Chapitre 1

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« Ce qui est bien dans le fait d'être soi-même, c'est que vous l'êtes toujours. »

-   Michelle Cole

        Je n'ai pas l'habitude de prendre l'avion mais une chose est sûre : je déteste ça. Néanmoins, je ne sais pas si je déteste plus le fait de devoir rester assise pendant des heures ou de devoir attendre ma valise au milieu d'un afflux de personnes stressées. On dirait que leurs valises contiennent tout l'or du monde.

À choisir, je dirais que d'avoir passé un vol de plusieurs heures coincée entre un homme enrobé qui ronflait comme un ours et une femme avec son bébé qui ne cessait de pleurer est bien pire que de devoir attendre ma valise au sein d'une foule épaisse. Une main sur la lanière de mon sac à dos, je fixe désespérément les bagages. Il fait tellement chaud ici, et quand ma valise pointe le bout de son nez, je sens des gouttes de sueur perler sur mon front.

Enfin en possession de mes affaires, je me dégage de la foule et je m'avance vers la sortie en consultant mon téléphone. Cet aéroport est immense et j'ignore comment est-ce que je vais faire pour retrouver ma tante que je n'ai pas vu depuis trois ans. Elle m'a envoyé un message pour me signaler qu'elle se trouve devant l'aéroport avec une grosse voiture rouge. Fidèle à moi-même, je pousse un long soupir et je traine ma valise.

Quand je sors de l'aéroport, la chaleur me frappe et le soleil tape directement sur ma peau pâle. Le climat en Californie, ce n'est pas un mythe.

Je plisse les yeux à la recherche d'une voiture rouge, comme elle me l'a décrite. Je continue de m'avancer avec la main en guise de visière et quand un rouge étincelant m'aveugle, j'aperçois enfin ma tante adossée contre une Jeep rouge.  Je ne suis même pas encore face à elle que je lève discrètement les yeux au ciel. Une fois à proximité, elle remonte ses lunettes sur son crâne, entrainant ses cheveux bruns en arrière, et lisse sa robe à fleurs. Un large sourire se dessine sur son visage et mon cœur rate un battement quand elle ouvre grand ses bras.

Qu'est-ce que je suis supposée faire ? La prendre dans mes bras ?

Pitié, non. J'esquisse un sourire gêné et je ne peux pas repousser son étreinte quand elle m'enroule de ses bras avec enthousiasme.

— Amber, ça fait tellement longtemps ! se réjouit-elle.

Je suis tout à fait d'accord avec elle, ça fait longtemps. Bien trop longtemps pour qu'elle me prenne dans ses bras comme si nous nous étions quittées hier. Elle me serre fort contre elle, m'étouffant presque, comme si je lui avais manqué. Seulement, je ne l'ai que très rarement vu après le départ de mon père.

Quoi qu'il en soit, elle finit par se reculer afin de déposer ses mains sur mes épaules. Elle me regarde, ses yeux brillent.

— Tu as tellement grandi, mon Dieu !

Logique, je ne l'ai pas vu depuis trois ans. Je prends sur moi quand elle dépose ses mains sur mes joues. Renvoyez-moi à Columbus, s'il-vous-plaît.

— Tu es magnifique, tu ressembles tellement à ta mère !

C'est décidé, je fais demi-tour et je demande un allé simple pour Columbus. Si elle se met à pleurer, je jure que j'appelle ma mère et je la supplie de m'emmener avec elle au camping. C'est pour dire à quel point je suis gênée et désespérée.

Dieu merci, elle n'en rajoute pas et au lieu de ça, elle se charge de ranger mes bagages dans le coffre. De mon côté, j'ouvre la portière du côté passager et je grimpe dans la voiture. Je n'attends pas qu'elle soit revenue pour mettre ma ceinture. Une douce odeur de citron émane du petit sapin suspendu au rétroviseur. Enfin, elle s'installe derrière le volant en m'accordant un petit sourire et elle met le contact.

The Summer JobWhere stories live. Discover now