Premier amour

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Les trois membres du groupe entre dans la propriété de Garden Lodge. Leur gorge se serre. Ils entendent le salon émané de musiques et éclats de voix. Ils désapprouvent d'un mouvement de tête. Comment Phoebe et Joe peuvent-ils supporter cela ? C'est tellement indigne de la mémoire de Freddie !

–Voilà, déclare Jim en ouvrant les portes de son atelier.

–Bel objet, constate John.

–Le plus âgé, celui qui dit avoir construit cette machine, dit que seul un génie scientifique peut réparer le convecteur temporel. Selon lui c'est ça qui pose problème, mais, il a également ajouté qu'il ne savait pas vraiment d'où venait le bug donc...

–De mieux en mieux, affirme Roger. Si vous me chercher je suis dehors. »

Les trois autres hommes ignorent le plus septique de la bande. Le deuil l'a vieilli prématurément.

Monsieur Hutton rapporte les dires du savant fou et du jeune homme, afin que les deux diplômés universitaires puissent comprendre les enjeux d'une telle machine. Brian en fait le tour, passe sa main sur son toit, en inspecte tous les aspects. John reste de marbre face aux nombreux circuits électriques contenus sous le capot. Il garde sa main droite sur sa bouche et sa main gauche sur sa hanche. Jim attend impatient.

–Alors ? Lâche-t-il.

–C'est... commence l'astrophysicien sans parvenir à trouver ses mots.

–C'est ?

–Du beau boulot, commente John.

–Mais vous pouvez la réparer ? »

Les deux musiciens écarquillent leurs yeux de stupeur. Même s'ils sont tous les deux très instruits en sciences, ils ignorent encore tout de cette machine.

–Je suis sûr que vous pouvez le faire ! Insiste Jim. Je veux dire, toi, Brian, tu as un doctorat en astrophysique, ça, là, c'est comme une sorte de navette spatiale ! Et toi, John, tu es calé en informatique, c'est pas trois circuits imprimés qui vont te faire peur ! Et Roger est un expert des voitures... »

Les membres du groupe regarde le compagnon de Freddie. Il semble si convaincu de leurs possibilités, si persuadé de cet espoir, ils ne peuvent refuser.

–On fera de notre mieux, conclue Brian. »

Les rock stars s'affairent au travail. Ils ont investi l'atelier d'artisan de Jim. La grande table de travail est envahie de croquis, dessins, schémas. Brian et John scribouillent des formules mathématiques sans nom. Ils chahutent, se tiennent la tête, regardent le véhicule, prennent des mesures... Jim les regarde impuissant. Si seulement il avait leurs connaissances. Soudain, il remarque que le silence est revenu au sein de la maison. La fête sans Freddie ne peut durer éternellement, pense Monsieur Hutton.

Roger revient. Il se tient la main gauche en affichant une expression de douleur, et saigne au niveau de sa lèvre inférieure.

–Toujours à jouer les explorateurs temporels ? Demande-t-il nonchalamment en pénétrant les lieux.

–Dégage, Rog, tu ne nous aide pas, lui répond Brian plongé sur son croquis.

–Que t'est-il arrivé ? Demande Jim.

–J'ai foutu tout le monde dehors, affirme le blond soulagé.

–Mais, il y avait au moins deux cent personnes !

–Oui, ça n'a pas été sans mal, lui répond le batteur en essuyant le sang qui coule de ses lèvres. Rock'n'roll n'est-ce pas ? Ajoute-t-il en regardant Jim fièrement.

–Je crois que tu es le plus fou de nous trois. »

Monsieur Taylor inspecte la magnifique Doloréane. La carcasse est en état, les pneus sont gonflés, le moteur...

–Oh mon Dieu ! Lâche t-il en constatant l'épais réseaux de circuits qui le compose.

–Laisse-nous faire, Rog, on s'en sort très bien, dit John. »

Le blond continue son inspection, vexé. Il caresse les courbes du véhicule. Oui, son père en avait une comme ça, se rappelle-t-il. L'homme s'installe à la place du conducteur.

–Magique ! Murmure le passionné en posant ses mains sur le volant. »

Brian commence à réaliser des mélanges chimiques hasardeux.

–Tu sais ce que tu fais ? Lui demande Jim.

–Je tente quelque chose, dit-il en agitant des flûtes de champagne dont il se sert en guise de tubes à essais. »

Roger scrute le meuble en bois devant lui.

–Jim ? Qu'est-ce que c'est ?

L'artisan regarde avec peine son petit meuble.

–C'était pour Freddie. Pour notre chambre. C'était un coffre en bois sur lequel on aurait pu mettre de nouvelles photographies..., le chagrin l'étrangle. Excusez-moi, dit l'irlandais en quittant la pièce. »

Les musiciens échangent un regard peiné. Le meuble était presque terminé, il n'y avait plus qu'à le peindre. Jim était certain d'avoir le temps de l'offrir à Freddie. Quand le médecin lui a annoncé qu'il ne passerait pas Noël, Jim s'est précipité dans l'atelier et a redoublé d'efforts pour que le meuble soit prêt. Il l'aurait peint et déposé au pied du lit le lendemain avec quelques cadres argentés dont Freddie aurait choisi les photographies à contenir. Son amoureux se serait réveillé et aurait constaté son cadeau. Il lui aurait lancé quelques piques sarcastiques afin de masquer son émotion, puis se serait alloué à un instant de tendresse en guise de remerciement. Jim ne supporte pas de ne pas avoir eu le temps de lui offrir ce présent ! Il attendait Noël pour le fignoler, ne prenant que quelques instants par-ci, par-là, au cas où Freddie viendrait le rejoindre dans son atelier. Quelle stupidité ! Freddie était congédié dans sa chambre depuis dès mois ! Il aurait pu finir ce coffre sans être dérangé ! Freddie est mort maintenant, sans être certain d'être aimé !

Le bruit du moteur de la Doloréane vrombit dans l'atelier. Jim se précipite à l'intérieure. Roger est au volant du véhicule, le bras droit accoudé à la fenêtre et le gauche sur le volant (Angleterre oblige le volant est à droite).

–Alors, qui est le plus génial? Questionne-t-il.

–Oui, enfin, j'ai réalisé une préparation qui nous permettra, je pense, de faire quelques kilomètres tranquilles, précise Brian.

–Laisse tomber, Bri, tu lui as mis de l'essence, je l'ai réparé, affirme le batteur en faisant vrombir le moteur en appuyant sur la pédale d'accélération. Alors, où je vous emmène ?

–Je croyais que tu nous prenais pour des fous, le taquine John.

–C'est moi qui serais fou si je ne titillais pas le moteur de cette belle demoiselle, dit-il en mettant ses lunettes de soleil.

–Attends Rog, coupe le moteur, lui demande Brian. Il faut que je prépare de l'essence à emmener afin qu'on ne soit pas en rade, je ne sais où.

–Tu ne sais quand, le corrige Roger qui semble avoir retrouvé toute sa fougue.

–Justement en parlant de quand, à quelle période allons-nous ? Interroge le plus jeune de la bande.

–Je ne sais pas, soupire Brian soudain désorienté. »

Roger éteint le moteur. Les futurs voyageurs sentent le poids de leur responsabilité. Quand ? Comment faire pour éviter cette tragédie ?!

–Alors ! Vous l'avez réparé !? Demande Jim en entrant.

–Oui, mais, pour aller quand ? Questionne Brian.

–Et bien... réfléchit Jim. Avant que Freddie ne quitte Mary ! "

Sauvons Freddie!!Where stories live. Discover now