98 ~ Ilashan

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Plongé dans ses pensées, Ilashan n'entend pas Sylath approcher et se raidit comme un enfant pris la main dans le pot de pâtes de fruits.
La honte menace de lui cuire les joues. Il doit offrir un bien curieux spectacle, en tenue de novice devant les armoires grandes ouvertes. Pourtant, le vampire se comporte avec le plus grand des calme, comme s'il lui dévoilait quelque chose d'aussi intime que précieux.
Il aimerait utiliser tous ces objets sur lui, c'est une évidence. Et cela perturbe profondément Ilashan. Pas le fait que Sylath y pense, mais plutôt la manière dont il aborde la chose, la façon dont ses yeux brillent lorsqu'il évoque tout cela avec lui. Il en parle comme s'il s'agissait de quelque chose d'exceptionnel, quelque chose de beaucoup plus intense que tout ce qu'il lui a déjà fait vivre en l'espace de quelques jours.
Et c'est effroyablement intrigant.
Ilashan sent un frisson dévaler son échine, troublé par l'intensité du regard du vampire. D'un petit geste de l'épaule, il se dégage de l'étreinte de sa main, aussi nerveux que songeur.

– J'ai du mal à croire qu'on puisse prendre du plaisir avec un fouet.

Son dos le tiraille rien qu'en repensant aux coups qu'il a déjà reçu. Ilashan se tourne de lui-même pour refermer aussi les portes de l'armoire. Il est d'accord avec Sylath, il n'est pas prêt pour ce genre de choses, et il ne le sera peut-être jamais. Sauf si le vampire se contente de lui bander les yeux et de lui lier les poignets pour utiliser sur lui quelques jouets en bois poli, comme il l'a déjà vu faire dans certains bordels ; mais Ilashan a comme l'impression que ce n'est pas exactement de ça dont Sylath parle, et que les pensées du vampire sont beaucoup plus complexes et subtiles.

– J'y réfléchirai peut-être quand vous serez capable de me le demander en Albaricien. Mais vous pouvez mettre ce fichu nerf de bœuf au feu.

Il se tourne à nouveau vers lui, l'air un peu plus sûr de lui et un peu moins déstabilisé. Même s'il tire par réflexe sur sa tunique, qui ne l'habille décidemment pas assez. Il pensait qu'après l'annonce que Sylath a fait aux autres immortels, il serait trop occupé, ou trop accaparé par ses camarades, et comptait aller se mettre au lit sans l'attendre. Il savait que la nuit serait éprouvante, mais il ne pensait pas qu'elle le serait à ce point.
Le vampire a répondu sans le savoir à la question qui le taraudait. Mais il en reste une qui le démange encore, et qu'il hésite à poser. Sylath paraît satisfait de lui avoir dévoilé cette part de lui. Ce serait stupide de ne pas saisir l'occasion, même s'il redoute la réponse.

– Avec qui est-ce que vous avez utilisé tout ce qu'il y a dans ces armoires, si ce n'était pas sur les hommes que vous avez dressés ?

Ilashan regrette presque aussitôt sa franchise. Cela ne sonnait pas du tout de la même manière dans sa tête. Il aurait aussi voulu demander ce que sont devenus ces hommes-là si Sylath n'a pas fait d'eux des calices, mais à la réflexion, il préfère continuer de l'ignorer.

L'Astre et le Veilleur : Tome 2 : Des flammes dans la nuitWhere stories live. Discover now