Chapitre 9

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« C'est à ce moment précis, quand tu m'as serré dans tes bras,
que j'ai enfin réalisé que le monde pouvait vraiment être magnifique. »


17 novembre 2013
London, England



Le lendemain. L'envolée du nid familiale d'Ann-Elizabeth Phillips avait été prématurée. Un départ précipité, peu de temps pour s'installer. La jeune femme avait opté pour Londres, ignorant les raisons qui l'avaient poussée à s'établir dans la capitale. Peut-être était-ce les attraits touristiques, ou bien la chance de se faire connaître en tant qu'artiste. Elle avait rapidement trouvé un endroit où rester. Certes, ce n'était pas nécessairement ce à quoi elle s'attendait pour un premier appartement, mais sa situation l'empêchait d'avoir mieux. Ann avait fièrement posé son chevalet au coin de la pièce, devant l'unique fenêtre. Personne n'avait cherché à la joindre, donc elle avait commencé à se chercher un travail. Des refus, d'autres refus que des refus. L'âge de la jeune femme était un obstacle important dans ses démarches. Puis, l'argent se faisait de plus en plus rare et l'idée de quitter la maison lui paraissait soudainement très immature, peu avantageux. Un beau jour, un poing avait cogné contre sa porte. Surprise, Eli avait ouvert la porte sur un garçon, un beau ténébreux ; Victor. Il avait gentiment tendu un plat rempli de biscuits achetés en magasin avant de la gratifier d'un sourire séduisant. Oui, elle avait vu dans ses yeux qu'il allait l'aider. Pourtant, la jeune femme ignorait de quelle manière il allait y parvenir.

___Il se tenait debout, au centre de la pièce. Sa mâchoire était crispée, ses doigts blanchissaient au contact du papier qu'il serrait violemment. La jeune femme n'avait jamais eu peur de lui, mais croiser son regard semblait être le plus grand risque à prendre en ce moment.


Tu n'es qu'une sale menteuse, lui reprocha-t-il.
Victor, je n'ai pas à te justifier tous mes allez-retours.


___La serveuse voulait que sa voix soit posée et ferme. Ignorant s'il allait gober cet air d'assurance qu'elle se donnait, Ann-Elizabeth sentait qu'elle pouvait perdre son sang-froid à tout moment, craquer sous la pression.


Avec celui-là en plus? Sérieusement Ann, je croyais que tu avais plus de goût!
Premièrement, je ne sors ni avec lui, ni avec toi. Je ne vois pas pourquoi je devrais me justifier! répéta-t-elle.


___Ann n'avait pas quitté sa tasse de thé du regard. Elle préférait l'attaquer en paroles plutôt qu'en gestes. Peut-être allait-il plus facilement se calmer de cette façon? Elle sentit alors la respiration du dealer ralentir graduellement, ne parvenant plus à entendre ses grognements rauques.


Tu as raison, dit Victor en haussant les épaules, je n'ai pas besoin de savoir ce que tu fais. Mais..


___Le garçon laissa sa phrase en suspens ; une tension immense apparût dans la pièce. La jeune femme appréhendait avec terreur la suite, sachant que le garçon était non seulement possessif, mais excessivement égoïste.


Tu pourrais commencer à faire le trottoir, peut-être que tu aurais du succès!
Je te demande pardon?


___Elle n'avait pu se retenir de détourner son regard vers lui ; il avait touché un point sensible. Et il le savait pertinemment.


Tu es une salope, il faut se l'avouer.
Et toi, tu n'es qu'un crétin, parvint-elle à répliquer.
Un crétin qui te payait pour que tu couches avec lui. Et tu sais le meilleur? demanda violemment Victor.C'est que tu acceptais à chaque fois. Voilà pourquoi tu devrais faire la rue ; tu n'es bonne qu'à coucher pour de l'argent.


___Elle s'en voulait d'avoir les yeux humides. Ann ne devait pas se montrer faible, c'était ce qu'il souhaitait. Après tout, Victor n'avait que souhaiter cela depuis le début ; une jeune femme naïve, perdue qui avait besoin de quelqu'un pour la remettre en confiance. Elle avait eu de l'aide, oui, mais pour la confiance, c'était raté.


DÉBILE!


___Sa tasse vint heurter le mur qui s'élevait près du dealer, le liquide brûlant atteignant son bras. Celui-ci se contentait de l'essuyer du revers de sa main, s'approchant dangereusement de la jeune femme. Ses yeux menaçants, ses poings fermés. Elizabeth risqua à se lever afin de se diriger au comptoir, saisissant le premier couteau qu'elle eut sous la main. Elle le pointa maintenant en sa direction.


Tu t'approches de moi et..
Des menaces? dit-il en arquant les sourcils. Et bien, écoute attentivement, parce que je t'en fais une. Et compte sur moi pour la respecter.


___Plus aucun son, seulement la respiration haletante de la jeune femme debout au coin de la cuisine. Il n'était qu'à quelques mètres d'elle, ses yeux sombres se battant avec les pupilles claires de la victime. La haine pouvait se percevoir entre les deux amants, la violence également.


Soit tu arrêtes de voir ce type, et tu continues à recevoir de l'argent de ma part, annonça Victor avant de prendre quelques secondes de répit. Soit tu continues à le fréquenter, mais tu ne comptes plus sur moi pour te sortir de la merde.


18 novembre 2013
London, England

Butterfly - HSWhere stories live. Discover now