Chapitre 1:

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Un reste d'effluve du café insipide servi dans mes locaux contre les papilles je me dressais face aux grandes fenêtres de mon bureau pour mon rituel du soir. J'observerais comme toujours les lumières de la ville danser sous mes yeux entre les lampadaires longeant les rues, les hauts immeubles voisins du mien et les phares de voitures se mouvant sensuellement à travers les différentes routes entre croisées de New York, avant de disparaître quelques mètres plus loins derrière les divers bâtiments et arbres ornant le paysage. Un sourire fier dérangea la ligne continue de mes lèvres au fur et à mesure que cet habituel sentiment de pouvoir inonda mes veines avides d'autorité. Mon bureau au sein du cabinet d'avocat Lenny & Ben, l'un des plus prisés de la ville et du pays m'offrait une vue tout en hauteur sur New-York, ce qui était très loin de me déplaire. À vrai dire, j'appréciais sans doute plus que de raisons le fait que chaque habitant était obligé de lever la tête pour m'apercevoir du haut de ma tour, alors que, tête baissée sur la rue étalée sous mes pieds et café en main je semblais tenir en mains les rênes de la ville et en diriger la moindre petite fourmis. En temps qu'employé le plus indispensable du patron Lenny Benson j'étais à l'étage le plus élevé du bâtiment, celui même du grand patron, faisant trembler de peur des centaines d'avocats à travers le bâtiment, constamment sous la menace de se faire virer sans préavis.

La jungle était un havre de paix à côté de l'ambiance régnant à travers le cabinet dans le quel je passais le plus clair de mon temps depuis cinq longues années déjà. J'avais à mon arrivée très vite quitté la faiblarde basse cours que formaient les nouveaux avocats fraîchement employés dans l'entreprise surtout vu comme de la volaille inutile. J'avais rapidement creusé ma place dans les hauts bureaux remportant chacun de mes procès tout en prenant bien soin de me charger des affaires les plus difficiles que tous refusaient. J'avais gravi les échelons en quelques mois seulement comme sûrement seulement une poignée d'avocat de renommée avaient suent le faire depuis la création de l'entreprise et était rapidement remonté aux oreilles du grand patron comme jeune diplômé pourtant indispensable du haut de mes faibles 22 ans. J'avais fait pâlir d'envie les nouveaux employés bercés de rêves et d'illusions, et les plus vieux, que les années n'avaient toujours pas délogés du rôle d'employé insignifiant de l'entreprise, me réservant une place auprès du patron qui aurait du me prendre des années à être acquise.

Lenny Benson, l'homme portant le nom de ce cabinet célèbre à travers les âges et les milieux était même plus avide de pouvoir que moi, ce qui m'avait toujours paru être impossible. Un homme rondouillard, les joues rougies par une trop forte consommation de whisky au boulot et une cinquantaine d'années de bagage derrière lui était l'homme le plus craint de la ville, rôle que moi-même je lui enviait. Il avait prit pour habitude de virer un employé par semaine pour motiver les troupes et les pousser à la compétition, les laissant presque s'entre-tuer les un les autres pour ne pas être celui qui quittera le navire. Du haut de ma cage dorée qu'était ma place de privilégié au sein de l'entreprise que j'avais su m'attribuer des fruits d'un dur labeur, j'étais sans aucun doute exempte de cette tyrannie, sachant parfaitement moi-même combien ma présence était un bien dont l'entreprise, et le grand patron, ne pouvaient se passer. Je méritais malgré tout ma place n'ayant que peu de temps libre passé hors de l'entreprise, parfaitement conscient de laisser ma carrière se nourrir peu à peu de ma sociabilité et ma liberté, sans ne jamais m'en soucier. L'ascension vers le sommet était la seule chose qui rythmait mon esprit, l'unique but à atteindre, et définitivement, une ombre régnait au tableau, j'avais vraisemblablement atteint le maximum de mes possibilités. Ma seule chance d'évolution aurait été de prendre la place du grand patron, ce qui, de toute évidence, n'était encore dans les plans de personnes, ni même des miens, bien trop pied sur terre pour me permettre de croire en cette éventualité. Ce bougre s'accrochait à son travail corps et âmes et repoussera sans aucun doute sa date de retraite jusqu'à mourir derrière son bureau, son habituel verre de Jack entre les lèvres.

Alizéa - Larry (Terminé)Where stories live. Discover now