Chapitre 9

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Sofka retrouva Fukuda au commissariat. Après la lecture du testament, la foule s'était dispersée et seuls quelques amis et membres du clan étaient restés auprès de la veuve. Ellik Var ne s'était pas attardée alors Sofka était restée pour laisser traîner ses oreilles un peu. Cela lui permis d'identifier certains membres du clan. Aucun ne semblait être vraiment familier avec Ujali, qui ne devait avoir rejoint les Ganapuli que par son mariage, contrairement à ce que Sofka avait supposé.

Fukuda avait alors envoyé un message lui demanda de le rejoindre au bureau pour examiner les résultats des analyses de la veille. Il l'attendait au pied du bâtiment, les yeux fixés sur sa tablette, pour changer.

- Tu as pu parler avec la rivale ? demanda-t-il lorsqu'elle approcha.

- Oui, mais je n'en ai pas tiré grand chose. Bien évidemment, elle assure que sa compagnie s'en tire assez bien sans qu'elle ait besoin d'assassiner Dyal, et bien évidemment elle travaillait hier toute la journée.

Fukuda ricana en hochant la tête.

- Et toi ? répliqua Sofka. Tu as parlé avec le fils ?

L'humain rangea sa tablette et poussa la porte du commissariat en lui faisant signe de le suivre. Ils s'engagèrent à l'intérieur dans le dédale de vieux couloirs qui conduisaient au sous-sol, vers les laboratoires et la morgue.

- Un peu, oui. Il ne s'attendait pas à recevoir l'entreprise. Il étudie la littérature, ce qui n'enchantait pas son paternel. Leurs rapports avaient l'air plutôt tendus.

- Donc tu le rayes de la liste des suspects ?

Fukuda haussa les épaules.

- Pas encore. Il pourrait parfaitement jouer la comédie, avoir su pour le testament et ne pas avoir eu la patience d'attendre pour recevoir son héritage.

Les serpents de Sofka acquiesçèrent sans qu'elle n'ait à le faire. Il avait raison, il était trop tôt pour éliminer les possibilités les plus communes. Les résultats leur permettraient de le faire, avec un peu de chance.

L'air du sous-sol était frais mais tellement bourré de neutralisants à magie que Sofka ne s'y sentait jamais à son aise. Les gorgones étaient des êtres anciens, et bien que cela se soit largement dilué avant la naissance de Sofka, elle avait de la magie dans le sang. Ses serpents se peletonnèrent contre son cou, poussant de petits sifflements contrariés. Elle leur donna une caresse, sachant bien qu'ils ne s'apaiseraient qu'une fois qu'elle serait remontée à l'étage. Fukuda, qui était ici chez lui, la guida jusqu'au bon laboratoire. Le docteur qui avait prévenu Fukuda les reçut. C'était un faune en blouse blanche avec de petites cornes adorables et qui arrivait au niveau de la poitrine de Sofka. Elle n'adressa qu'un regard à la détective avant de se tourner vers Fukuda.

- Ah te voilà, Masami-kun. Entre, entre, mon lapin.

Sofka haussa les sourcils et se tourna vers son second avec de grands yeux. Il fit mine de ne rien voir et de prétendre que la situation était tout à fait normale. La faune frappa quelques touches sur un clavier et fit apparaître un graphique sur le grand écran à son bureau.

- C'était un sacré bordel, cette scène de crime, pas vrai ? Tous ces résidus, pouah ! Ca m'a pris un moment de tout démêler, certains sortilèges étaient sacrément complexes.

- Je savais que tu y arriverais, répondit Fukuda sur un ton affectueux. Tu peux me détailler tout ça, s'il te plaît Carys ?

La doctoresse acquiesça et se percha sur un haut tabouret pour être à la hauteur de l'écran. Sofka s'approcha et attendit les explications car elle était incapable de déchiffrer la série de chiffres et d'acronymes.

La Gorgone et la BotanisteWhere stories live. Discover now