#59 Elle m'écrira de vrais romans

1.5K 73 36
                                    

Ken était passé maître dans l'art de disparaître à l'étranger en quelque heures. Comme lors de son départ à Toronto, il avait avalé une bouteille de vodka complète avant d'embarquer dans l'avion. Une fois dans le ciel il avait dormi comme une souche pendant les douze heures de vol. Une fois débarqué sur le sol japonais, il avait acheté une bouteille de sake et avait entreprit de la vider. Il ne sentait même pas la gueule de bois et se souciait guère de l'inquiétude qui pouvait habiter ses amis.

En France, Elsa avait voulu aller à la clinique pour avorter immédiatement, mais Sneaz avait réussi à l'en dissuader. Il avait soutenu le fait que Ken n'apprécierait vraiment pas d'être tenu à l'écart d'une telle décision. Il lui restait huit semaines pour se décider si elle voulait viser juste. Elle s'était résignée et passait ses journées allongée sur son canapé à manger des Mr. Freeze ce qui était à peu près la seule chose qu'elle digérait. Chaque jour au moins un de ses amis lui rendait visite. Mais Ken lui manquait. Les gars avait réussi à le joindre. Pas le premier jour mais plus tard il avait recommencé à décrocher son téléphone. Elsa n'avait aucune nouvelle. Elle se sentait comme un fantôme ou un mauvais rêves aux yeux de Ken. Il avait rassuré ses amis en disant qu'il allait bien, qu'il était à Tokyo et qu'il voulait juste s'éloigner de toute cette merde.

Le jeune rappeur continuait à écrire et enregistrer pour son album solo. Il envoyait ses couplets depuis le Japon aux autres. Ce n'était pas très pratique mais il ne pouvait pas revenir en France. Pas maintenant. Il voulait rester loin de la réalité de Paris. Cela faisait deux semaines qu'il était à Tokyo. Chaque jour, Elsa l'appelait. Il regardait son téléphone sonner et écoutait le message. Des fois elle disait juste bonjour et espérait qu'il allait bien. D'autres fois elle lui expliquait les galères du quotidien.

Elsa continuait à l'appeler désespérément. Elle savait qu'il ne décrocherait pas. Elle savait qu'il la détestait. Pourquoi n'avait elle pas prit cette putain de pilule comme toutes les filles de son âge. Les garçons lui avait confié que Ken était plus inspiré que jamais. Au moins cet incident avait eu un effet bénéfique sur ses textes. Sneaz ne cessait de vanter tout les merveilleux couplets que leur ami leur envoyait. Bien sûr, Elsa n'en avait vu aucun.

Ken avait toujours voulu des enfants. Et il n'y avait qu'a voir son attitude avec Souheil pour savoir qu'il serait un père excellent. Mais il n'était pas de cet avis. Durant ses longues conversations avec Sneaz tenues secrètes, il en avait discuté. Il était persuadé qu'il n'arriverait jamais à gérer un gosse. Le jeune maghrébin n'arrivait pas à la convaincre du contraire. Au delà de ça, Ken ne voulait pas stopper sa carrière maintenant. Il en était hors de question. Ce n'était pas tellement qu'il ne voulait pas d'enfants, c'était surtout qu'il avait du mal de trouver du temps pour Elsa et qu'il s'inquiétait bien trop pour rien. Cela faisait bientôt sept semaines que les appels d'Elsa ne cessaient. Dans les messages vocaux, elle semblait de plus en plus triste et désespérée.

« Ken ... je sais même pas si tu écoutes mes messages à vrai dire ... je ... ça fait bientôt un mois et demi que tu es parti ... tu me manques .... il va bientôt falloir que je fasse mon choix ... et toi tu ne réponds toujours pas ... j'espère que tu vas bien ... je t'aime ... on t'aime ... »

Elsa ne pouvait s'empêcher de considérer le foetus comme une personne à part entière même si elle n'avait rien, moralement parlant, contre l'idée de l'avortement.

« Sneaz, je veux pas que mon gosse grandisse sans père. Si Ken ne s'est pas décidé dans trois jours... j'avorte !

-Mais t'es complètement malade ! Tu vas pas le tuer ?! »

Elsa s'énerva.

« Mais est ce que j'ai le choix Sneaz ?! Votre pote qui me sert de mec est porté disparu depuis presque deux mois !

Rappel à la loi (terminée)Where stories live. Discover now