Chapitre 8

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« Que nos douleurs seraient supportables, s'il n'y avait pas la joie des voisins. » - PIERRE DOMINIQUE


De : Harry - envoyé à 20h05
Ça te dit une petite ballade dans Londres
suivie d'un bon film au cinéma? Disons, jeudi? ( :À : Harry - envoyé à 20h09
J'ai un horaire chargé, mais je devrais
trouver du temps pour toi ;) À jeudi!14 novembre 2013
London, EnglandDeux jours plus tard. Cela faisait plus de cinq jours qu'Harry et Ann-Elizabeth s'envoyaient des messages. Une relation simple, sans trop de tracas, semblait s'installer peu à peu entre les deux jeunes adultes. Ils discutaient de tout et de rien, du beau et du mauvais temps. Rien de bien compliqué, quelques conversations tournant à l'absurdité sans pour autant être barbantes. Et ils trouvaient cela agréable ; ne pas avoir à se justifier ou de se rappeler à quel point leur situation était navrante en enviant le bonheur des autres.

___Le bouclé tourna la tête vers la jeune femme. Elle avait couvert le haut de son crâne d'un simple bonnet, laissant les vagues de sa chevelure descendre négligemment contre sa poitrine. Ann pressa ses frêles doigts contre le contenant de carton puis sentit la chaleur de son café venir réchauffer l'extrémité de ces dix membres. Portant son propre gobelet à ses lèvres rosées, Harry prit une gorgée avant d'engager la conversation.


Tu nous connaissais avant qu'on vienne au restaurant? demanda-t-il, curieux de savoir si elle avait une idée déjà faite concernant le groupe.
J'ignorais vos noms, mais j'avais entendu parler de vous, affirma Elizabeth. Je me suis surprise, une fois, en train de fredonner une de vos chansons, probablement parce que je l'avais entendu à la radio. Mais à part ça, non, je n'avais jamais porté attention à vous, avoua-t-elle en haussant légèrement les épaules.
Je vois, avait-il répliqué en riant doucement. Tu ne nous aimais pas, c'est ça?


___La serveuse pinça les lèvres.


Tu insinues des choses que je n'ai jamais dites, Harry, entama-t-elle. Je ne respecte pas les gens qui jugent ceux qui ont travaillé pour avoir la célébrité qu'ils ont présentement. La presse et les haters n'y vont pas toujours de main morte. Et émettre des critiques peu fondées et des insultes horribles par pure jalousie me rend rouge de colère.
C'est sage ce que tu viens de dire.


___En entendant le doux rire de la jeune femme, le chanteur esquissa un sourire. Elle avait récité cette théorie avec conviction et ne semblait pas du tout ignorer de quoi elle parlait. Ses propos étaient fermes, sans être blessants. Et il ne put s'empêcher de penser qu'Ann avait peut-être été, elle aussi, affectée par ces attaques fondées sur une base peu pertinente.


Tu sais, je suis une artiste aussi.
Vraiment? s'exclama Harry, ses pupilles azur s'éclaircissant. Dans quel domaine?
Photographie.


___Suite à cet aveu, Styles ne put s'empêcher de la détailler du regard, dirigeant ses yeux du bas de son corps jusqu'à son visage. Finissant sa tournée, il reposa ses yeux dans les siens avant de lui adresser un clin d'œil.


Dis-moi, devant ou derrière la caméra?
Derrière, répliqua-t-elle. Je ne crois pas avoir les caractéristiques pour me retrouver devant l'appareil.
Vous, les femmes, dit-il, remuant légèrement la tête. Vous êtes toutes pareilles concernant l'estime de soi.
La société nous rend comme ça, c'est irréfutable selon moi.


___Le bouclé était en accord avec les propos d'Ann-Elizabeth. Alors qu'ils tournaient au coin de la rue, le garçon fourra une main dans la poche de son manteau, à la recherche d'une chaleur quelconque. Ils s'approchaient peu à peu du cinéma, ignorant si un film potable était à l'affiche.


Je vais pouvoir voir tes clichés un de ces jours?
Probablement, confirma-t-elle. Et j'exploite ces photos par la suite en faisant une reproduction, soit en peinture, en feutre, ou en plomb, simplement. J'aime bien le résultat que ça fait quand on les met côte-à-côte, l'aspect réel faisant contraste avec le côté artistique des traits reproduits.
J'adore t'entendre parler comme ça, sourit-il. On voit que ça te passionne vraiment.


___Le visage de la jeune femme afficha une allure nostalgique en à peine quelques secondes. Elle n'avait pas prit un pinceau entre ses doigts depuis bientôt trois mois. Ann s'inventait des excuses comme le manque de temps ou d'inspiration. Pourtant, la sérénité que lui apportait l'action de la création lui manquait au plus haut point. Sans que le jeune homme pût rajouter un commentaire, la bâtisse qui se trouvait être leur destination siégeait de manière imposante devant eux.


Je t'invite, samedi, à venir chez Louis. Et j'aimerais bien voir tes créations, je suis sûr que ça va plaire aux garçons également.


___Le sourire du garçon avait ce côté attendrissant qui ne laissait pas Elizabeth indifférente. Serait-elle en train de prendre goût au monde extérieur, après plus de deux ans de solitude intentionnelle? L'expression de son visage semblait confirmer une réponse positive.


16 novembre 2013
London, England

Butterfly - HSWhere stories live. Discover now