Chapitre 2

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Le lendemain, à Karasuno, Kageyama se jette dans les papiers avec son acharnement habituel.

Il lit les rapports des systèmes de sécurité, pourtant diversifiés au maximum pour éviter la manière de procéder du voleur, à savoir tout désactiver d'un coup ; mais d'une manière ou d'une autre, le cambrioleur prodige a cassé tous les codes, et toutes les dispositions mises en place pour l'empêcher d'atteindre sont but ont été anéanties. A l'exception de la caméra indépendante à l'entrée, qui a capturé une brève image, sur laquelle Tobio revient toujours.

Il y a bien des gardiens, mais jamais ceux-ci ne font mention d'avoir vu ou entendu quelque chose de suspect. Ces témoignages confortent Tobio dans sa représentation mentale d'un voleur fantôme, souple et félin, arpentant sans bruit les couloirs obscurs d'un musée... Une nouvelle fois, le désir de le surprendre, de se tenir face à lui, le submerge avec violence.

Il possède un tableau, accroché au mur à côté de lui, où il place sur une carte les différents lieux des cambriolages, les différentes photos des suspects ; il espère ainsi qu'une vue d'ensemble lui permette d'établir de nouvelles liaisons, de découvrir des connexions qui le mèneraient à la vérité. Il se tient debout face à ce tableau des heures entières, ajoutant des mots, déplaçant des photos et de petits panneaux, mais rien n'y fait ; impossible de repérer une seule faille dans l'action du cambrioleur, et au désespoir de Tobio se mêle une admiration sincère.

Hinata lui fait remarquer qu'il semble moins sur les nerfs, ce jour-là, et Tobio confesse la sortie de la veille. Son coéquipier lui présente un sourire plein de sous-entendus, que l'inspecteur préfère ignorer ; pour éviter de devoir trop se livrer, il l'envoie sur le terrain, au musée, chercher des traces qu'il se doute déjà être inexistantes.

Il rentre chez lui dans le noir et la neige, et c'est avec joie qu'il retrouve la chaleur de son petit logement. Il s'assied quelques instants avant de se décider à préparer à manger ; alors qu'il choisit les aliments dans son frigo, il entend qu'on frappe à la porte, et il n'a pas encore répondu que la porte s'ouvre.

-Tobio-chan, sors la tête de ton frigo ! J'ai ramené à manger !

Kageyama se redresse, hébété, pour tomber nez à nez avec Oikawa brandissant deux cartons à pizza. Il se hâte de faire un peu de place pour que son voisin puisse les poser, et ils se retrouvent comme d'habitude, assis côte à côte dans le canapé en train de manger. Tobio se fait la remarque que les choses ne seraient pas différentes s'ils étaient colocataires ; et cette idée, qu'il aurait cru désagréable pour toujours avoir voulu être seul, lui semble étrangement supportable.

-Je n'ai pas ramené à boire, par contre, s'excuse Oikawa.

-Ah, ce n'est rien, se hâte de répondre Tobio.

Il se lève dès qu'il a terminé, fouille un instant dans ses poches de manteau pour retrouver son portefeuille :

-Combien je te dois ?

-Oh, rien du tout !

Kageyama fronce les sourcils. Oikawa a déjà payé la veille, il ne va quand même pas continuer ! Tobio secoue catégoriquement la tête :

-Pas question, je te rembourse.

-J'ai de l'argent, Tobio-chan. Ce n'est pas parce que je vis ici que je suis pauvre, tu sais ?

La moue s'accentue sur le visage de Kageyama. Il a tenu pour établi, jusqu'à présent, qu'Oikawa est quelqu'un de plutôt fainéant, qui n'a pas de profession et qui se contente de trouver quelqu'un pour vivre à ses crochets –enfin, c'était ainsi qu'il avait perçu leur relation, au début. L'idée qu'il puisse avoir un métier lui semble presque cocasse.

Voler son CœurWhere stories live. Discover now