Au bord du gouffre

Chapitre 18 ✔

Yuki – 7 ans

- Elle n'est pas ici ! criait Kyoko en voulant me faire entendre raison.

Mais rien à faire ! Mes oreilles ne voulaient pas entendre ... Mon cerveau ne voulait rien comprendre ...

Yuko était ici ! Elle m'a parlé ! Elle est vivante et je dois la rejoindre !!

- Yuko !

- Regarde-moi gamine ... Regarde-moi ! insista-t-elle en prenant mon visage entre ses de mains pour planter son regard dans le mien.

- Gamine, ta sœur n'est pas ici. Commença-t-elle doucement.

- Si elle est ici ! Elle a parlé ! rétorquai-je en pleure tout en mettant mes mains sur ses poignets.

- Non elle ne l'est pas ici et elle n'a pas pu te parler ! Je sais que c'est dure gamine mais ta sœur n'est plus là et il va falloir que tu l'acceptes. Continuait-t-elle doucement.

- Tu mens ! Elle m'a parlé ! Elle est encore ici et elle m'attend ! objectai-je en lui donnant des coups de pied sur ses jambes pour qu'elle me lâche, ce qu'elle ne fit pas.

- Non elle ne t'attend pas ! répéta-t-elle plus fort. Et elle n'attendra plus rien ! Si elle voulait quelque chose, ça serait que tu vives heureuse.

Elle dit n'importe quoi ! Yuko était là et elle n'a juste pas eu le temps de me dire où elle était partie !

- Il faut que je la rejoigne !

- Tu ne dois rejoindre personne par contre tu as besoin de te calmer. dit-elle plus durement.

- Lâche moi !

Je devenais de plus en plus agressive et plantai mes ongles dans ses poignets pour la faire lâcher mon visage.

- Mai ! appela Kyoko en se sentant dépassée par ma violence extrême.

- Oui ? répondit la voix de sa fille après être entrée.

- Apporte moi une bougie à la lavande et allume là. Lui demanda-t-elle en gardant son emprise douloureuse.

Mai s'en alla chercher le matériel alors que je continuais sans relâche de marteler de coups de pied, de griffer ses poignets et de pleurer à chaudes larmes.

Elle passa ses bras autour de ma taille pour me soulever et me remettre au lit malgré mes mouvements brusques jusqu'à me bloquer les bras avec force. Je perdais peu à peu mes forces à mesure que ma rage s'éteignait. Mai revint avec une bougie de couleur violette et la posa sur la table de chevet avant de nouveau s'éclipser.

- Tu dois dormir, murmura calmement la jeune femme en me recouvrant d'une couverture, la lavande va te calmer et t'aider à dormir.

- Je n'ai pas envie de dormir. Répondis-je d'une voix enrouée

- Je sais gamine mais il le faut.

Elle me montra un petit sourire avant de fredonner une comptine avec douceur.

Je connaissais cet air, c'était une berceuse que je chantais à Yuko quand elle ne trouvait pas le sommeil.

- Je ne suis pas une enfant. Lui dis-je la gorge nouée.

Une larme glissa silencieusement sur ma joue en sentant mon esprit repartir au-delà des ténèbres de l'enfer dont je m'étais accoutumé.

Je ne pus discerner que son visage souriant avant de définitivement tomber dans un le sommeil.

- Bonne nuit Gamine ...

~~~

Mes paupières se rouvrirent dans une obscurité presque totale, troublée par le clair de lune perçant la fenêtre à travers ses carreaux et les rideaux blancs. J'avais le corps complètement engourdi et mon odorat percevait une fine odeur de lavande.

- Grande sœur. Susurra une petite voix au creux de mon oreille.

D'une fraction de seconde, je tournai la tête vers la source de cette voix douce. C'est là que se dessina une silhouette devant la porte. Ses longs cheveux blonds descendaient sur ses frêles épaules et la même robe blanche habillait cette petite fille qui était si importante à mes yeux. Elle avait ce même sourire rayonnant, ses petits bras derrière le dos annonçant sa timidité, ses pommettes légèrement rosées ...

Machinalement, je sortis du lit en repoussant les draps du le côté et avançai de quelques pas pour me retrouver complètement face à elle et ne lui laissant aucune échappatoire pour disparaître.

- Je savais que tu étais toujours vivante, j'ai bien fait de ne pas croire que tu étais partie sans moi. Lui murmurai-je prise d'une émotion violente au cœur.