Partie 2

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Deux mois étaient passés. Bill avait donc enfin pris ses fonctions de pharaon et ne faiblissait pas face à la tâche qui s'avérait tout de même très lourde à porter pour un homme aussi jeune que lui. Mais il s'était montré très juste dans tout ce qu'il entreprenait. Sa mère ventait les mérites de son fils à qui voulait l'entendre. Alors que l'on n'entendait jamais Meret lorsqu'elle était épouse du pharaon, aujourd'hui on l'entendait dire partout, à chaque réception qu'elle avait bien élevé son fils et qu'il serait le meilleur pharaon de toute l'Egypte. Généralement Bill ne l'entendait pas mais dès qu'il le pouvait, il la remettait à sa place en lui disant clairement que le meilleur pharaon de toute l'Egypte sera toujours son père. Beaucoup de gens autour de lui essayaient de l'affaiblir en lui montrant qu'il n'arriverait jamais à cette tâche si difficile soit-elle de conduire tout un peuple. Mais Bill faisait preuve de fermeté dans la moindre de ses décisions montrant clairement que personne ne pouvait le contredire.

Cela faisait un mois que Bill repoussait ce jour. Il ne voulait pas le vivre et surtout pas s'unir. Bien sûr, on lui avait déjà trouvé la prétendante au trône. Elle n'était autre que la fille de son père avec une de ses concubines. Les mariages de sang n'étaient pas rares en ce temps-là pour la simple et bonne raison qu'il fallait continuer la lignée de sang divin. Elle s'appelait Lostris. Elle était très jolie, Bill ne pouvait pas le nier. Et puis elle était gentille. Mais pour lui, elles étaient toutes comme ça au départ. Sa mère l'était aussi puis très vite, une fois au pouvoir, elle avait changé. Bill ne voulait pas vivre ça. Il ne voulait pas qu'on l'emprisonne dans une nouvelle obligation. L'obligation maritale. Il détestait ça d'avance. Il ne voulait pas avoir à faire semblant d'aimer quelqu'un qui ne l'aimerait que pour sa fonction. Il ne voulait pas de ça. Si on le lui demandait, il aimerait vivre avec Tom. Oui voilà au moins le tressé l'aimait uniquement pour ce qu'il était vraiment.

En parlant de Tom, il ne l'avait pas vu beaucoup dernièrement. Ce dernier avait promis de venir le voir souvent mais à chaque fois Bill était souvent en audience avec les réclamations du peuple ou de ses généraux. Car en plus de ça, une menace courrait sur l'Egypte. Les Mésopotamiens avaient traversé leur désert pour se rapprocher des terres égyptiennes. Mais les soldats de Bill veillaient. Pour l'instant, aucune offense n'avait été lancée mais il fallait faire attention. Chaque soir, Bill retournait dans sa chambre totalement épuisé. Il n'avait pas eut une journée tranquillement depuis son couronnement. Alors il avait à peine croisé Tom quand ce dernier avait quelques temps de libre vu le temps que lui prenait le chantier. C'était surtout que le tressé apprenait le dur métier d'architecte alors il ne pouvait pas se permettre d'avoir des journées de libre. Bill ne pouvait pas lui en vouloir. Après tout, ils étaient tous les deux occupés.

Même en repoussant au maximum ce jour tant attendu par beaucoup, Bill se résigna et dût accepter. Aujourd'hui, on fêtait le mariage de Pharaon. L'androgyne était toujours dans ses appartements, se faisant attendre. Mais peu lui importait, il voulait se retrouver seul. Enfin, il le pensait. Et à croire qu'on avait deviné, on fit venir la seule personne qui le motiverait à sortir. Bien sûr, il avait renvoyé deux ou trois serviteurs avant cela. Il entendit des pas venir dans sa direction. Il était assis sur le bord du bassin, ses pieds dans l'eau. A croire que seul cet élément pouvait réellement l'apaiser. En dehors de son ami. Il soupira quand les pas se rapprochèrent de lui.

- J'ai prévenu que je ne voulais pas être dérangé !

- Même un vieil ami ? Voyons Babillys, je pensais que l'on pourrait se voir un peu avant.


Bill vit alors son meilleur ami arriver et se dresser devant lui, un léger sourire aux lèvres. Il ne réussit qu'à dire un seul mot en le voyant.

- Bill.

- Excuse-moi. Je suis content de te voir Billy.


L'androgyne resta observer son ami sans dire un mot durant quelques secondes. Il savait qu'en se laissant aller tout de suite, il jouerait au faible. Mais Tom lui avait vraiment manqué. Il avait l'impression de ne pas l'avoir vu depuis des mois. Il sentait aussi de la tristesse l'envahir. Il fallait qu'il se marie pour que son meilleur ami daigne venir le voir. Il finit par se lever et se précipita vers le tressé, le prenant dans ses bras et le serrant un maximum contre lui.

- Tu m'as tellement manqué.

- Toi aussi, affreusement
, avoua le tressé tout en glissant sa main dans la nuque du pharaon.

