Billie

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Le vent se fait de plus en plus fort. C'est comme s'il me poussait, comme s'il m'entraînait. Il fait froid. Le vent et le froid. Tout ce que je déteste. De toute façon, ces derniers temps, qu'est-ce que je ne déteste pas?

Il y a une larme qui coule sur ma joue. Elle me pique d'abord la pupille, s'enfuit vers le coin de mon œil, descend jusqu'à mon menton et finit par s'échouer sur le sol.

"Comme moi dans cinq minutes si elle n'arrive pas..."

Non. Cette fois je ne reculerai pas.

La chaleur de la larme sur mon visage me rassure un peu. Il y a encore quelque chose de beau en moi, même si c'est une larme. Je lis encore et encore le message que je lui ai laissé. Je lui ai bien précisé l'heure, l'adresse, et... de quoi il s'agit. Alors qu'est-ce qu'elle fait?

Depuis qu'on a rompu il y a un mois, mon monde s'est écroulé. Du moins ce qu'il en restait. J'ai toujours été si malheureuse. Mais je n'ai plus la force. Je ne peux juste pas continuer.

Alors je lui ai dit de me rejoindre sur le toit de mon immeuble. Avant minuit. Parce qu'à minuit, si elle n'est pas là, je sauterai.

"23h56. Encore 4 minutes."

Je n'aurai pas de regrets. Le monde qui m'entoure est si beau et effrayant. Du toit je peux voir des gouttes d'eau à travers la lumière crue des lampadaires. Il commence à pleuvoir. Tout est si paisible. Je vois au loin des lumières dans le ciel. La nuit est envoutante.

Je veux savoir si elle tient encore à moi.

Je fouilles mes poches et en sort la copie de ma lettre de suicide. Wouah, même si je suis sur le point de sauter d'un toit, ce mot m'effraie toujours autant, il est toujours un peu tabou. La faute à cette putain de société. Les gens voient le mal en un tel acte.

Mais pour moi, c'est différent. C'est du courage. Courage devant la mort, courage de faire du mal à ses proches.

Et bien, les cinq minutes se sont écoulées. Je me retourne une derrière fois, pour dire adieu à cette vie, à mes amis, à tout l'univers si j'en étais capable.

Devant mes yeux, immobile et livide, je revois son visage. Son si beau visage. Aujourd'hui, elle a lissé ses cheveux. C'est comme ça que je la préfère, elle le sait bien.

Immobilisée par le choc, je la laisse venir à moi. Cela me semble être une éternité.

Ses yeux pleurent. Elle me prend dans ses bras dès qu'elle arrive à ma hauteur. Elle sanglote dans le creux de mon cou.

Cette soirée durant laquelle tout devait finir s'étire et s'inscrit dans mon histoire, dans notre histoire. Je ne sais pas ce qu'il va se passer ensuite. Tout ce à quoi je pense, c'est à son corps serré contre le mien, à mes larmes dans son cou.

Si seulement nous étions deuxحيث تعيش القصص. اكتشف الآن