Chapitre 49 : Je t'aimais

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« Paris. Ça faisait déjà deux ans qu'on se connaissait, et on était partis pour une mission mais ce n'est pas de ça dont je veux que tu te rappelles. C'était le jour de ton anniversaire, et même si c'était un jour comme les autres pour toi, je voulais en faire un jour assez spécial. On était sous couverture, donc on était dans un hôtel vachement luxueux pendant une semaine, le temps qu'on termine ce qu'on devait faire. J'avais tout préparé sans que tu ne t'en rendes compte, et j'ai prétexté avoir vraiment besoin que tu ailles m'acheter des tampons pour terminer de préparer la surprise. »

Il sourit simplement et se pince les lèvres.

« Je me souviens... que tu avais commandé des pizzas et que tu avais hurlé lorsque je suis rentré dans la chambre. Je n'avais pas compris au départ, mais quand j'ai vu que tu avais planté des bougies dans les pizzas, ça m'a fait rire. Et ça m'avait fait vraiment plaisir.

- C'est tout ce dont tu te souviens ?

- Eh bien... je crois, oui.

- Essaie... essaie de te souvenir de la suite. »

Il se creuse la tête en regardant un point fixe. Mal à l'aise, je regarde ailleurs le temps qu'il se décide à me répondre. C'était son anniversaire, on en était certains, mais on ne savait pas vraiment lequel étant donné qu'il ait passé un nombre d'année indéterminé en hibernation. Puisqu'il me collait tout le temps, je n'avais pas pu aller lui chercher un cadeau en toute discrétion, alors je m'étais dit que je lui en ferais un autre plus tard. Mais je me sentais mal à l'idée de ne rien lui offrir.

« C'est le meilleur anniversaire surprise que je n'ai jamais eut. Bon, ok, c'est le seul que je n'ai jamais eut... je crois.

- Le meilleur ? Il n'y a que des pizzas et des DVD, je n'ai même pas trouvé de cadeau à t'offrir. Bon en même temps, j'aurais eut du mal à le cacher ou à aller en acheter un sans que tu ne soupçonne quoi que ce soit, mais...

- Je n'ai pas besoin d'avoir un autre cadeau. J'ai déjà le plus beau qui soit, juste-là. »

Il se penche vers moi et m'embrasse avec tendresse.

Bien évidemment, j'ai répondu à son baiser sans hésitation particulière. J'avais assez peur parce que je ne me souvenais pas d'avoir déjà embrassé quelqu'un d'autre un jour, mais c'était tellement intense que je ne réfléchissais pas à ce genre de détail. Mais étrangement, il y avait ce sentiment de déjà vu lorsqu'il avait quitté mes lèvres, comme si ce n'était peut-être pas la première fois. En tout cas, c'était suffisant pour briser toute la timidité qu'il y avait entre nous.

Perdue dans mes propres souvenirs, je sursaute lorsque Bucky se lève sans dire un mot. Il quitte le café sans se retourner, ce qui me fait assez peur. Je laisse de l'argent sur notre table et je sors au plus vite pour le retrouver. Il marche vers je ne sais où, nerveux. Je le rattrape et le prend par le bras pour qu'il s'arrête.

« Bucky ! Qu'est-ce qui ne va pas ? »

Il se retourne et me regarde droit dans les yeux, avec tellement de douleur que je m'en veux de lui avoir rappelé ce jour. Enfin, je ne comprends pas vraiment ce qui ne va pas, parce que c'était vraiment la meilleure soirée d'anniversaire qu'il a pu avoir. Il pensait ne rien faire de son anniversaire, mais il a finit par souffler des bougies sur une pizza, regarder des DVD nuls, faire un karaoké catastrophiquement drôle et m'embrasser sans me laisser respirer aussi souvent que j'en avais besoin. Mais j'ai peut-être fait quelque chose de mal sans m'en rendre compte.

« Est-ce que... j'ai dit quelque chose qui ne fallait pas ? Je t'ai vexé ? »

Il secoue négativement la tête et se pince les lèvres, tendu. Sa mâchoire se crispe un moment et il m'oblige à le relâcher.

