Chapitre 27

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« Nous sommes tous un peu brisés, mais la dernière fois que j'ai vérifié, les crayons cassés colorent toujours de la même couleur. »

- Anonyme -

Ethan

Emilia et moi étions assis sur un canapé, comme deux enfants qui avaient faits une grosse bêtise. Monsieur Floyd était assis en face de nous, penché en avant, les coudes sur ses cuisses et ses mains jointes sous son menton. L'ambiance dans la pièce était particulière. Depuis combien de temps n'ai-je pas eu peur de me faire réprimander ?

- Tu m'as dit que tu allais voir Erica Nateh, commença le père d'Emilia.

- Oui, parce que je me doutais que vous vous imagineriez des choses si je sortais au milieu de la nuit pour voir un garçon.

- Et est-ce que j'ai raison de m'imaginer des choses ?

- Non, nous répondîmes d'une même voix.

Nous échangeâmes un regard.

- Je suis émancipé, expliquai-je. Mon frère passe régulièrement pour s'assurer que tout va bien et que j'ai pas transformé la maison en squat.

Je remarquai qu'Emilia tiqua lorsque je mentionnai mon émancipation. Son père haussa les sourcils, parce que généralement on ne se faisait pas émanciper si on avait une brillante vie de famille. Quant à moi, je gardais ma façade de garçon pour qui tout va bien en me demandant s'il remarquerait la bouteille de vodka sous la table basse. Ou s'il se formaliserait de l'odeur de cigarette qui ne quittait plus la pièce. Je me forçai à sourire.

- J'avoue que je me sens un peu seul parfois et mes amis ne peuvent pas vraiment passer leur vie avec moi alors Emilia passe assez souvent.

Je voulais lui faire oublier mon impolitesse lorsque je l'avais trouvé devant ma porte. Un faux sourire était vraiment de rigueur.

- Qu'est-ce que vous faites, tous les deux, seuls, dans cette maison ?

- On regarde des films, on traine sur la plage, on joue aux jeux vidéo, on parle, expliqua Emilia. Ce que font les amis.

- Est-ce que vous sortez ensemble ?

- Pas du tout.

- Non ! répondit Emilia en même temps.

- Mais vous passez tout votre temps, seuls, ici ?

Le père d'Emilia avait du mal à y croire.

- Non. Parfois certains de ses amis sont là aussi.

Casey n'est venu avec elle qu'une fois mais soit.

- Et dernièrement je sortais plus parce que j'allais voir Béa. Elle était triste.

- Tu m'as dit la même chose pour une certaine Erica Nateh.

- Papa, j'ai inventé Erica Nateh parce que vous étiez déjà paniqués. Béa est réelle, vous la voyez tous les matins quand elle vient nous chercher pour aller au lycée. Disons qu'elle s'est disputée avec Rebecca et c'est dur pour elle alors je l'aide.

- Alors tu as passé toutes tes vacances à aller de l'un à l'autre pour leur tenir compagnie ? C'est pour ça que ta sœur nous dit qu'elle t'a à peine vue ?

Je me tournai vers Emilia. Je ne m'étais jamais vraiment posé de question. Emilia venait quand je le demandais, parfois même quand je ne disais rien. Elle restait quelques heures puis repartait, et déjà j'avais l'impression qu'elle passait beaucoup de temps ici. Mais si en plus elle allait voir son amie, elle devait passer pas mal de temps loin de sa famille. Pas mal de temps à aider les autres. Personne ne m'attendait lorsque je rentrais, je pouvais sortir toute la journée sans problème. Il n'y avait personne pour me réprimander, personne pour s'inquiéter du fait que je passais une bonne partie de mon temps libre seul avec une fille.

Je t'apprendrai à volerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant