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ᴊɪʜᴏᴏɴ






« Je veux m'enfuir. Ai-je soufflé dans la nuit, peut-être que je disais n'importe quoi, des mots d'un rêve.

- Alors pars, et fais pas chier. »

Jongdae avait le regard braqué au plafond, je n'avais pas remarqué cette ombre qui ne trouvait pas le sommeil. Le timbre de sa voix ne correspondait pas du tout à celui que je m'étais imaginé, tantôt grave, tantôt aigu, et agressif.

« Tu viens avec moi ? »

Je pourris dans ce dortoir, trois semaines, et je ne lui avais toujours pas adressé une phrase. Nous étions deux dans cette chambre laide, la grosse commode de bois noir faisait tâche, les lits grinçaient, les lumières étaient jaunâtres. Jongdae vieillissait avec cet endroit, les traits de son visage se creusaient telles les fissures dans les murs, il n'avait pourtant que dix-neuf ans. Quelles horreurs avait-il dû affronter ?

Je ne le connais pas, mais ici, ça ne sert à rien, nous avons tous la même histoire.

« Ouais. »

Sa réponse me fit ouvrir grand les yeux, lorsque je me relève, la pression sur le matelas fait encore céder la latte.

« Demain soir, 23h, devant le grand chêne de l'arrière cour ?

- D'accord. »

Nos échanges sont vieux, lassés par la vie, nous sommes pourtant si jeunes.

« Jongdae, chuchotai-je avant qu'il ne s'endorme, ou qu'il parte entre pensées de sa vie rêvée, tu viens d'où ? C'est quoi ton nom de famille ?

- Kim. Corée du Sud.

- Cool. Enchanté. Murmurai-je en coréen. Je peux enfin le dire à quelqu'un : je trouve l'américain dégueulasse. »

Je l'entends souffler un petit « pff ».

« Bonne nuit. Me souhaite-t-il.

- Merci, belle nuit à toi. »

La pièce devient silencieuse, nous savons tous deux qu'elle sera encore longue et pénible, quand les premiers rayons du soleil toucheront la fenêtre, le sol, la poussière et puis le visage de Jongdae, nos yeux seront ouverts pour les admirer briller. Nous le savons, cette nuit sera encore une épreuve, affronter les questions, le désespoir et même les souvenirs. Cette nuit sera terrible car nous n'aurons rien pour nous accrocher, rien pour nous faire tenir, pas un brin d'espoir, pas un sourire chaleureux.

Cette phrase: « ça va aller, je les ai eux pour tenir », ceux qui les poussent tous à vivre, je n'ai plus eu l'occasion de la parler, ni même de la penser.

Jongdae me semble encore plus vieux parmi ses démons, peut être bien que lui, est à un stade supérieur de détresse. C'est drôle, on dirait un jeu par palier...que j'ai hâte d'arriver au dernier niveau.

Je ferme les yeux, immédiatement, deux larmes percent. Merde. Dès que je les clos, ils apparaissent, sur le fond noir leur image se dessine, comme si elle perçait la feuille de papier, le trait de crayon est vif, il n'attend pas pour me faire souffrir.

Ce soir, je ne dormirai pas.

Mon regard s'étouffe sur le carré du ciel bleu et parsemé d'étoiles.

Que c'est beau, elles brillent même pour les gens malheureux, c'est dingue.











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ʀᴇʜᴏᴍɪɴɢ, ɴᴏᴜs sᴏᴍᴍᴇs ᴅᴇs sᴛᴀʀs.Where stories live. Discover now