Billie

550 26 4
                                    

J'ouvrais les yeux un instant, et me retrouvais de nouveau loin d'elle. Je la regardais danser, un verre à la main. Un tas de questions s'entrechoquaient dans ma tête. Qu'est-ce qui allait se passer? Est-ce qu'il y a ne serait-ce qu'un pourcent de chances que les choses se passent ainsi? Est-ce que je devrais me jeter à l'eau? Je n'aurais peut-être pas d'autre chance. Mais j'ai si peur. Oui, j'ai peur. J'ai tellement peur de me mettre à nu, de sauter à pieds joints dans quelque chose que je ne mérite peut-être pas. Comment je pourrais mériter quelqu'un comme elle? Je ne peux pas être sûre de ce qui arrivera ensuite. Mais je n'ai aucune raison de penser comme ça. J'ai juste à foncer, tout droit et sans réfléchir.

Mais si j'y ai pensé, si je l'ai imaginé, peut-être que ça peut arriver.

Je suis complètement perdue. Mais la musique et l'alcool m'entraînent, m'anesthésient le cerveau. Je me lance. Je fais un premier pas, puis un deuxième. Et je m'arrête.

J'avale une novelle gorgée, comme pour me donner du courage.

Ce n'est que ton imagination. Rien de tout cela n'est vrai Billie.

Mais ça semblait tellement réel! Je me revois encore sur le toit de l'immeuble, à attendre qu'elle arrive. Je nous revois au lycée, je revois les messages qu'on s'envoyait. Je ressens la chaleur de sa main sur ma cuisse.

Tu as tout inventé. Rassure-toi, tout ça n'arrivera jamais.

L'auto-persuasion. Mon psy m'a conseillé ça. Je suis souvent en proie à des délires et j'imagine des choses qui se confondent avec la réalité. Parfois, je ne sais plus discerner mes hallucinations et mes rêves du vrai monde.

Je la vois se retourner vers moi, les pupilles complètement dilatées. Elle m'adresse à la fois un sourire et un petit signe de la main.

Qu'est-ce qu'elle est belle.

C'est vrai qu'en short et débardeur, je peux voir la blancheur de sa peau, les muscles de ses cuisses se dessiner alors qu'elle danse. Et j'adore ça.

Elle se retourne et reprends un verre. Je prends ma décision. Je marche d'un pas qui me semble assuré, mais je suis sûre que je ne marche même plus droit. Je pose une main sur son épaule.

Le temps est comme arrêté. Je n'entends même plus la trance, je ne ressens plus ses vibrations dans ma poitrine. Elle se retourne, surprise, mais je peux voir au fond de ses yeux du soulagement. Elle a un regard qui m'hypnotise. Je me penche doucement sur ses lèvres et l'embrasse.

Alors c'est à ça qu'elle ressemble, la réalité.

Si seulement nous étions deuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant