Chapitre 26: Maria

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J'attends depuis vingt minutes sur les marches de l'hôtel l'arrivée des joueurs. Je ne peux pas m'empêcher de sourire en pensant à l'appel d'il y a quatre heures. Je pense que Hugo doit être responsable en bonne partie de cet appel vu le message qu'il m'a envoyé mais ça m'a tout de même fait plaisir qu'ils m'appellent.

Le bus de l'équipe arrive et se gare un peu plus loin. Je vois Paul et Antoine sortir puis prendre leurs affaires avant de courir vers moi et de me prendre dans leurs bras.

-On est désolé, me dit Paul en me serrant encore plus fort.

-D'accord, j'ai entendu mais tu vas finir par me tuer si tu continue à me broyer la cage thoracique comme ça.

Il rigole puis les deux se détachent de moi laissant la place à Lucas qui vient aussi me prendre dans ses bras. Presnel et Kylian font la même chose et finissent par me lâcher au bout de cinq minutes. Mon regard croise immédiatement celui de Benjamin et il me fait un signe de la tête pour que l'on aille à l'écart du reste du groupe.

-Vous revenez fêter la victoire avec nous lorsque vous rentrez, hein? Nous demande Antoine avec une tête de chien battu.

Nous le rassurons et nous partons tous les deux s'asseoir sur le bord du terrain d'entraînement. Nous restons silencieux pendant quelques minutes jusqu'à ce que je décide à prendre la parole:

-Tu m'aimes?

Il se retourne vers moi, surpris, ce qui me pousse à m'expliquer:

-Lorsque tu as raccroché, tu m'as dit que tu m'aimais, c'est vrai?

Il me regarde intensément sans dire un mot jusqu'à ce qu'il soupire.

-Je ne dis pas ce genre de phrase sur un coup de tête...

-Mais... pourquoi?

-Pourquoi quoi?

-Pourquoi est-ce que tu m'aimes? Je ne suis pas la petite-copine idéale, je ne te dis jamais ce que je ressens, je suis toujours pessimiste, je ne suis pas la fille la plus mignonne qui existe, je ne suis pas-

-Tu es celle que j'aime et ça me convient. Lorsque je te dis que je t'aime, c'est pour tout ça, tout ce que tu aimes en toi, tout ce que tu détestes en toi, moi, j'aime tout ça chez toi et je ne veux pas que ça change. J'ai mal réagi aujourd'hui, je le sais mais je tiens tellement à toi que ça m'a rendu malade de me dire que tu m'avais trahi et que tu n'es sortie avec moi que parce qu'on te l'a demandé... C'était débile, je sais que tu tiens à moi même si tu ne me le montre pas.

Il rapproche son visage du mien et finit par m'embrasser après ce qui me parut durer une éternité. Je sais très bien que je l'aime, je le sens mais je n'arrive toujours pas à le lui dire... Il finit par se détacher de moi et de se lever. Il me tend la main et nous retournons à l'hôtel où nous entendons déjà les autres joueurs fêter comme il se doit leur victoire. Benjamin se retourne vers moi en grimaçant.

-Tu es sûre de vouloir les rejoindre?

-On l'a promis à Antoine, on n'a pas vraiment le choix...

Il me supplie du regard mais je le tire jusqu'à la salle de repos qui n'est plus vraiment une salle de repos à cet instant. Dès qu'il nous voit, Antoine nous saute dessus et nous donne un verre d'alcool. Je donne le mien à Benjamin et il me dévisage.

-Tu veux me rendre saoul?

-Tu étais très mignon quand tu m'as dit que je te plaisais, lui dis-je en faisant un clin d'œil.

Il se met à rougir puis part pour aller s'asseoir avec Paul et Presnel.

-Vous êtes donc de nouveau ensemble?

Je sursaute et me retourne pour voir Hugo avec un grand sourire.

-On ne pouvait que se remettre ensemble avec un entremetteur comme toi dans les parages.

-Je n'ai rien fait de particulier, je lui ai juste fait comprendre qu'il a agi comme un idiot et qu'il devrait s'excuser le plus rapidement possible, c'est tout. Par contre, j'aimerais bien savoir qui a envoyé ça à ton journal.

-C'est peut-être simplement mon journal...

-Non, pourquoi prendrai-t-il le risque de perdre leur seul article sport pour ça? Je pense que ça doit être quelqu'un qui a des relations dans ton journal qui a demandé à faire ça, d'ailleurs, les journaux ont été immédiatement retiré des ventes quelques heures seulement après avoir été exposé donc-

-Le directeur ou, du moins, la direction n'était pas au courant de cet article ou plutôt de sa nature.

-Tout à fait.

Qui peut bien vouloir me faire ça? Je me suis toujours bien comportée avec les autres, pourquoi est-ce que quelqu'un m'en voudrait?

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Cela va faire plus d'une heure que je me suis isolée dans ma chambre. J'ai reçu un coup de fil du directeur de mon journal par rapport à l'article et nous avons longuement discuté là-dessus. J'ai décidé de ne pas démissionner, dans un premier temps parce que j'ai besoin de ce contrat et dans un deuxième temps parce que je n'ai pas envie de quitter la Russie alors qu'il ne reste que deux matchs avant la fin de la Coupe du Monde. Depuis, je suis couchée sur mon lit sans trop savoir quoi faire.

J'entends quelqu'un toquer à la porte, me sortant de mes pensées. Je vais ouvrir et me trouve face à Benjamin.

-Je t'ai déjà dit que tu me plaisais?

Je lève les yeux au ciel et le laisse entrer dans ma chambre en prenant soin de bien fermer la porte derrière lui. Il me prend dans ses bras pour nous faire tomber sur le lit.

-Tu ne te rends toujours pas compte à quel point tu peux me rendre heureux, je t'aime, me dit-il avant de m'embrasser doucement.

Je finis par rompre son baiser et vais me coucher correctement sur le lit et il fait de même. Je met ma main dans ses cheveux et au bout de dix minutes, il finit par s'endormir dû sûrement au mélange émotion/match/alcool. Je le regarde dormir pendant encore quelques minutes avant de l'embrasser sur le front.

-Moi aussi, je t'aime.

Alone // Benjamin PavardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant