Volverte a Ver - T.1 {CNCO} // Terminée

Chapitre 3. Interview - Part 1

    ✯Luna ✯    

Les heures défilent à une douloureuse lenteur, me laissant ainsi le temps de ressasser le passé. Un milliard de souvenirs hantent chacune de mes pensées. La situation tourne encore et encore dans mon esprit. J'ai mal au crâne. Comment vais-je devoir me comporter ? Me reconnaîtra-t-il ? Voilà toutes les questions qui se bousculent dans ma tête. Je suis prête à tout, sauf à l'idée de le revoir. Un coup d'œil au réveil, six heures, autrement dit, ce n'est plus la peine d'essayer de s'endormir.

D'un pas lourd et mal assuré, je me dirige vers la salle. Alors que l'eau chaude coule sur mon corps, je peaufine une dernière fois mes questions. Tout est dans ma tête. Je sais quelles questions leur poser. Merci, Alyana pour le cours accéléré qu'elle m'a fait suivre hier soir. Bien que je ne sache toujours pas les différencier, je connais au moins leurs prénoms.

Une fois propre, une serviette enroulée autour de moi, je m'occupe de me sécher les cheveux. Mes cheveux terminent attachés en un chignon flou sur le sommet de mon crâne, tandis qu'un léger maquillage donne bonne mine à mon visage fatigué. Retournant dans ma chambre je sélectionne une tenue. Un short ainsi qu'un débardeur, Captain America, feront l'affaire pour pallier le trente-cinq degrés annoncé par le thermomètre.

À quatorze heures, on sonne à ma porte. Je file ouvrir et trouve une Alyana survoltée. Elle sautille d'un pied sur l'autre. Je ris en la voyant faire. Qui pourrait croire que cette fille va bientôt fêter ses vingt-cinq ans. J'attrape mon sac bandoulière, la sacoche de mon appareil photo, mes clés et nous filons.

— Comment tu vas ? me demande ma meilleure amie.

— Si l'on omet le fait que je n'ai pas fermé l'œil de la nuit, alors oui tout baigne ! ironisé-je en haussant les épaules.

— Allez, ne t'en fais pas ! Je suis là et je ne te lâche pas !

— J'ai tellement de questions.

— Tu te demandes s'il va te reconnaître ?

— Oui, dis-je en baissant la tête.

Je sens la main d'Alyana presser mon genou. Elle seule sait à quel point j'ai morflé durant les trois dernières années.

Grâce à mon badge de presse, nous entrons dans le parking sans aucun problème. Un membre de l'équipe nous conduit à nos sièges. Alyana est aux anges. Nous sommes installées à tout juste un mètre de la scène. J'ai l'autorisation de me balader pour prendre des photos sous différents angles. Tandis que ma meilleure amie s'extasie de notre emplacement, j'effectue les réglages sur mon appareil photo. Je prends quelques clichés-tests. Parfait. Je m'assois à côté de mon amie et patiente.

Je ne cesse de triturer l'ourlet de mon tee-shirt. Les minutes s'écoulent et me rapprochent un peu plus de mon passé. Soudain, le noir complet se fait sur la salle. Quelques notes de musique montent dans l'air et les fans se mettent à scander leurs noms. Quand j'entends son prénom, des frissons parcourent mon épiderme. Je me sens perdue. Un coup d'œil à ma droite me suffit pour comprendre qu'Alyana est dans les « starting-blocks ». Elle est debout et prête à danser.

Un faisceau de lumière, violet, se fait sur la scène. Les cinq hommes apparaissent et les hurlements du public s'intensifient. Quand la scène est entièrement éclairée, il ne me faut que quelques secondes pour le reconnaître. Il se tient sur la gauche à côté du batteur et il a la tête baissée. Les manches retroussées de la chemise blanche, qu'il porte sur un pantalon de mêmes couleurs, laissent apparaître des tatouages. Bien qu'il soit plus grand, il n'a pas changé. Son image est identique à celle que je garde de lui, depuis trois ans. Mon cœur bat à tout rompre, mes jambes flagellent et une ribambelle de souvenirs me reviennent, assez violemment, en mémoire.