Chapitre 10

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-Un million de dollars, murmure Oikawa, atterré.

-Un million, répète Iwaizumi, la mâchoire décrochée.

Tous les deux se retournent d'un même geste vers Tobio avec des yeux écarquillés, mais l'inspecteur lui-même est figé, fixant sans la voir l'image de son directeur à la télévision, qui parle encore :

-Le lieu de l'échange sera à déterminer avec les ravisseurs si jamais ceux-ci sont intéressés et nous contactent... Ce qu'ils feront, je l'espère de tout cœur.

La conférence disparaît pour revenir au plateau télé, où la présentatrice se hâte de répéter les conditions de la rançon. Iwaizumi éteint la télé, puis se met à arpenter la pièce de long en large, se passant les mains dans les cheveux d'un air agité ; se retournant vers Tobio :

-Un million. Bordel, tu craches de l'or ou quoi ?

-J'ai résolu beaucoup d'enquêtes, répond Kageyama sans ciller. Parfois pour des clients très riches. Et si Karasuno me récupère, j'en résoudrai encore.

-Attends, attends Iwa-chan, s'exclame Oikawa en se levant du canapé. La somme a beau être énorme, si on garde Tobio, mes cambriolages finiront par atteindre l'équivalent du même montant.

Kageyama fronce les sourcils. Le voleur n'a pas tort, mais cela prendrait probablement des années... Des années que lui devrait passer ici, en compagnie de ses deux gardes.

-Mais on se ferait plus d'argent si on rend Kageyama et qu'en plus tu continues tes vols, non ? suggère Iwaizumi. Ils nous payent, on rend l'otage, on oublie tout. Et tu continues comme avant.

Oikawa secoue la tête :

-Une agence ne laissera pas filer les coupables pour autant, même une fois l'otage rendu. C'est une garantie pour sa vie, pas pour notre avenir.

-D'accord, d'accord.

Iwaizumi souffle profondément, et s'assoit sur l'accoudoir d'un fauteuil, apparemment en pleine réflexion :

-On a plusieurs options, alors. Soit on garde l'otage et tu continues tes vols ; on n'a pas la rançon, mais on touche l'argent de la vente de ton butin.

-Certes, sauf si Tobio s'évade et nous retrouve, auquel cas on perdra à la fois la rançon et notre liberté.

Kageyama ouvre la bouche, prêt à intervenir, un peu lassé d'entendre parler de lui à la troisième personne, mais Oikawa se tient désormais derrière le dossier du canapé et lui pose une main dans les cheveux ; tendresse subite, substitut d'accoudoir ou simple rappel de sa présence, Tobio ne sait pas le deviner, mais cela suffit à le dissuader de parler.

-Ou bien on rend l'otage, on reste hors de portée de la police, et on reçoit la rançon et le butin qui suivra.

-Encore faut-il rester hors de portée de la police, remarque Oikawa.

-En gros, s'énerve finalement Iwaizumi, ce que tu veux dire, c'est que si on touche la rançon, on finit par se faire arrêter, c'est ça ?

-C'est ça, répond calmement Oikawa. Parce que rançon dit Tobio de retour à l'agence, Tobio qui sait qui nous sommes, où nous allons, comment nous procédons.

-Donc on devrait oublier le million ?

-Oui. La rançon fonctionnera comme un piège... Alors on ferait mieux de garder Tobio avec nous.

Iwaizumi plisse ses yeux clairs. Son regard se pose sur Kageyama une fraction de seconde avant de remonter sur Oikawa et s'y attarder longuement ; l'inspecteur devine un duel de deux volontés. Les doigts d'Oikawa se crispent un peu entre ses mèches de cheveux.

Voler son CœurWhere stories live. Discover now