Chapitre 8eme

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Obsession

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Obsession


Je n'eus le temps de plus y réfléchir, que j'entendis au loin nos deux prénoms être appelés par une voix qui m'était étrangement familière.

Je me réveillai de bonne heure et de bonne humeur, ce qui était un miracle. La veille, j'avais rencontré Felix et bien que notre conversation fut quelque peu macabre, je l'avais beaucoup apprécié. Pouvoir parler avec une personne qui me comprenait m'avait comme soulagé d'un poids. Un poids énorme.

Nous nous étions donc à nouveau donné rendez-vous, le lendemain en fin de matinée, pour en apprendre davantage l'un sur l'autre, mais aussi dans l'espoir de comprendre ce qu'il nous arrivait.
Apprendre que le jeune blondinet, avait à subir les mêmes visions, les mêmes hallucinations d'horreur, me rendait si triste. J'avais voulu qu'il ne fût pas touché comme moi, mais la réalité était telle qu'il semblait encore plus perturbé que je me l'étais, et ce n'était pas peu dire. Cependant, malgré la tristesse, malgré le chagrin, je me sentais bien, soulagé de ne pas être seul. Ce sentiment faisait en naître un autre, plus âpre, plus amer qu'était celui, infâme, de se sentir coupable. Comment pouvais-je me sentir mieux d'apprendre qu'une personne aussi douce que Félix, aussi naïve et tendre, vive des heures de tourment, et des nuits aussi sombres que l'encre des romans les plus effrayants.

Me flagellant intérieurement avec les griffes acérées de la culpabilité, je me levai de ma couche et jetai un regard par la fenêtre. Du rez-de-chaussée, je ne voyais pas bien le ciel, mais ce dernier était encore couvert. Peut-être allait-il pleuvoir. Je priai que non.

J'avais remarqué, que la pluie, ou plutôt l'orage, rendait les illusions bien plus difficiles à supporter. Ou peut-être, plus réelles... Mais cette barrière entre le réel et l'irréel, avait été franchie le jour même où tout avait commencé.

La bonne humeur n'aura pas duré longtemps, notai-je en me dressant sur mes jambes, chancelant, un mal de crâne sous-jacent. Je m'avançai vers mon armoire évitant les bouquins gisant au sol pour en tirer une tenue. Je ne me perdis pas longtemps en réflexions et attrapai une chemise simple bleu azur en coton, et un pantalon de lin beige. Les températures de l'été étaient étouffantes et cet ensemble était peut-être le seul à me laisser respirer.

Une fois vêtu, je tournai la tête vers les restes de biscuits entassés sur mon bureau. Non, je n'avais pas faim. Jamais d'ailleurs. Je mangeais seulement lorsque me tenir debout devenait difficile. Mon regard dévia lentement sur mon cartable. Il était là, ouvert, gerbant des feuilles et documents en tous genres. Depuis combien de temps ne m'étais-je plus rendu à la faculté ? Un long soupir traversa la barrière de mes lèvres quand un bruit sourd et glaçant se fit entendre. Il venait d'au-dessus. Un "boom" lourd et mous, presque humide... Un "boom" qui ne m'était pas inconnu, à mon plus grand regret... C'était le bruit d'un corps qui tombait sur le plancher. Je voulus l'ignorer, faire comme si de rien n'était, persuadé qu'il s'agissait encore une fois de ma propre folie. Mais le bruit résonna à nouveau entre les murs de ma chambre. Une fois... Deux fois... Puis un silence... Long, presque assourdissant. C'était comme si tous les sons avaient été aspirés dans une autre dimension. Seuls ma respiration et le battement de mon cœur bruissaient à mes oreilles.

- Amande amère - [ ChangLix ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant