseille donc de le remettre aux autorités au plus vite si tu ne veux pas que le bataillon ait des ennuis !
Il baisse la tête avec un semblant d'humilité mais ce qu'il m'annonce est tout autre. Il affirme que ce criminel a payé sa dette à la société, plus que nécessaire, et que gâcher un tel talent au bout d'une corde est inimaginable. Très bien, donc tu veux interférer ? Je peux aller le chercher moi-même si c'est trop dur pour toi ! Mais il attendait le bon moment pour me porter le coup de grâce.
Il fait valoir un article obscur des lois régissant les régiments de l'armée, stipulant qu'un gradé peut légitimement enrôler tout individu considéré comme un criminel ou un délinquant, convaincu de ses crimes, se trouvant en prison ou condamné à mort, si le dit criminel se porte volontaire. Que dans ce cas, la vie du criminel passe sous la responsabilité du régiment qu'il intègre et que son casier judiciaire peut être vidé si les services qu'il rend sont considérés comme exemplaires.
Bien joué, j'avais oublié ça... Et ce Livaï, alors, il vaut le coup au moins ? Je veux un compte-rendu de tous ses faits et gestes depuis son enrôlement dans le bataillon, parce qu'il est hors de question que tu t'en tires comme ça ! Il m'invite alors à m'en rendre compte par moi-même en venant à la forteresse un de ces jours, il fera les présentations. Ah, je déteste quand il fait ça ! Retourner toute situation à son avantage a toujours été sa spécialité ! Je te prends au mot, je passerai sans prévenir ! Et mes quartiers ont intérêt à être propres quand je me déciderais ! Il lève la main pour le promettre et je suis presque tenté de lui en taper cinq comme au bon vieux temps... J'arrive pas à me mettre en colère contre lui, il a toujours réponse à tout... et il a l'air si fatigué...
Avant de prendre congé, il me demande, comme à chaque fois, comment vont Mary et les enfants. Et comme toujours, je lui réponds qu'ils vont bien ; que Mary le salue et que les enfants grandissent trop vite... Il hoche la tête et s'en va finalement.
Ce genre de question me fait penser qu'il ne regrettera jamais assez de ne pas avoir de vie de famille... Et que quelque part, il m'envie mon existence.