Ils se serraient tous les deux à s'en étouffer. Bill ne voulait vraiment pas lâcher le brun mais il ce dernier se détacha doucement, laissant sa main venir effleurer la joue de son ami.

- Alors c'est le grand jour pas vrai ?

- Si tu es venu pour me parler de ça, tu peux repartir Tom. Tu viens me voir uniquement les jours où je me retrouve un peu plus enchaîné à ce pour quoi j'ai été créé.


Tom fut vraiment frappé par les mots utilisés par Bill. Comment pouvait-il croire qu'il n'était né que pour ça. Le tressé se pinça les lèvres et l'androgyne se rendit compte qu'il était allé trop loin. Il soupira et partit s'asseoir sur son lit. Tom le rejoignit d'un pas lent, se sentant tout à coup de trop.

- Excuse-moi, on va dire que je suis juste un peu nerveux.

- Je m'en doute Billy.

- Non tu ne te doutes de rien Tom ! Je ne veux pas me marier ! Je ne veux pas être à nouveau enchaîné à quelqu'un qui ne m'aimera jamais réellement. Je ne veux pas de cette vie ! Je ne veux pas de toutes ces obligations ! Je ne veux pas... Je...


Mais il n'arrivait plus à dire quoi que ce soit. Sa gorge s'était serrée et toutes les larmes qu'il n'avait pas versées depuis la mort de son père semblèrent s'être donné le mot pour couler toutes en même temps le long de ses joues. Tom, complètement paniqué, le prit immédiatement dans ses bras. Bill nicha son visage dans le cou du tressé et se blottit totalement contre lui. Il aurait pu le repousser pour se montrer fort mais Tom aurait tout de suite vu que c'était faux. Bill pouvait cacher ses émotions à tous les autres mais pas à son meilleur ami. Ils ne se connaissaient que trop bien. Tom s'écarta légèrement, même si Bill semblait vouloir l'avoir contre lui encore un peu. Le tressé attrapa le visage de son ami entre ses mains et lui essuya les joues.

- Regarde-moi Bill. Je sais que c'est difficile tout ce qu'on te demande. Tu n'étais pas préparé à ça. Mais tu te débrouilles mieux que personne. Tout le monde te respecte, tout le monde t'admire. Le peuple t'aime tu sais. Et tu dois passer par ce mariage. Tu feras ton devoir conjugal et...

- Non ! Je ne veux pas passer ma nuit avec elle pour... Je ne veux pas qu'elle soit ma première fois ! Je ne l'aime pas Tom ! Je ne veux pas... Je...

- Bill, tu dois le faire.

- Non... J't'en prie, je veux m'enfuir loin d'ici.

- Le peuple compte sur toi !

- Et moi ?! Je peux compter sur qui ?!

- Sur moi.

- Mais tu n'étais pas là... Tu n'étais pas là Tomi...

- Je sais, excuse-moi Bill. Excuse-moi...


Et il le fit s'allonger tout contre lui, lui caressant doucement la nuque et laissant son autre main tracer de grandes arabesques dans le dos de son ami. Il s'en voulait tellement de ne pas avoir pu le voir avant. Mais son père le demandait beaucoup sur le chantier et Bill était des plus occupés. Mais il s'en voulait tout de même. Il aurait dû venir le voir même le soir. Il savait que l'androgyne aurait accepté de le voir le soir même après une très dure journée. Il savait que Bill aurait accepté de le voir à n'importe quelle heure. Mais même ça il ne l'avait pas fait. Il s'en voulait d'avoir totalement délaissé son ami qui avait un énorme poids sur les épaules. Il sentit ses larmes dans son cou et le serra encore plus contre lui.

- Bill il faut que tu te prépares. On t'attend tu sais.

- Je ne veux pas y aller.

- Ce n'est qu'une cérémonie Bill. Ce n'est pas la première que tu fais et ce n'est pas la dernière que tu feras.

- Et coucher avec une femme qui viendra dormir dans mon lit ? Je ne la connais pas, c'est une de mes demi-sœurs et je vais devoir la mettre enceinte. Je vais devoir devenir père à 19 ans pour continuer la lignée. Je suis trop jeune pour tout ça. Je pourrai laisser sa mère s'occuper de mon enfant mais je ne veux pas qu'il se sente mis de côté. C'est juste horrible ce qu'on me demander de faire. Je ne veux pas coucher avec elle.

- On ne te demande pas de le faire par amour Bill...

- Alors je ne veux pas le faire.

- Il faut que tu assures ta descendance.

- Ne me laisse plus...

- Je serai là aujourd'hui. Je ne pouvais pas rater le mariage de mon meilleur ami. Viens, il faut que tu te prépares. Tu as déjà assez trainé.


Tom se releva, entrainant l'androgyne avec lui. Il aida Bill à retirer le haut qu'il avait pour l'aider à revêtir sa tenue. Il lui remonta sa veste sur ses frêles épaules, admirant un instant le dos finement musclé du brun. Bill avait l'air fin et faible comme ça mais son corps était tout de même bien musclé. Tom l'avait toujours trouvé magnifique. Mais là, il savait qu'il le trouverait encore plus beau que d'habitude. Il l'aida donc à revêtir sa tenue d'apparat, nouant sa ceinture autour de sa taille fine. Bill se laissait faire, appréciant que ce soit son meilleur ami qui l'habille en ce jour si spécial. Il laissa Bill aller se maquiller pour finalement mettre un diadème des plus simples en or sur sa chevelure ébène. Quand Bill se retourna vers son ami, ce dernier fut soufflé par la beauté du pharaon. Il était plus que magnifique. Aucun mot ne pouvait décrire sa beauté.

