57 ~ Sylath

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Alors qu'Hilvar s'enfuit, Ilashan répond à la question du vampire. Les faux-reproches qu'il lui sert le font sourire. Il n'a pas le cœur à rire, mais il sait que ces reproches n'en sont pas. Il est désagréable pour le mercenaire de savoir que la moitié du Temple pense qu'il est un esclave docile qui écarte les cuisses et tend la gorge pour le Flagelleur. Mais Ilashan est quelqu'un de pragmatique, et il doit être plus rassuré de découvrir que cette fausse rumeur lui garantit une réelle sécurité, que véritablement contrarié.

Sylath accepte sa proposition avec joie. Il a vraiment besoin de repos, et du sentiment de paix et de satiété que lui procure l'intimité de leur relation naissante. Il réalise tout en marchant avec Ilashan qu'il ne sait pas vraiment ce qu'ils sont l'un pour l'autre. Le mercenaire n'est pas son calice, pourtant il lui offre maintenant son sang avec la même prévenance qu'un esclave sensible aux besoins de son maître. Il est absolument certain qu'il n'est pas son esclave, mais c'est justement à présent qu'il ne fait aucun doute qu'Ilashan ne lui sera jamais soumis, que ce dernier le défie le moins et lui témoigne le plus de confiance. Ils sont amants, mais ils ne se comportent pas l'un avec l'autre comme des amoureux transis. Ils sont peut-être en train de devenir de réels amis aussi, mais c'est quelque chose que seul le temps confirmera. Ils seront bientôt compagnons de voyages, et peut-être d'autres choses encore, qui ne feront qu'ajouter à la confusion du vampire.

– Les éclaireurs partis chercher les chasseurs de prime enfuis sont rentrés dans la nuit, dit-il soudain, en réalisant que c'était la première chose qu'il voulait lui dire mais que la présence d'Hilvar a détourné son attention. Ils sont vivants tous les deux, ils ont eu froid et peur mais ils vont bien. Ils souffrent d'engelures et sans doute d'épuisement et de déshydratation. Mais ce n'est rien qu'Auria ne puisse guérir avec beaucoup de repos et des soins appropriés. Ils vont s'en remettre.

Lorsqu'ils arrivent dans leur chambre, Sylath rajoute du bois dans la cheminée et lui raconte rapidement qu'il a réussi à obtenir les confidences des novices. Il ne donne pas de détails, mais Ilashan l'a écouté et conseillé, et il tient à ce que le mercenaire sache que son avis lui a été précieux. Il lui explique aussi la sentence réservée à Ulrens et il lui dit quelques mots sur Jory, qui aurait besoin d'un maître.

Tout en parlant, il consulte rapidement des parchemins roulés qui ont été déposés pendant son absence sur le bureau encombré où il ne s'assoit jamais. Ce sont des chiffres et des comptes-rendus au sujet des travaux des dortoirs. Sylath les parcourt rapidement puis les abandonne sur le bureau. Il est trop las pour ça.

Il revient finalement vers Ilashan et réalise en le regardant qu'il n'est pas assez fatigué pour avoir envie de le toucher et ce constat le fait sourire. Il pose une main caressante sur sa joue, repousse quelques mèches sombres qui ont poussé depuis son arrivée au Temple, effleure la peau de son menton imberbe, aux angles pourtant très masculins. Ses doigts se perdent dans le creux de la gorge d'Ilashan et voyage jusqu'à l'arche de sa nuque, sous le col de sa tunique, où la peau est moins fine et plus chaude.

– Aujourd'hui tu dors avec moi.

Il essaye de reproduire le ton d'autorité naturelle qu'il emploie avec les esclaves, mais échoue, troublé de comprendre que c'est une demande plus importante pour lui qu'il l'aurait cru – tout devient mystérieusement sérieux et important quand il s'agit d'Ilashan – et sa voix formule plus une demande qu'un ordre.

– Sans vêtements, ajoute-t-il d'une voix plus sûre parce que les fantasmes sont bien plus faciles à formuler que les besoins de son cœur. J'ai envie de me réveiller contre ton corps chaud, détendu, et en érection.

Il y a de nombreuses choses qu'il voudrait faire à Ilashan, de nuit comme de jour, au lit ou ailleurs. Et il a eu le sentiment, plus tôt dans la nuit, que le mercenaire cherchait à tâtons les contours de son désir, pour en atteindre les limites, et peut-être les dépasser. C'est une chose qu'il souhaiterait également. Mais cela demande bien plus de confiance et de lâcher-prise qu'Ilashan ne peut en supporter pour l'instant.

Alors le vampire choisit de commencer par des requêtes inoffensives et des désirs que le mercenaire peut expérimenter sans crainte. Il a l'intention d'en demander toujours plus, et peut-être même de finir par obtenir des choses qu'Ilashan n'aurait jamais imaginé lui donner. Mais pour ça, il va prendre tout son temps, autant que l'humain en aura besoin.

L'Astre et le Veilleur : Tome 2 : Des flammes dans la nuitWhere stories live. Discover now