Chapitre Six

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- Et du coup?

Je roule des yeux pour la centième fois depuis cinq minutes, agacée.

- Du coup rien du tout Julie!

- Rho mais t'es pas drôle...boude-t-elle au bout du combiné.

- Qu'est-ce-que tu veux entendre? Je lui ai à peine parlé, calme ta joie !

- Eh bien en quelques mots seulement tu peux te faire une idée du caractère des personnes, sache le ma petite! bourgeonne mon amie d'une voix indignée. D'après ce que tu me racontes ça a l'air d'être un gars mystérieux, charmant, sombre, ténébreux...

- Stop! je l'interromps en faisant la grimace. On parle de mon demi-frère là, redescends cinq secondes !

Je souffle un coup. Elle m'exaspère. Je suis à dix minutes de ma rentrée au lycée et elle m'appelle pour me parler d'un garçon que j'ai à peine vu. Et hier aussi, c'était la même chose...

-...et tu pourras lui demander. Tu feras ça pour moi ?

Je ferme les yeux et soupire longuement. Qu'est-ce qu'elle me demande encore?

- Allo, Mia ! Je te parle ! C'est une mauvaise habitude que tu prends de ne pas m'écouter, tu sais ! s'exclame la voix haut perchée de Julie dans la voiture

- Oui, je ne suis pas sourde, je conduis c'est tout, je marmonne.

- Oh, c'est bien, tu appliques le code la route que je n'ai toujours pas appris !

J'ouvre la bouche pour lui rétorquer que c'est un principe de base mais elle m'interromps d'une voix enjouée.

- Bref, je disais, tu vas certainement le voir souvent, et tu vas pouvoir te rapprocher de lui, lui parler de moi, avoir son numéro... Et puis quand je viendrai te voir, on fera connaissance et à ce moment là...

Je roule des yeux de nouveau. Génial. Elle recommence à s'inventer une vie avec mon soi-disant beau frère parfait.

- ...tu me l'avais dit, non?

- Oui, oui, je réponds, excédée, sans savoir la question. Julie écoute, je vais en cours et...

- Oui, c'est bon j'ai compris, tu n'as pas envie de me parler, me coupe mon amie d'un ton sec. De toute façon mon père est arrivé. Appelle moi quand tu auras fini ou... enfin peu importe, fais comme tu veux. Bonne rentrée.

Et elle raccroche subitement. Quelle susceptible cette fille la! Je secoue la tête et m'enfonce dans mon siège avant de tourner dans une rue, en inspirant un grand coup. Parler à Julie me fait du bien, et je l'aime beaucoup, mais depuis que je lui ai parlé de mon demi-frère, elle n'arrête pas de fantasmer à son propos à tout bout de champs et ça devient irritant. Beaucoup trop.

Ma journée d'hier peut véritablement se résumer en un seul mot : William.

Pendant que j'allais chercher mon uniforme : "oh mon dieu, dis moi qu'il est blond et qu'il a des fossettes".

Dans un magasin de vêtements vintage : "je suis sûre il a des abdos parfaits et un corps de dieu".

Et ainsi de suite pendant au moins deux bonnes heures. Au téléphone bien sûr. Autant dire que c'était le meilleure dimanche de ma vie. Le seul bon point de la journée est que je n'ai pas croisé ma mère. Le matin, quand je me suis réveillée en espérant que tout ce qu'il s'était passé la veille n'était qu'un rêve, elle n'était pas là. La maison toute entière était silencieuse comme un tombeau. Les salles immenses, immaculées, soignées et rangées à la perfection... étaient affreusement vides et calmes. J'avais l'impression de vivre dans un couvent de nonne perdu dans les fin fonds de la Corrèze. Sauf que le couvent était moderne.

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⏰ Last updated: Dec 09, 2019 ⏰

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