Prologue

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À tout ceux qui ont été brisés et qui, d'une manière ou d'une autre, ne croient plus en l'Amour.

À Eloïse et Anaïs, qui m'ont soutenue du début jusqu'à la fin, et même après.

"Il suffira d'un été pour tout changer"

        Je crois que la vie est sélective. Tout le monde ne peut pas être heureux. Tout le monde n'a pas la chance de naitre dans une famille blindée, tout le monde n'a pas la chance d'avoir des parents aimants ou de trouver le grand amour. Il y en a pour qui la vie est une succession d'échec et de souffrance. Et qu'est-ce qu'on fait, dans ces cas-là ?

Tout ce que je sais, c'est que mon deuxième prénom pourrait bien être déception. Je crois que la vie devrait venir avec un avertissement. Un truc qui dirait « Accroche-toi, parce que tu vas vivre des choses qui vont te foutre en l'air et honnêtement, tu n'as pas beaucoup de chance de tomber sur des gens qui t'aideront à surmonter tout ça. Tu es seule, ne compte jamais sur les autres. ».

Par exemple, j'aurais aimé être prévenue, le jour où je suis sortie du ventre de ma mère, que cette dernière serait une femme on ne peut plus psychorigide. Ça m'aurait évité bien des ennuis.

C'est d'ailleurs grâce à elle que je suis obligée d'emporter une bonne partie de mes affaires dans une valise trois fois trop grande pour moi.

Et oui, j'ai dix-sept ans et je suis punie. Je crois que toutes les filles de mon âge — et pas que — rêveraient d'avoir ma punition. Deux mois sur la côte Ouest des États-Unis, à Santa Monica. Après une énième bêtise, ma mère a décidé que de m'envoyer chez ma tante était une idée judicieuse. De ce que j'ai cru comprendre, une amie de ma tante a besoin de monde pour s'occuper de sa boutique en bord de mer le temps de l'été, pendant son road-trip en Europe. C'est donc ma tante qui se charge de la gestion et après l'avoir eu au téléphone, ma mère en a décrété que de me faire bosser là-bas allait me servir de leçon.

Même si je ne suis pas motivée et que, à choisir, j'aurais préféré rester enfermée dans ma chambre tout l'été ; je tire quand même un avantage à partir à l'autre bout du pays. Premièrement, je n'aurais pas à supporter ma mère, ni mon beau-père et mon demi-frère trop parfait. Aussi, ça me permettra de m'éloigner des vipères qui me servaient d'amies il y a encore deux semaines. Si le fait de travailler ne m'enchante pas plus que ça, de passer deux mois au soleil loin de l'Ohio et de Columbus, me réjouit au plus haut point. Adieu, ville maudite.

Je bronzerai sur le sable chaud de Venice Beach au lieu de supporter la piscine surpeuplée du vieux camping où ma mère veut qu'on aille tous les ans. De plus, ma putain de famille recomposée pourra enfin profiter d'un été sans l'insupportable Amber.

— Dépêche-toi, bon sang ! hurle-t-elle en bas.

Elle est stressée alors que ce n'est même pas elle qui prend l'avion. J'en déduis donc qu'elle a hâte que je me casse d'ici. Je dépose ma valise sur le sol et j'attrape mon téléphone. Sans attendre, je mets mes écouteurs, me coupant du monde extérieur et je pousse un long soupir en portant un regard lourd sur les murs de ma chambre. Ce violet bien trop foncé et mal appliqué va me manquer, mais si ma mère a hâte que je dégage, j'espère qu'elle est au courant que, moi, je suis surexcitée à l'idée de ne pas voir son visage pendant deux mois. Si seulement elle avait su que de m'envoyer là-bas changerait ma vie pour toujours...

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