Chapitre 5

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Le sang de Kageyama ne fait qu'un tour quand il voit les voitures de police foncer vers le musée. Laissant là Hinata, l'addition, ses assiettes vides et son manteau, il se précipite dehors et court vers le lieu du cambriolage. C'est à peine s'il sent le froid glacial, tellement l'adrénaline électrise ses veines ; il manque de déraper sur la chaussée détrempée, se fait klaxonner en traversant au hasard, mais finalement arrive au musée.

Les voitures de police sont bien là, garées en travers de la voie. Des hommes sont dehors près des véhicules et autour de l'entrée, armés et équipés de gilets pare-balles. Kageyama ne se laisse pas même le temps de reprendre son souffle avant de se précipiter vers eux et de brandir sa carte d'inspecteur :

-Qu'est-ce que vous faites ici ? L'opération devait se dérouler sans personne !

-Changement de programme, lui répond un policier. Le voleur est à l'intérieur avec nos policiers, et on est venus en renfort au cas où il se sauverait.

-Des policiers à l'intérieur ? s'indigne Tobio. Bande d'imbéciles ! Ce n'était pas ce qu'on avait prévu !

Un gradé, non loin, lui jette un regard méprisant :

-C'est à la police de régler ses enquêtes, monsieur l'inspecteur. Maintenant, laissez faire les professionnels.

Kageyama s'apprête à répondre avec virulence, outré qu'on lui parle sur ce ton et qu'on saccage son travail, mais des coups de feu retentissent tout à coup, et tout le monde se baisse par réflexe. Des murmures anxieux parcourent les policiers : qui a tiré ? Le cambrioleur, ou l'un des leurs ? Les secondes s'égrènent, insoutenables, avant qu'un policier n'apparaisse sur le porche du musée :

-Une ambulance ! Appelez une ambulance !

-Qui est blessé ? interroge le gradé.

-Tout est bon pour nous ! crie le policier en désignant son gilet pare-balles. C'est le cambrioleur !

Kageyama sent son cœur se serrer, étrangement, comme s'il s'était finalement attaché à ce voleur mystère. De savoir qu'il était blessé, ou d'être sur le point de découvrir son identité et mettre un terme à une chasse de plusieurs mois ? Faisant fi de tous les policiers en armes autour de lui, il franchit la ligne de sécurité et s'avance dans le musée.

Il se dirige machinalement vers la salle de la parure, croise des policiers sans les voir ni les entendre. Finalement, lorsqu'il entre dans la pièce, l'électricité a été rétablie, et la lumière révèle la parure, au sol, la vitre de protection brisée ; une dizaine de policiers épars, et enfin, dans un coin, assis contre un mur, une silhouette vêtue de noir.

Tobio sent son cœur s'arrêter en se dirigeant vers elle. La première chose qu'il remarque, et qui le trouble, sont les cheveux blonds du voleur, qui a le visage tourné vers le bas. Il se tient une épaule, et c'est là, suppose Tobio à voir ses doigts ensanglantés se crisper sur le tissu noir, qu'il a été touché.

Le cambrioleur relève la tête, et Kageyama reconnaît en lui les grands yeux morgues et la moue arrogante de Miya Atsumu. Il n'en ressent aucune joie, contrairement à ce qu'il avait espéré. C'était tellement attendu, tellement prévisible, qu'il ne goûte aucune victoire à voir ce voleur défait sous ses yeux.

Miya lui lance un regard dédaigneux, mais ne dit rien, occupé à compresser son bras blessé. Kageyama le contemple longuement, essayant de juger de sa valeur ; puis Hinata apparaît tout à coup à côté de lui en poussant des cris excités.

-C'était lui ! On le savait, Kageyama ! Je te l'avais dit !

Tobio se contente de hocher la tête. Puis les secours interviennent, et Miya est emporté pour se faire soigner ; dans un coin, l'officier dispute le policier responsable d'avoir tiré sur lui. Les gardiens de nuit sont là aussi, hésitant à remettre la parure en place. Tout se passe lentement, et l'inspecteur n'a qu'une hâte, celle de rentrer.

Voler son CœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant