Prologue

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La rentrée des classes au collège, c'est le jour qui marque le début d'une longue année d'amusement, de moments complices avec les copains. Et surtout c'est le moment d'apprendre de nouvelles choses dans la joie et la bonne humeur.

Nan je déconne. Pour moi, et je pense pour beaucoup d'autres personnes, c'est source d'ennui, de frustration et de nouvelles moqueries, plus blessantes qu'auparavant. Il faut travailler alors qu'on peut avoir d'autres envies. On peut nous forcer à apprendre le théorème de Pythagore, alors que certains le connaissent déjà, pour eux se sera l'ennui. Pour d'autre se sera la frustration car même si on ne connait pas ce théorème, cette connaissance n'est pas forcément notre principale préoccupation. Autrement ça se saurait, si tout ce qu'on ignorait était obligatoirement relégué au rang de nos plus importantes préoccupations, l'école serait un coin de paradis. Donc il y a cet argument, et tu veux savoir le deuxième ?

La cour de récré du collège c'est comme une arène, tu es une proie à partir du moment où tu ne fais pas comme tout le monde. Si t'es mature, t'es coincé. Si tu réfléchis, t'es un intello. Si tu penses différemment, on t'écoute pas et on te crache dessus. Si t'es habillé différemment, t'es une pouilleuse et on te tape. Donc soit tu renies tes convictions, soit tu te fais casser la gueule. Voilà c'est ça la réalité.

Donc voilà tout ça pour vous dire que je ne suis pas la seule à trouver que la rentrée arrive trop vite. Heureusement dans les ténèbres il y a toujours une faille par laquelle passe une éclaircie, qui nous guide vers la solution pour rallumer la lumière. Et donc le moyen d'atténuer les souffrances de l'isolement, et de la maltraitance physique et mentale, ainsi que cette frustration et cet ennui, c'est : une bande d'amis. 

A vrai dire je n'ai jamais vraiment profité de ça. J'avais une bande de 3 amies, mais nous étions "bizarres", ce qui apparemment justifiait les insultes, les groupes de filles hilares qui se dirigeaient vers toi pour te dire que t'es une pouilleuse et que t'es une "lesbiche" vu la façon dont tu t'habilles, et que les garçons viennent te cracher dessus parce que tu lis un livre. On y avait le droit tous les jours. A l'époque, je ne me suis donc pas amusée comme je l'aurai voulu. C'est à dire en faisant parti du spectacle de cirque, en faisant des projets personnels que j'aurai pu présenter aux profs. Bref avoir des occupations de gamines de 11 à 14 ans. Au lieu de ça je sautais les repas pour éviter de me faire humilier dans la file de la cantine sans pouvoir fuir, je regardais tout le temps derrière moi pour vérifier que personne ne crache sur mon sac, et je retenais le flot de larmes et de colère en moi dès qu'on me bousculait ou qu'on me faisait tomber.

C'est donc pour cela que j'écris cette histoire, afin de rattraper le temps perdu. Et par la même occasion vous placer de façon interne dans un groupe de personnes rejetées. Si certains passages vous paraissent utopiques, je m'en excuse car mon but est d'être assez proche de la réalité mais de l'édulcorer légèrement à l'aide de moments d'amitié entre les membres d'une bande un peu loufoque, et singulière. Cette bande, si vous la cherchez, se trouve dans l'arène qu'est le collège, et je vous raconte son histoire. 

Une micelle singulièreWhere stories live. Discover now