CHAPITRE VINGT-CINQ .2

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Tranit grava la disposition des lieux dans sa mémoire et fit signe à Adacie qu'elles pouvaient redescendre, ce que la jeune fille fit avec une assurance déconcertante.

Une fois à terre, Tranit mis pied à terre et dessina un plan de la ferme.

– Vu leur attitude, ils ne s'attendent pas à des ennuis. La plupart sont ici, protégés par la fortification surplombant le portail, mais ils n'ont avec eux que leurs armes. Mais c'est suffisant pour repousser une attaque frontale.

Pour la grange, deux hommes devant mais aussi deux autres derrière au moins. Là, il y a un bâtiment, une écurie certainement mais impossible de savoir si elle est occupée et si des hommes s'y trouvent. Je pense que non parce que ces deux hommes là ne parlaient qu'entre eux. S'il y avait un garde de faction à l'écurie ils se regarderaient de temps en temps.

– Comment entrer ?

– Exactement ici, là où le rempart a été reconstruit et raccourci. C'est assez mal fait et facile à escalader. Ensuite, c'est votre choix colonel.

– On élimine tout le monde, ordres d'Erwan,expliqua-t-ilfermement. Personne ne doit pouvoir dire comment nous avons combattu.

– Alors si vous pouvez vous approcher du portail et occuper les occupants du châtelet, je n'aurais besoin que de quelques instants pour grimper pour les prendre à revers. On vous ouvre le portail et vous vous occupez des hommes restants, ils tenteront probablement de fuir par l'arrière.

Cydrac désigna deux cavaliers.

– Passez par-derrière mais restez bien à couvert. Empêchez quiconque d'entrer ou de sortir.

Les deux hommes partirent immédiatement.

Cydrac regarda le plan de Tranit.

– Le chemin est bien dégagé jusqu'au portail ?

– Le chemin oui, mais les côtés sont encore bien encombrés d'herbe et de ronces. On doit pouvoir s'approcher à moins de quarante pas du portail sans être vu.

– Parfait ! dit-il en désignant deux cavaliers. Vous deux, vous êtes les meilleurs tireurs sur cible, approchez-vous à portée du portail et tirez seulement quand vous êtes sûr de vous. Toi, tu ramèneras leurs montures en arrière.

Dès que le portail sera ouvert, on chargera ensemble. Ils récupèreront leurs dorkis après nous pour assurer l'arrière-garde. Vous commencez à faire feu dans dix minutes.

Les trois hommes désignés se mirent en route sans aucune hésitation. Cydrac regarda Tranit.

– Les hommes du châtelet seront distraits le temps que tu grimpes dessus. Il faudra faire vite.

– Combien de temps ? Dix ... ?

Adacie la rassura.

– Nous avons le temps commandant, dix minutes, c'est le temps de préparer et de faire un bon brouet.

– Alors viens avec moi !

Tranit remonta sur son dorkis et s'enfonça dans le roncier pour rejoindre la ferme par le côté, Adacie sur les talons. Cydrac désigna un homme pour récupérer les montures.

En un peu moins de cinq minutes, elles arrivèrent à bonne distance du mur. Un ou deux hommes près du châtelet semblaient regarder vaguement dans cette direction, mais ils semblaient plus intéressés par ce qui se passait à l'intérieur.

Tranit sentait une légère odeur de fumée et comprit que quelqu'un devait faire la tambouille. Elle se tourna vers Adacie.

– Ils ont faim ! Ils seront encore plus négligents. Tu sais grimper à un mur avec une corde ?

– Oui commandant, lui répondit-elle avec un sourire amusé, ça je peux le faire.

Tranit confia sa monture au cavalier et s'empara de sa rondache, un petit bouclier rond et d'une corde munie d'un grappin qu'elle emportait toujours avec elle. Elle regrettait de ne pas avoir son amure complète, seulement un plastron et ses gants.

Adacie lui installa l'étui de son pistolet long dans le dos et s'assura qu'elle n'oubliait pas les munitions qu'elle avait mises sur sa cartouchière, cette ceinture sur laquelle une bande de cuir souple cousue permettait de transporter trois recharges complètes pour son arme.

Le mur devait faire un peu plus de quatre toises de haut mais, était plein d'aspérités. Il se laisserait grimper facilement.

Adacie passa à son tour l'étui de son pistolet long dans son dos et vérifia sa dague et sa propre cartouchière. Le cavalier repartit avec les deux montures. Le coin avait l'air tranquille, mais il ne manquerait plus qu'un serpent ou qu'un rat en maraude passent par là pour tout mettre en l'air.

Adacie vint s'accroupir devant Tranit, son arme à la main, le canon levé vers l'avant.

– Commandant ? Pour attaquer, regardez bien comment je tiens mon arme.

Adacie la prit à deux mains et mima un tir.

– Ainsi je vais tirer plus rapidement. Je ne lâche pas la pompe et je reste de face. D'accord ? Comment voulez-vous que je me positionne ?

– Tu es certaine que je perce un pavois et une armure avec ça ? demanda-t-elle avec un léger soupçon d'inquiétude en touchant l'arme dans son dos.

-Oui commandant, jusqu'à quatre-vingts pas. Mais c'est encore plus efficace à vingt toises, avec certitude. Une dizaine à coup sûr pour le modèle court.

Devant l'air affirmatif d'Adacie et se souvenant de la veille, Tranit prit sa décision.

– Alors reste derrière moi pour couvrir nos arrières. Nous devrions être trois pour attaquer, deux faisant front et le troisième protégeant les arrières. C'est ce qu'il faut faire lorsqu'il n'y a personne en soutien. Là, on va s'arranger. Ne tire que sur les hommes représentant une menace réelle, arbalétrier ou hallebardier.

Si tu vois une massue, une épée dans la cour, ou de l'autre côté du rempart, comprends bien que cela n'est pas une menace directe pour nous. Si en face ils arrivent en trop grand nombre, je te le signalerai et tu te retourneras pour m'appuyer.

– À vos ordres... mon commandant.

Adacie affichait encore ce sourire de diablotine et ses yeux pétillaient. Elle venait d'appuyer d'une façon très particulière sur le mon montrant à Tranit qu'elle ne la décevrait pas. Elle regarda une nouvelle fois leurs armes et s'assura que les munitions supplémentaires de Tranit étaient facilement accessibles.

Tranit vérifiait sa corde et son grappin lorsque deux détonations se firent entendre, stupéfiants tous les hommes sur le rempart. Les deux jeunes filles n'y prêtèrent aucune attention, ignorèrent la palpitation plus ferme de leur cœur, profitant de l'occasion pour s'approcher du mur.

* * *

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Vixii

Les larmes de Tranit - 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant