👑TAÏ👑

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👑Taï👑

Je me souviens du jour où elle m'avait annoncé qu'elle allait déménager comme si c'était hier. C'était un mois avant son déménagement. Elle venait de l'apprendre elle aussi, et s'était précipitée pour me l'annoncer.

À l'époque on était si proche, je voyais Amina plus souvent que mon propre père, c'est pour dire. Pas une journée ne passait sans qu'on se voit. On n'habitait pas vraiment près l'un de chez l'autre, et n'allait pas à la même école, mais rien ne nous empêchait de nous voir très régulièrement. Donc vous vous imaginez bien que la nouvelle de son départ avait eu l'effet d'une bombe autant pour elle, que pour moi. On voulait éviter à tout prix d'être séparé, c'est pour cela qu'on avait décidé de fuguer, ensemble. On a mis notre plan à exécution le soir même. On s'est retrouvé à notre repère, avec une couverture, et deux sacs rempli de bonbons et de paquets de chips, et on y a passé la nuit.

Durant toute la nuit on a parlé, ou plutôt rêvé de notre avenir. On se voyait habiter quelques part, loin, sur une île déserte, rien qu'elle, moi, et notre chaton, Flocon Premier du nom. On se voyait y finir notre vie, ensemble pour toujours. Je crois bien que c'est à cette instant précis que je me suis rendu compte de mes réels sentiments pour elle. Même si on avait que 10 ans, même à cette âge, tu ne prépare pas un avenir commun avec n'importe qui. Et le fait est qu'Amina n'était pas n'importe qui à mes yeux.

Le rêve a continué toute la nuit, mais s'est terminé dés le levé du soleil. Nos mères s'étant rendu compte de notre absence se sont mises à notre recherche et nous on bien vite trouvé. Inutile de préciser qu'elles étaient toutes deux folles de rage. La gifle que m'a inculqué ma mère ce jours là, je ne l'oublierai jamais. Mais le plus douloureux reste quand même le moment où elle m'a interdit de sorti pendant deux semaines. Deux semaines sans voir Amina. Quatorze jours de perdus sur le mois qui nous restait à passer ensemble, j'étais dégouté.

Une fois ma punition terminée, la première chose que j'ai fait à été d'aller sonner chez elle. C'est elle qui m'avait ouvert la porte. Revoir sa tête, son sourire, ses grand yeux, sa coupe de cheveux à la garçonne... Quand j'y pense, c'est peut-être pour ça que j'ai une préférence pour les filles aux cheveux courts maintenant. Enfin bref, ça m'avait fait plaisir de la revoir, elle m'avait sauté dessus, et on s'était littéralement étalé au sol.

Après ça on avait plus rien tenté, on avait fini, malgré nous, par accepter les choses. Tout ce qu'on pouvait faire était de profiter, et c'est ce qu'on a fait. Comme le temps passe vite lorsqu'on s'amuse, le jour tant redouté est vite arrivé. Ils sont vite partis, on a presque rien eu le temps de faire d'autre qu'un câlin. Elle a aussi eu le temps de me dire qu'elle m'aimait, je ne sais pas dans quel sens elle disait ça, mais le fait est qu'elle m'aimait.

Si les choses avaient pu se passer autrement, si on avait eu plus de temps, elle aurait pu me donner sa nouvelle adresse pour qu'on s'envoie des lettres, ou me donner le nouveau numéro de son fixe et j'aurais pu lui dire que je l'aimais aussi, et dans tout les sens du terme. Si on avait eu le temps de faire toutes ces choses, on aurait peut-être pu rester en contacte durant toutes ces années. On aurait sans doute entretenu une relation amicale à distance. Puis, quand elle serait revenue sur Paris on aurait retrouvé nos vieilles habitudes rapidement, on se serait peut-être mis en couple plus vite, on le serait peut-être encore à cette instant. Par dessus tout, elle ne serait peut-être pas entrain de faire une fête pour son prochain départ à l'instant même où je vous parle.

Oui. Aujourd'hui était le jour de la fête organisé par Adam les autres pour le départ d'Amina. Je n'y suis pas aller. Ma présence n'était pas utile, et sachant qu'on était en froid depuis la dernière fois, ça ne rimerait à rien que j'y sois.