Billie

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Depuis que j'ai commencé à traîner avec Alicia, mon style s'est affirmé. Elle m'a aidée à devenir celle que je suis aujourd'hui, avec mes vêtements larges et mes chaînes autour du cou. Je suis moins introvertie et j'ose plus.

Quand elle m'a dit qu'elle pensait à quitter son copain, j'ai ressenti une sorte de soulagement et d'espoir. Mais en même temps je m'en voulais. Je m'en voulais de me réjouir du malheur d'autrui, qui plus est du malheur de mon amie. D'autant plus que je ne savais même pas si elle était attirée par moi.

Je refoulais mes sentiments. Je faisais tout ce que je pouvais pour ne pas ressentir ce manque alors qu'elle est juste à côté de moi, cette envie de passer ma main dans ses cheveux, de poser ms lèvres sur les siennes et de sentir son corps contre le mien. Je regardais d'autres filles, je m'empêchais de penser à elle, j'essayais tout ce que je pouvais essayer.

Sauf qu'à me bluffer moi-même je ne faisais qu'accroître mes sentiments.

C'est comme si je refermais le couvercle qui chauffait encore plus l'eau. C'est comme si je jetais moi-même la pierre dans le gobelet pour tout faire déborder.

Je commençais à me sentir mal. Des amoures non-réciproques, j'en avais connu. Mais là c'était différent. C'était plus fort, plus vrai aussi. Cette fille, elle incarnait tout ce que j'aimais chez quelqu'un. Une brune aux yeux marrons, fine et légèrement musclée, assez grande, à la fois féminine et masculine, des longs cheveux ondulés lui tombant jusqu'aux omoplates. Elle pouvait être très douce comme agressive. Elle n'avait pas de gène, pas de préjugés, pas de limites. Pour elle, s'amuser constituait les trois quarts du temps. Le danger, les interdits, ça lui passait au-dessus.

Et puis on s'entendait tellement bien. On avait des tas de délires en commun. Je me sentais juste bien. Le matin, ça n'était pas pour aller en cours que j'étais motivée à me lever. Je me disais que j'allais la revoir.

Et maintenant? Pourquoi je me lève le matin?

Pourquoi je dois faire cet effort, pour passer une journée à souffrir, et une nuit pleine de cauchemars?

Pourrais-je simplement ne plus me lever?

Si seulement nous étions deuxWhere stories live. Discover now