Chapitre 1er

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The beginning

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The beginning

  Ce ne fut pas la scène qui me prit en premier mais ce fut bel et bien l'odeur. Une odeur âcre et métallique, une odeur de mort.

  Ce n'était pas une journée des plus agréables. J'avais passé la nuit à bouillir dans mon lit aux draps de lin. Cet été était l'un des plus chauds depuis dix ans. Mais la chaleur étouffante avait laissé place en ce jour à un orage tonitruant. Le ciel s'était noirci durant la matinée et il s'était mis à pleuvoir aux alentours de midi, pour enfin s'arrêter vers seize heures. Heure à laquelle je terminais les cours.

J'étais assis sur un banc froid et humide aux abords d'un petit bois touffu et désert. Un livre entre les mains, j'explorais les terres glaciales de la sibérie à travers les yeux d'un auteur peu connu, mais ma foi très doué. Tout autour de moi était calme, seul le vent créait une douce mélodie en venant s'échouer contre les arbres. Il en percutait chaque feuille, chaque branche, les faisant s'entrechoquer dans un brouhaha mélodieux. J'adorais ce bruit, celui-ci accompagnant ma lecture à merveille.

Il devait être bientôt dix huit heures et en ce mois de juin il faisait encore pleinement jour. Quand j'eus fini la lecture de mon chapitre, je cornai la page et fermai le livre.

"Je devrais peut-être rentrer." me murmurai-je.

Une bourrasque m'ébouriffa les cheveux et fit tomber quelques gouttes glacées des arbres jusque sur ma nuque. D'un geste rapide de la main, je chassai les quelques mèches de mes yeux, quand il me crut voir une jeune fille dans les sous-bois. Mais elle disparut aussi vite qu'elle était apparue. Un frisson glacial me parcouru quand je repensai à son regard. Elle était debout, le teint livide, à moitié cachée derrière un saule tortueux et me regardait fixement de ses deux grands yeux complètement noirs. Je lisais sûrement trop de romans sombres en ce moment et cela, ajouté à un manque de sommeil, il n'était pas étonnant que mon imagination me joue des tours.

Je rangeai mon livre dans mon cartable en cuir de vachette qui m'avait été généreusement offert à mon admission à l'université. Je ne perdis pas plus de temps et jetai mon sac sur mon épaule, entamant le chemin vers mon domicile.

Je vivais dans un appartement que je payais grâce à une bourse d'état. Il était petit, sombre, et froid mais je l'aimais bien. J'y avais installé de nombreuses étagères pour y ranger mes livres et vivant au rez-de-chaussée, j'avais même le luxe d'avoir l'électricité. Je pouvais donc lire jusqu'au petit matin sans utiliser de chandelle, les habitants du deuxième ne pouvant pas en dire autant.

Je marchais depuis plusieurs minutes déjà dans ces rues désertes. Mais je n'allais pas me plaindre de ce manque de population, les gens, la foule, n'étaient pas ma tasse de thé. Je préférais largement la compagnie des livres.

Je levai les yeux pour regarder le ciel. Le vent charriait à nouveau de gros nuages sombres et menaçants. Je ne me souvenais pas quand l'air était devenu si froid. Je sentis les poils se hérisser sur ma peau au contact de cette brise inattendue. Le ciel s'assombrit, de même que les rues, me laissant seul dans cet environnement et me rappelant beaucoup trop de mauvais romans d'horreur.

"Je devrais me dépêcher avant qu'il ne se remette à pleuvoir."

L'on pouvait déjà entendre l'orage tonner au loin, revenant bien plus vite que ce que je ne le pensais.

Le bruit de mes pas résonnaient sur le sol pavé de cette rue de plus en plus froide, alors que l'orage tonitruant s'approchait dangereusement de la ville. Mon regard vagabondait d'enseignes en enseignes, lisant chaque petite lettre dorée. J'aimais les lettres.

Je ne remarquais pas les pas pressés qui me suivaient depuis déjà quelques minutes. Ce ne fut que lorsque je vis une figure blonde me dépasser que je compris que je n'étais pas le seul à me balader dans cette rue. C'était un jeune homme, il était vêtu d'un uniforme scolaire et marchait rapidement. Il ne voulait sûrement pas se prendre l'averse. Je ne m'intéressai pas plus que cela à lui, continuant mon chemin comme je le faisais plus tôt.

L'air était maintenant presque glacial. Je ne comprenais pas la logique de cette saison. Les orages sont censés éclater quand l'air est trop chaud et pourtant, même s'il se rapprochait, l'air devenait de plus en plus froid. J'accélérai le pas. Il ne me restait plus que cinq-cent mètres à faire pour retrouver mon appartement. Je n'étais pas du genre à avoir peur facilement mais l'ambiance qui régnait ce soir était pesante. Les nuages noirs grondaient leur rage et le vent glacial soufflait violemment. Le jeune marchait toujours devant moi. Je devais avoir rattrapé sa cadance puisque la distance qui nous séparait ne bougeait plus.

Je senti quelques gouttelettes gelées me tomber sur le nez et un éclair fulgurant traversa le ciel gris, le teintant d'une lueure violacée. Quelques secondes à peine suffirent pour que la déflagration nous parvienne, au jeune homme et à moi. Il se stoppa net dans sa course et posa ses mains sur ses oreilles. Mais je n'en fus pas surpris. Nombreux sont ceux qui sont effrayés par le tonnerre. Et pourtant ça n'est que du son créé par une réaction physique.

Il reprit sa route quelques secondes plus tard mais nous fûmes tous deux stoppés par un cri perçant, un appel à l'aide. Une voix féminine criait à s'en casser la voix. Non elle ne criait pas, elle hurlait. Elle hurlait de tous ses poumons pour que quelqu'un vienne l'aider. Sans réfléchir le jeune blond partit en courant dans la direction des appels désespérés. Sans savoir ce qui m'y poussa, je le suivi. Les cris n'avaient plus aucun sens. Elle hurlait à la mort, et plus nous courions, plus sa voix était forte. Nous approchions du but, quand tout à coup, les cris s'arrêtèrent pour laisser place à une odeur nauséabonde.

Le blond fut le premier à tourner dans cette ruelle. Je n'avais pas remarqué mais la pluie tombait. J'entendis un cri étouffé provenant de la petite rue sombre et froide. J'y entrai donc à mon tour pour voir ce qui avait causé ce cri.

Ce ne fut pas la scène qui me prit en premier mais ce fut bel et bien l'odeur. Une odeur âcre et métallique, une odeur de mort. 

- Amande amère - [ ChangLix ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant