Chapitre 4

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« Les fêtes n'existent que pour colorer les angoisses. »

-   Léonor Fini

       Nous sommes vendredi et comme me l'a expliqué ma tante ; je ne travaille pas le vendredi. Fort heureusement, parce que le voyage m'a lessivée et j'avais besoin de dormir.

Hier soir, quand ma tante est rentrée, les amis de Klaus sont partis et nous avons mangé tous les trois. Ce fût une conversation banale autour d'un gratin de pâtes. J'ai dû expliquer ce que je comptais faire plus tard, alors j'ai inventé, parce que je ne sais pas ce que je veux faire. C'est quoi cette manie de demander à des adolescents ce qu'ils veulent faire de leur vie ? Bon sang, je n'en sais rien et si je le dis, on va me faire comprendre que c'est grave. J'ai dix-sept ans, désolée de ne pas savoir ce que je veux faire pour le restant de mes jours.

Toutefois, même si la discussion d'hier soir n'était pas très agréable, de m'être réveillée ce matin avec les rayons de soleil de la Californie m'a mise de bonne humeur, ce qui est extrêmement rare. Je me suis levée du bon pied, j'ai pris une bonne douche, je me suis habillée et depuis, je dessine.

Si il y a bien quelque chose que j'adore, c'est dessiner. Depuis toute petite, je ne fais que ça. Mon père m'achetait sans arrêt des carnets dans lesquels je pouvais dessiner. Au fur et à mesure, c'est devenu une habitude. Aujourd'hui, les carnets sont un peu mes journaux intimes. Actuellement, j'en tiens un que je ne vais pas tarder à finir où j'ai exprimé tous mes sentiments sous forme de dessin. Personne n'a jamais ouvert mes carnets, particulièrement celui-ci, parce qu'il retrace les pires périodes de ma vie. Certaines pages sont déchirées, d'autres sont froissées à cause des larmes qui ont coulé sur le papier. Je me surprends moi-même à être une personne aussi artistique, mais c'est bien ce que je suis. Ce matin, j'ai décidé de dessiner une silhouette sans visage recouverte de cicatrices qui semblent guérir au soleil. Seulement, je ne sais pas encore si les cicatrices guérissent réellement ou si au contraire, elles brûlent. Je ne saurais pas expliquer mes dessins mais ils sont tous le reflet d'une émotion et d'un sentiment.

Soudain, ma porte s'ouvre et paniquée, je referme subitement mon carnet et je tente de le cacher. Ce n'est que Klaus.

Il se laisse tomber sur mon lit et enfonce sa tête dans un coussin en grognant.

— C'est quoi l'intérêt ? Tu pouvais aussi rester dans ton lit, dis-je.

Il ne me répond pas. Je me redresse en arquant un sourcil.

— Sors de ma chambre, je poursuis en écrasant un coussin sur sa tête.

Il ne bouge pas et marmonne un truc que je ne comprends pas. Je lève les yeux au ciel, comprenant qu'il ne bougera pas si il n'en a pas envie. Ça me surprend que Klaus se comporte comme ça avec moi, comme si nous ne étions jamais quittés. On dirait que rien n'a changé et je commence à me demander si c'est pas moi qui suis un peu trop dure.

Je range mon carnet dans le tiroir de la table de chevet et j'attrape mon téléphone. Je m'installe confortablement et j'ouvre Instagram. Je descends mon fil d'actualité, les yeux rivés sur des gens ayant une vie bien meilleure que la mienne. Mon ventre se noue quand une photo de mes « amies » apparait. Elles sont ensemble et si j'en crois le paysage, elles sont dans la maison de Veronica dans les Hamptons. Je pousse un long soupir, bien plus touchée par cette photo que je ne le voudrais. Je décide donc de verrouiller mon téléphone, à peine cinq minutes après l'avoir allumé et je me lève. J'ouvre la fenêtre et me penche légèrement au bord de celle-ci. Il fait très chaud aujourd'hui et ça me donne envie de faire autre chose que de rester enfermer dans ma chambre. Je m'approche alors de Klaus et je lui tapote le dos.

The Summer JobWhere stories live. Discover now