Chapitre 4

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... Mia, rencontre William, ton...demi-frère.

Je reste immobile, hébétée par la révélation de ma mère.

Mon quoi ?!

Je suis obligée de cligner des yeux plusieurs fois, comme trop éblouie par ce qu'elle vient de me dire. Je ne suis pas folle, j'ai bien entendu, elle a dit "demi-frère" ou...

Je lance un regard choqué à ma mère, se tenant au milieu des escaliers. Ses yeux ne semblent laisser transparaitre aucune émotion, mais j'y décèle très clairement de la fatigue et surtout... du mécontentement. La colère afflue alors comme un ras-de-marée. Comment peut-elle ne pas être éprouver de la culpabilité, des regrets ou même des remords ?! À croire que son seul souci en ce moment est d'avoir été dérangée en plein acte sexuel !

Je passe ma main blessée dans mes cheveux tout emmêlés, nageant en pleine rage. Les deux mots retentissent dans ma tête comme des coups de fouet sur la chair d'un condamné. À chaque fois qu'ils ressurgissent, de nouveaux sillons sanglants s'inscrivent, en un claquement assourdissant. Je peine tellement à croire ce que je viens d'entendre que j'ai l'impression de ressentir réellement les coups violents sur ma peau. Je relève de nouveau la tête vers ma mère, mais son regard indifférent me cloue instantanément sur place.

Mes épaules s'affaissent lourdement, et je serre les dents. J'ai bel et bien un demi-frère, qui a mon âge. Vous allez me dire, pourquoi tu te mets dans cet état, après tout c'est bon, c'est pas comme si elle t'annonçait qu'elle... que quoi, d'ailleurs? Non, je suis en colère contre elle pour tout, pour ses mensonges, toute sa personne ! Et cette histoire est comme la touche de trop sur un gâteau déjà trop garni, vous voyez l'image?

- Tu n'es pas sérieuse chérie ! s'exclame soudain la voix masculine de tout-à l'heure

Un homme de la quarantaine, vêtu d'un simple peignoir se dresse derrière Mme. Eston, l'air ahuri. Ses quelques cheveux bruns sont tous décoiffés, et ses joues sont encore roses, ce qui a pour effet de me donner envie de vomir sur l'instant. Alors voilà donc le fameux beau père ! Je détourne le regard, incapable de les regarder plus longtemps, en proie au malaise. 

- Non Henry..., soupire ma mère, prenant soudainement un air contrit. Je suis... navrée.

J'écarquille grand mes yeux et me retourne vers elle brusquement. Pardon ?! Il y a à peine cinq secondes son visage n'était que froideur, et voilà qu'elle s'improvise innocente confuse ?! J'ouvre la bouche mais la referme aussitôt, resserrant mes dents à n'en plus sentir ma mâchoire. Cette femme... il n'y pas de mots pour la qualifier. Deux heures ! Deux heures que je la connais et je ne peux exprimer en une phrase toute ma haine envers elle.

- Quoi ?!

Le dénommé Henry masque à peine son horreur.

- Ne m'oblige pas à le redire, fait ma mère en grinçant des dents, reprenant un temps son attitude de garce, avant de repasser à son expression faussement chagrinée. Je... je ne sais pas trop quoi dire, Henry...

J'ai envie de me jeter sur elle et de lui griffer son visage si parfait. Mais quelle...! Je me fais violence pour ne pas m'emparer de la moitié de tomate devant moi et de lui lancer à la figure.

- Catarina ! s'écrie Henry, scandalisé.

Ma mère sursaute, tel un chiot apeuré. Mascarade ! je veux hurler le plus fort possible. Mais au lieu de ça, je me mords la langue le plus violemment possible. Un goût de sang se propage dans ma bouche, amer, désagréable. Mes mains s'ouvrent et se referment, moites. La douleur de mon doigt blessé n'est rien comparé à ce sentiment hargneux qui me traverse. Haineux.

Time LostOù les histoires vivent. Découvrez maintenant