« Je... non, ce n'est pas de ta faute. Je... je t'aimais, Nash. Je t'aimais comme on n'a pas le droit d'aimer quelqu'un en temps normal, je t'aimais plus que je n'aimais ma propre vie, mais... malgré tout ça, je t'ai trahie, blessée et j'en passe. Je t'aimais, mais je t'ai fait tant de mal... Je n'arrive pas à croire que j'ai pu faire ces choses là. Pas à toi.

- Bucky, arrête de t'en vouloir pour ça, d'accord ? Ce n'était pas de ta faute, je te l'ai déjà dit. Et je te rappelle encore une fois que moi aussi, je t'ai fait beaucoup de mal.

- Mais toi, ça n'avait rien à voir !

- Non, tu as raison. Ça n'avait rien à voir. C'était pire que tout ce que tu aurais pu me faire. »

Il me lance un regard incompris.

« Tu étais complètement dingue de moi, et ce sentiment était partagé, je peux te l'assurer. Mais je ne compte plus les fois où je t'ai regardé dans les yeux en te disant froidement des choses du genre 'je ne te connais pas', 'tu n'as pas d'importance à mes yeux' ou encore 'qui es-tu au juste ?'. Toutes ces fois où je t'ai oublié, tu me regardais dans les yeux avec tellement de douleur, de peine, de colère et de tristesse que lorsque je m'en souviens aujourd'hui, je m'en déteste. Et peut-être que tu ne t'en souviens pas, mais moi, si. »

Il baisse le regard. J'attrape sa main dans la mienne et la serre légèrement.

« Et à chaque fois que je t'envoyais bouler ou que je te disais que tu n'étais rien à mes yeux, tu finissais par me sourire en me disant que tu allais y remédier. Tu m'as toujours aidé à me souvenir de toi, et à chaque fois que je me rendais compte du mal que je t'ai fait sans le vouloir, j'avais envie de me cogner moi-même tellement que je me détestais. Mais tu me disais toujours que ce n'était rien, qu'on s'en sortirait, que tu ne me laisserais pas tomber. Et à partir de là, plus rien d'autre ne comptait pour moi.

- Et alors, comment tu te souvenais de tes sentiments ?

- A chaque fois que je t'oubliais c'était... c'était comme si je retomber amoureuse de toi. A l'infini. J'ai toujours aimé ce sentiment de retomber amoureuse de toi, et tu arrivais à me le faire ressentir même lorsque je m'en souvenais déjà. »

Il me regarde dans les yeux un instant mais son regard rempli de culpabilité me quitte assez rapidement.

« Bucky, je suis désolée si j'ai mal fait les choses, si je t'ai brusqué, mais je n'ai pas vraiment l'habitude que la situation soit dans ce sens. D'habitude, c'est moi qui t'oublie et toi qui me ramène à moi. Pas l'inverse. Je l'ai déjà fait une fois ou deux, mais je ne m'en souviens pas, alors...

- Non, je... Je ne t'en veux pas pour ça, Nash. En fait, je ne t'en veux pas du tout. Je m'en veux à moi, c'est tout.

- Moi, je ne t'en veux pas. Parce que l'un comme l'autre, on sait pertinemment que ça aurait pu être moi à ta place. Et je ne peux pas t'en vouloir pour quelque chose que tu ne contrôle pas.

- Ça n'empêche que... je suis vraiment désolé. »

Il s'approche un peu plus et me prends dans ses bras. Cette sensation m'avait tellement manquée, je ne m'en lasserai jamais. Bucky camouffle son visage sur mon épaule, mais je sens l'une de ses larmes de culpabilité atteindre la peau de mon cou. Je les essuie d'un geste du pouce et embrasse le bout de son nez en lui souriant. Il sourit à son tour et cale ses deux mains contre mes hanches.

« Je ne veux plus jamais que ça arrive. Je ne veux plus jamais te perdre, qu'importe le prétexte. Ok ?

- Au moins, on est d'accord là-dessus. »

Il relâche ma taille pour encadrer mon visage de ses mains et m'embrasser comme si ça faisait une éternité qu'on ne s'était pas vu. Bah, en même temps, un an et demi, ce n'est pas rien. C'est une éternité. Et disons qu'en plus de ça, on ne s'était pas vraiment quittés sur un baiser. Mais au moins, maintenant, on s'est retrouvés.


NASH - MARVELOù les histoires vivent. Découvrez maintenant