Chapitre 7

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« La véritable définition de vivre, c'est de poursuivre ses rêves. » - ANN-ELIZABETH PHILLIPS


♦___La jeune femme ne pouvait le nier ; l'ambiance était agréable. Qui aurait dit, il y a une semaine, qu'elle serait assise dans ce restaurant, le chanteur installé devant elle? Toutes personnes censées connaissant la jeune femme auraient éclaté de rire en pensant qu'il s'agissait d'une plaisanterie. Pourtant, Ann-Elizabeth et Harry se trouvaient bel et bien là, partageant une bouteille de vin blanc, dégustant les spécialités du chef, réprimant quelques éclats de rires face à l'humour pourri du bouclé.


Depuis le premier jour, tu m'as fasciné, affirma Harry en regardant la jeune femme. Et, ce soir, j'aimerais savoir qui est Ann-Elizabeth? La vraie.
Prétendrais-tu que je ne suis pas une vraie personne présentement? le défia-t-elle.
Pourrais-tu, pour une seule fois, répondre simplement à ma question?


___Un sourire narquois naît sur le visage serein d'Ann. Elle jouait avec ses ustensiles, glissant doucement son pouce contre les dents du couteau à beurre. Comment répondre à cette question sans se faire démasquer?


Je viens du Nord de l'Angleterre, j'ai 23 ans. Et mon groupe sanguin est O négatif, ajouta-t-elle afin de se moquer de la curiosité du chanteur.


___La jeune femme s'était imaginé le pire concernant le déroulement de ce dîner. Elle avait cru que le chanteur allait adopter cette attitude de dragueur qui la foutait en rogne, mais, non. Harry avait une simplicité hors pair, une facilité à communiquer maniée par bien peu de gens. Elle s'était même surprise à s'en vouloir de ne pas avoir accepté avant.


Et pourquoi es-tu venue t'installer à Londres?


___Ses membres se contractèrent, ses doigts abandonnant le couteau contre la serviette en tissu. Elle aurait dû s'en attendre que cette question allait bientôt être mise sur la table. Pourtant, la réponse que la serveuse s'apprêtait à donner semblait sonner si fausse.


Pour travailler, se contenta de répondre Eli, le cadavre d'un sourire à son visage.


___Voyant que la question rendait la jeune femme mal à l'aise, le jeune homme tenta de chasser ce sujet en remplissant son verre de ce fameux vin blanc que leur avait brillamment conseillé le serveur.


La première fois que j'ai mis les pieds à Londres, c'était pour le bootcamp d'XFactor. Jamais j'aurais pu me douter y habiter un jour.
Et, aujourd'hui, tu vis le rêve dont tu as toujours voulu exaucer.


___Elle enviait le garçon, c'était indéniable. Pourtant, Harry ne vit pas passer cette touche de nostalgie dans les yeux de la jeune femme, étant concentré sur ses propres souvenirs qui lui revenaient en tête.

___Le chanteur s'était d'abord revu sur la scène, lors de sa première audition. Il avait senti la joie de recevoir deux oui, et l'inquiétude qui l'avait habité lorsqu'il avait entendu Louis lui dire non. Il avait vécu la rencontre avec les garçons puis la première chanson qu'ils avaient chanté en tant que groupe. Après tout cela, les évènements s'étaient enchaînés, un après l'autre, et, aujourd'hui, le jeune homme ne pouvait s'empêcher de souffler en remarquant à quel point les choses avaient changé en seulement trois ans.


Pour moi, la vraie définition de vivre, c'est de poursuivre ses rêves, déclara-t-elle.
Et je n'ai jamais été aussi d'accord avec toi, ma chère, sourit Styles.




Quand tu m'as dit que tu voulais m'apporter quelque part, j'ai plutôt pensé à cet endroit secret où tu vas te réfugier quand tout va mal, affirma-t-il en appuyant ses bras contre le bord du pont. Et non le plus célèbre fleuve de la capitale anglaise que tout le monde connaît ou devrait connaître.


___Le sourire que la jeune femme affichait ne semblait pas vouloir quitter son visage. Une brise fraîche vint faire légèrement voler sa crinière ondulée au moment où elle tourna sa tête vers Harry. Son attitude était paisible, rien à voir avec le jeune homme dévasté qu'elle avait vu le soir d'avant. Fourrant sa main dans la poche de son manteau, elle caressa le velours de la boîte du bout de ses doigts.


En fait, je n'ai pas choisi l'endroit par hasard, annonça la jeune femme.


___Ses dents vinrent capturer sa lèvre inférieure.


La boîte que tu m'as confiée hier, engagea-t-elle, inquiète d'être aller trop loin, je l'ai avec moi.
Ah.


___Le garçon était placé juste au-dessous du lampadaire qui éclairait le pont surmontant la Tamise. De cette manière, Ann-Elizabeth pût facilement remarquer ses traits se durcir. Elle s'était engagée sur une route dangereuse, mais ne comptait pas s'arrêter en plein milieu. La jeune femme n'avait pas eu le courage de se débarrasser du bijou, malgré l'aide que lui avait proposé Victor. En outre, elle défendait le fait que le bouclé devait le faire par lui-même, ce qui devrait favoriser sa guérison face au problème dont elle ignorait toujours le contenu. Sa main droite finit par libérer la boîte de son manteau, venant la déposer minutieusement dans la paume du chanteur.


Tu peux la jeter, encouragea Eli. Au bout de tes bras.


___Le jeune homme restait immobile, préférant fixer le reflet de la lumière contre la surface de l'eau. Le contact de sa main avec la boîte semblait lui brûler l'épiderme. Et d'un geste brusque, Harry projeta violemment l'objet qui semblait apporter avec lui une partie de la douleur du chanteur. C'était en voyant les éclaboussures que provoquait la rencontre de la boîte avec le liquide incolore que le jeune homme cria. De tous ses poumons, avec toute la force qu'il avait pu rassembler en lui. Libération, cela en était une.

___De son côté, la jeune femme l'observait du coin de l'œil. Il n'était peut-être pas aussi insensible qu'elle le croyait, après tout. Puis, accompagnée des bruits de la ville de Londres, la jeune femme pût entendre la voix rauque du garçon fredonner un air paisible. Fermant ses paupières contre ses pupilles, elle balançait doucement la tête tout en laissant sa voix résonner dans sa tête.


12 novembre 2013
London, England

Butterfly - HSWhere stories live. Discover now