Interdit pour eux

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J'en ai connu des amour. Même pleins mais aucun comme celui-ci. Dans notre société, certains couples, certains amours, sont mieux tolérés que d'autres. Par exemple, un amour prof - élève est beaucoup moins toléré qu'un amour entre deux élèves. Et souvent ces couples hors du commun sont pointés du doigt par les autres.

Quand j'étais encore en troisième, j'ai rencontré une fille. Une fille très gentille, mais très timide. Dans notre groupe d'amis de neuf, il était dur pour elle de se faire une place. Cette fille paraissait invisible aux yeux de tous, personne ne lui parlait, personne ne lui accordait un sourire, personne ne l'attendait jamais et personne ne l'écoutait. Même moi je ne la remarquait quasiment pas. Il me semble qu'un jour elle a décidé d'exister. C'est en décidant de cela que nous l'avons tous remarqué.

À l'époque, j'avais du mal à communiquer avec les gens, c'est d'ailleurs le cas encore aujourd'hui et c'est pour cela que j'écris. Souvent, quand je dois parler à quelqu'un de quelque chose qui me tracasse ou bien faire part d'un sentiment, je le fais en lui écrivant une lettre. Pour aider cette fille, c'est ce que j'ai fait. En vérité, je ne l'ai pas spécialement aider, je l'ai juste fait se sentir... existante ? Oui c'est exactement le terme qu'elle utilisait fréquemment. Ensemble, on a parler de tout et de n'importe quoi mais surtout de nos problèmes. On s'est échangé nos mails au début du mois de novembre et on parlait de temps en temps le soir en rentrant des cours.

Plus on parlait et plus je pensais à elle avant de m'endormir. Plus les jours passaient et plus je me rendais compte que je tenais à elle. Parfois bien plus que je ne voulais bien l'admettre.

Au début du mois de décembre, je ne voulais toujours pas admettre que j'étais amoureuse d'elle, je me disais "ce n'est qu'une amie... Rien de plus".

Un soir en rentrant des cours, j'ai appelé ma meilleure amie. Je lui ai avoué que j'étais amoureuse d'une fille et je lui ai demandé des conseils. Curieuse comme elle est, elle a tout de suite demandé de qui il s'agissait, je lui ai répondu honnêtement même si je ne l'assumais pas.

Le lendemain même, elle a couru vers moi. Elle était heureuse que je sois amoureuse de cette fille là. C'est elle qui m'a poussé à lui dire que je l'aimais et honnêtement, je l'en remercie. Je me souviens très bien du jour où je lui ai dit que je l'aimais. J'avais tellement peur de le dire, que je lui ai dit par message. J'étais vraiment ignoble pour le faire comme ça. Mais je crois que si je ne l'avais pas fait, je l'aurais regretter toute ma vie. On s'est mise en couple le dix-neuf décembre et je suis devenue la fille la plus heureuse du monde.

Et pourtant, ça n'a pas duré. Mon sourire s'est envolé. Pourquoi ? Tout le monde autour de nous, des gens qui ne nous connaissaient presque pas, ont très vite remarqués qu'elle et moi nous nous étions rapprochées. On ne s'autorisait même pas à s'embrasser en public, on se faisait passées pour de simples amies. Tout les jours, je me demandais s'il était mal qu'on s'aime. J'en avais marre de leurs remarques, de leurs rires. Je voulais juste que cela s'arrête mais je ne savais pas les faire taire. Leurs voix étaient gravées dans ma tête.

J'en ai parlé à cette fille, j'espérais qu'elle me fasse les oubliés. Mais elle m'a juste dit qu'il fallait que j'apprenne à ne pas les entendre. Le problème fut que je n'en était pas capable, du moins plus capable.

Dans ce monde où plutôt devrais-je dire cette société, certains amours sont interdits parce qu'ils ne sont pas banals. Un jour, j'aimerais que le monde change.

Brouillon ?Where stories live. Discover now