CHAPITRE 2 ✔

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DREW


Les cours venaient de se terminer. J'étais donc maintenant libre de rentrer chez moi. Alors après avoir récupéré quelques affaires dans mon casier, je saluai Maddy et passai enfin le grand portail de Eagle High. Seulement sur le chemin du retour, mes jambes me firent prendre une toute autre direction que celle de ma maison. Je me laissai simplement guider, ignorant totalement l'heure qui se faisait tardive, et sachant pertinemment bien où mes pas allaient me conduire. Un léger coup de vent fit virevolter quelques feuilles d'arbres sous mes yeux. Les plantes jaillissantes du sol embellissaient les lieux tandis que les oiseaux s'apprêtaient déjà à regagner leurs nids. Ce parc qui au fil des mois était devenu mon refuge, n'avait pourtant rien d'autres en particulier. Il s'y trouvait des enfants, des mères, des pères, et des femmes et des hommes qui pouvaient courir par moment. Mais ce qui me plaisait était ce sentiment de convivialité et de familiarité.

La simple vue des sourires radieux de certaines familles me permettait de rêver d'une vie où mes parents et moi partagerions un lien fort et puissant. Unique et indescriptible. Où l'amour prônerait. Où la joie régnerait. Une vie où mon père serait pleinement fier de moi. Une vie où ma mère poserait pleinement ses yeux sur moi. Une vie certes banale mais radieuse.

Un pincement au cœur m'échappa lorsque j'aperçu un enfant rapporter un bouquet de fleurs à sa mère. Celle-ci lui avait rendu un sourire tellement tendre et doux que même en restant spectatrice de cette scène, j'avais pu éprouver l'ampleur de l'amour qu'elle lui portait.

Un malheureux soupir glissa d'entre mes lèvres. Si seulement j'avais pu recevoir un jour ce même type de regard de la part de ma mère et de mon père...

Attristée par cette constatation, je m'installai sur un banc et sortis de mon sac de classe, un petit calepin noir que j'avais customisé avec soin. Il fallait savoir que j'avais une très grande passion pour le dessin. Peut-être parce que cela me permettait petite de m'occuper l'esprit lorsque j'entendais depuis mon lit les hurlements et les cris que s'échangeait mes deux parents. Peut-être parce que cette passion que je portais pour le dessin comblait la solitude qui me rongeait en tant qu'enfant unique et non désiré. Personne ne pouvait forcément comprendre à quel point les mots étant petit pouvait avoir un impact important dans nos vies.

Si tu n'étais pas née, peut-être que ma relation avec ta mère ne se serait jamais détériorée...

Vois-tu donc ce que je suis obligée de faire par ta faute ? À cause de toi, ton père s'éloigne de moi !

Personne...

Secouant ma tête dans l'espoir d'échapper à ces sombres souvenirs, j'attrapai mon crayon à papier et me mis à dessiner la première chose qui me vint à l'esprit. Mes paupières se fermèrent l'espace de quelques secondes. Puis j'ouvris de nouveau mes yeux, fixée.

Mon crayon survola la feuille blanche, traça des lignes ici et là et coloria quelques zones. Je n'étais plus maître de mon poignet. Je laissais simplement mon âme profonde s'exprimer. Alors, une fois que j'eus terminé, mon regard s'accrocha à celui de ce garçon aux yeux vidés par les horreurs de la vie.

Fantôme...

Soudain gênée par mon dessin, je refermai rapidement mon calepin, et balançai mon sac sur mon épaule avant de prendre la direction de la sortie du parc. Mais alors que je progressai dans ma marche, mon regard fût subitement attiré par une silhouette que je reconnaissais entre mille. Une tête courbée vers le sol, une démarche lente et des mains fourrées dans leurs poches. Il s'agissait bien là de Fantôme.

PSYCHOSEWhere stories live. Discover now