une faille dans mes pensées

je me hais

je me hais.
profondément.
je
me
hais.
-surtout depuis aujourd'hui-.
je me sens inhumaine.
complètement détachée
de mes sentiments.
je les vois se matérialiser
autour de moi.
voler,
se refléter sur mes murs,
sur mes photos d'antan.
les gens autour de moi,
s'effondrent,
s'approchent du néant,
s'enlacent de tristesse,
et moi,
je les regarde.
je les regarde sombrer dans
des tornades d'émois,
tandis que moi,
c'est le vide.
vide de sentiments,
vide de pensées,
un surplus de vide.
overdose d'un trop-plein de rien.
puis le vide finit par se combler
par la haine.
enfin,
non.
la haine accumulait depuis
tant de temps fini par
sortir de sa cachette.
mais surtout,
la culpabilité fait son apparition.
pourquoi ?
pourquoi là où les gens
finissent tristes
je ne suis que spectateur
de leur souffrance ?
je souffre,
mais je ne souffre pas
de la même cause.
je souffre de moi-même,
je souffre de ma culpabilité,
je souffre de mon égoïsme.
je me déteste de voir que
mon malheur.
alors,
j'attends
là,
immobile.
à regarder les autres
s'approcher un peu trop près du vide.
prêt à entamer leur dernière danse
avec leur sentiment.
prêt à se faire emmener par
des sentiments en rafales.
je pourrai les aider,
mais en fait,
ça me fait ni-chaud,
ni-froid.
qu'ils restent,
qu'ils partent.
sans importance.
puis non,
qu'ils partent,
qu'ils s'en aillent loin,
eux,
et leurs émois qui donnent
envie de vomir.
je m'en contrefiche royalement
car moi,
je n'ai pas seulement frôlé le bord du néant.
non,
moi,
j'y ai sauté.
sauté les pieds joints,
les bras écartés
et un putain de grand sourire aux lèvres.
car aujourd'hui
je ne me suis jamais
senti aussi vivant,
aussi rempli d'émotions.
-c'était assez court comme sensation,
mais assez pour le savourer
pendant toute une vie.-