Et que Dieu bénisse l'Amérique

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Petite note avant de commencer: je tenais à remercier les personnes qui prennent le temps de lire mes histoires, de les commenter et de voter pour elles. C'est vraiment très sympathique!

J'essaie d'avoir un rythme régulier dans la publication de cette fanfic. Les chapitres seront donc essentiellement mis en ligne les vendredis soirs. Bonne lecture!


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Séquence mémorielle - archives – 17 juillet 2039 :

Je regarde l'objet que Hank vient de déposer sur la table d'un oeil intrigué. Le petit morceau de métal brille timidement, mais je n'ose pas le toucher. C'est un peu comme si quelque chose dans mon programme m'en empêche. Mon partenaire fait mine de ne pas me regarder alors qu'il sirote doucement son café, mais je sais qu'en réalité, il étudie scrupuleusement ma réaction. Hank est doué pour faire semblant de ne pas s'intéresser aux choses alors qu'il leur donne en réalité une importance capitale. Je le sais bien, j'en ai fait l'expérience à notre rencontre. Toujours prompt à me crier dessus, à tenter de m'ignorer ou de m'envoyer au loin, et pourtant, si inquiet dès que ma vie était mise en danger. Le fait qu'il m'observe fait monter mon niveau de stress. Je ne sais vraiment pas comment réagir. Qu'est ce qu'un humain ferait? Mon programme de relations sociales me dit que je devrais sauter de joie et remercier Hank avec un sourire, mais je ne peux choisir cette option. Ce ne serait pas réellement moi, et il le saurait immédiatement. De toute façon, lorsque j'essaie de faire intervenir les codes de Cyberlife dans mes rapports avec lui, c'est toujours un désastre. Il préfère ma spontanéité, même mécanique et maladroite. Mais là, je suis perplexe. Je penche la tête d'un côté et de l'autre. Puis, brutalement, un soupir agacé de Hank me rappelle à l'ordre alors qu'il jette son journal sur la table de la cuisine.

« Bon, tu vas la prendre ou pas cette clé Connor? Je te promets que ça mord pas. Tu me files la nausée de bon matin à tourner ta tête dans tous les sens comme une fichue girouette.»

Je regarde de nouveau le petit objet, et je le prends dans ma main. La clef du garage. Je ne comprend pas. Cela fait trois semaines que Hank m'en interdit fermement l'accès et maintenant, il m'offre cette clef. Je relève mes yeux sur mon partenaire avant de lui dire d'une voix hésitante.

« Je ne sais pas trop, Hank. Le garage vous sera plus utile qu'à moi. Et quand bien même... il n'y a aucune raison pour que j'utilise la serrure. Pourquoi voudrai-je vous empêcher d'entrer ou que ce soit dans votre propre maison? »

Hank pose ses coudes sur la table et joint calmement ses mains sous son menton. Il m'observe quelques secondes avant d'ajouter posément :

« Connor, tu as le droit de refuser de voir quelqu'un. Tu as le droit d'avoir envie d'être seul et... »

« Je suis déjà seul toute la journée. Je ne veux pas être seul quand vous êtes là. »

Les mots m'échappent, un peu amers et tristes. Hank va partir au travail, bientôt. Et je resterai là. Pendant près de dix heures. Sumo serait mon unique compagnon. Je repeindrai les volets extérieurs et je finirai de déballer les cartons de la chambre. Je me mettrai sans doute en veille un moment pour recharger mes batteries qui ne tiennent plus aussi bien qu'avant. Puis, j'attendrai. J'attendrai que la peinture sèche. J'attendrai qu'un peu de poussière se dépose sur les meubles pour pouvoir les nettoyer. J'attendrai l'heure de la promenade du Saint-Bernard et un coup de fil de Hank pour m'annoncer qu'il rentrera bientôt. Alors non, lorsqu'il est là, je ne veux pas être seul. Je reporte mon attention sur mon partenaire. Il a l'air un peu soucieux. J'ai peut-être été trop spontané, cette fois. J'essaie de rectifier mon erreur :

[DBH] Instants d'éternitéWhere stories live. Discover now