Prologue

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Le micro est juste devant moi, seul en face de la mer noire.

Je m'approche lentement, souris aux ténèbres qui s'offrent à moi et me mets à parler. J'ouvre et ferme ma bouche, je sens les sons sortir de ma gorge et pourtant... je ne m'entends pas. Comme si une force invisible me forçait à déclamer un discours déjà enregistré, et que j'étais muette. J'ai beau essayé de crier, de m'arrêter, je ne peux pas. Je suis impuissante.

Je continu de parler, les muscles de mes joues se contractent pour étirer mes lèvres en un sourire et bientôt, des applaudissements sourds se font entendre. Des personnes floues et inconnues se trouvent au pied de la scène, leurs visages me sont étrangers. Je m'arrête alors, attends quelque temps avant de me positionner devant le micro et...

Je me mets à chanter. Je ne sais pas quoi, mais je chante.

La lumière m'aveugle mais tout ce que je ressens en ce moment c'est du bonheur, un bonheur pur. Mais je ne perçois toujours pas le son de ma propre voix. Je veux me débattre, hurler pour faire entendre ma voix, la mienne! Mais c'est comme être piégée dans une cage en verre insonorisée. Personne ne vous entends. La seule chose que je distingue est un instrumental qui se joue en arrière- plan, comme un bruit de vague. Je me sens paniquée, nerveuse et pourtant... Tout est parfait, je sens la chaleur monter en moi, l'excitation qui me gagne peu à peu tandis que le public semble entamer la chanson avec moi. Le refrain approche, je vais pouvoir leur montrer...

Soudain une personne apparait à côté de moi, je n'arrive pas à distinguer son visage, et m'interromps net dans mon élan. Elle se penche vers moi et me chuchote quelque chose. Je me fige sur place. Mon estomac se noue violemment. Je ne comprends plus rien. La personne recule de quelques pas et me laisse seule face au micro, sonnée. Je bredouille quelque chose et sors un objet de ma poche. Mon téléphone. Je vois plusieurs notifications sur l'écran d'accueil. Mon coeur bat anormalement vite. Qu'est-ce qu'il se passe ?  Je dévérouille et clique sur le message...

Le temps s'arrête alors un instant.

Je reste les yeux rivés sur l'objet, sans rien voir. J'ai de nouveau envie de crier, de me débattre, mais je ne suis pas maîtresse de mon corps. Ma température a chuté brutalement, je ne comprends pas pourquoi ! La sensation de chaleur et d'excitation laissent place à un sentiment d'inquiétude, de malaise, de peur. De peur ? Mais de quoi ?! De nouveau je veux hurler, comprendre ce qu'il se passe autour de moi, mais je ne peux toujours pas. Mes membres sont bloqués, tétanisés. Le public en face se met à chuchoter et à s'agiter. Mais je ne bouge pas d'un pouce.

Le bruit devant moi s'intensifie rapidement, je sens les personnes crier, parler, certain de pointe du doigt. Ils me jugent. Mais je n'arrive plus à prononcer quoi que ce soit. Ma bouche ne s'ouvre plus, même si je veux parler. Je ne fais rien. J'ai le regard fixé sur mon portable, sur un message que je n'arrive pas à lire. J'ai l'impression que le monde s'écroule.

- Mademoiselle?

J'ouvre les yeux brusquement, et ma tête heurte la paroi dure contre laquelle j'étais appuyée.

-Aïe!

-Je suis navrée mademoiselle, je ne voulais pas vous brusquer !

Je cligne des yeux difficilement et me relève lentement en grimaçant, faisant craquer ma nuque. Devant moi est penchée une femme en uniforme bleu marine, les cheveux impeccables retenus dans un chignon serré, et autour de moi, des rangées de sièges, et de hublots. Je regarde sans comprendre durant un moment, une main sur mon front douloureux, avant de me souvenir brutalement.

Mon rêve. La garde. Los Angeles. Ma mère. L'horreur.

Je soupire longuement et relève la tête vers l'hôtesse, qui me sourit de toute ses dents blanches.

-Nous sommes arrivés à destination mademoiselle, votre voisin hésitait à vous réveiller et à préférer me laisser le soin de le faire. Vos bagages vous attendent au terminal E, comme vous êtes la dernière, les tapis seront déjà arrêtés.

Elle me sourit de plus belle.

-J'espère que vous passerez un agréable séjour dans cette ville mademoiselle. La sortie est par la, rajoute-t'elle en m'indiquant l'arrière de l'avion.

Et avant que je puisse dire quoi que ce soit, elle s'éloigne entre les rangées.

Ses pas résonnent sur le parquet de l'avion, et je frissonne. Ce bruit me rappelle des mauvais souvenirs.

Toujours endormie, je me lève maladroitement et attrape tant bien que mal mes affaires dans le compartiment supérieur. Je vois ce qu'elle entendait par "vous êtes la dernière" : l'avion est littéralement vide. Je soupire bruyamment et me dirige vers la sortie, chancelante, en repensant à mon rêve. Ce n'est pas la première fois que j'en ai un de ce type. À vrai dire, chaque nuit c'est pratiquement le même, ou presque, depuis maintenant sept mois. Et depuis une semaine... ça s'est aggravé. Mes doigts se resserrent violemment sur la bretelle de mon sac à dos. Ne pas penser à ça maintenant. Pas tout de suite.

Je suis partie de Paris a 19 heures la veille, et ça fait bien maintenant 12 heures de trajet, ma tête me fait horriblement mal, et ma bosse apparente n'arrange rien. J'ai toujours détesté les vols longs courriers et les longs voyages. En plus, il y a le décalage horaire... J'ai beau avoir dormi plus de la moitié des deux vols, mes paupières n'attendent qu'une seule chose : se refermer.
Je rajuste mon sac sur mon épaule en grognant. Courage, plus qu'une demie heure de voiture et...

Et le cauchemar commencera.

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Hello tout le monde !
Tout d'abord je tiens à préciser que j'ai mis un temps fou à me décider de me lancer et de publier ce « prologue », alors svp soyez indulgent, c'est ma première histoire vous voyez...
C'est super stressant, c'est fou!
En tout cas j espère que ça vous a donné un petit peu envie de lire la suite, voili voulouuuu

Schuss à tous! 😘

Ally

Time LostWhere stories live. Discover now