- Tu es...

- Souhaite-moi bonne chance.


Tom se rapprocha et prit son ami dans ses bras lui soufflant un 'bonne chance' à l'oreille avant de déposer un furtif baiser sur ses lèvres. Bill prit une grande inspiration et se décida enfin à aller où tout le monde l'attendait.

La cérémonie se passa assez tranquillement. Le Grand Prêtre maria donc Babillys et Lostris. Bill ne laissait passer presqu'aucune émotion. Il restait impassible et ne faisait que sourire faiblement quand il le fallait. Le nouveau couple alla s'asseoir sur les trônes prévus à cet effet alors que toute la salle les acclamait. Ils allèrent ensuite sur le balcon se présenter au peuple. Ils furent acclamés. Malgré son jeune âge, Tom disait vrai, le peuple aimait Bill. Ils aimaient leur pharaon. Ce dernier les salua durant quelques instants puis il rentra avec sa femme pour le repas. Bien évidemment, Tom vint s'asseoir à ses côtés. Par contre, Bill regardait d'un mauvais œil le fait que Meret était proche de Lostris et n'arrêtait pas de lui parler. Mais peu lui importait. Au moins, de cette manière il ne se reprocherait pas de ne jamais l'aimer. En tout cas, il profita du fait que Tom était prêt de lui pour le retrouver un peu. Ça faisait tellement longtemps qu'il n'avait pas pu profiter de sa présence.

Le soir arriva. Bill l'appréhendait. Pas qu'il ne pensait pas être à la hauteur de ce qui allait arriver, juste qu'il ne voulait pas. Pas avec elle. Il tenait la main de Tom dans la sienne, avait entrelacé leurs doigts alors qu'ils étaient tous deux sur le balcon. Bill soupira.

- Je vais devoir y aller et je ne veux pas.

- Je le sais Bill. Mais ne crois pas que ça me fait plaisir de savoir que tu vas devoir partir avec elle.

- Jaloux ?

- De ne plus pouvoir dormir dans un aussi bon lit en ta compagnie ? Oui sûrement.

- Ne te moque pas de moi. Tu sais très bien de quoi je parlais.

- Dans ce cas, oui je suis certainement un peu jaloux.
, continua le tressé tout en déposant un baiser sur le front de l'androgyne.

- Tu sais quoi Tomi ?

- Quoi ?

- J'aurai préféré le faire avec toi que de le faire avec elle...


Et avant que Tom ne puisse rajouter quoi que ce soit, Bill déposa un furtif baiser sur ses lèvres avant de délier leurs doigts pour rejoindre sa femme. Il ne voulait pas mais il était bien forcé de suivre les obligations de sa fonction. Il arriva enfin dans la chambre. Lostris était déjà en tenue de nuit à l'attendre sur le lit. Elle lui sourit faiblement. Visiblement, elle aussi avait peur de ce qui pourrait arriver. Et en plus de ça, Bill devait la rassurer elle alors qu'il n'arriver pas à se rassurer lui-même. Il tenta de prendre sur lui pour ne pas lui montrer ses mains tremblantes. Il s'avança vers elle, s'installa au-dessus d'elle alors qu'elle lui ôtait doucement ses vêtements. Il avait envie de vomir alors qu'elle le touchait. Elle n'avait pas le droit de le toucher de cette manière normalement. Il n'y avait que Tom. Il entreprit alors de lui retirer ses vêtements et observa un instant son corps. Oui, elle était vraiment très jolie.

Mais alors qu'il ne s'y attendait pas du tout, elle rapprocha vivement son visage du sien pour l'embrasser. Il s'écarta lui faisant 'non' de la tête. Non, jamais il ne voudrait qu'elle ne l'embrasse de cette façon. Il ne réservait ça que pour la personne qu'il aimait réellement, pas pour la fille avec qui on l'avait obligé à se marier. Bill reprit alors où ils s'étaient arrêtés. Il pressa son corps à celui de Lostris, légèrement maladroit. Il ne savait pas vraiment comment s'y prendre. Cela ne lui semblait pas naturel du tout sans sentiments. Mais Tom lui avait dit de faire ça mécaniquement, et c'était ce qu'il allait faire. Il ne serait pas trop brusque pour elle alors que c'était également sa première fois. Juste qu'il ferait ce qu'on lui demandait et que ça s'arrêterait là. Il savait que pour les premières nuits elle ne dirait rien mais que par la suite elle risquait d'être exigeante. Et il s'en fichait. Il était à peine excité par la situation mais la main de la jeune femme sur son membre le réveilla quelque peu. Après tout, il n'avait jamais fait quoi que ce soit dans ce domaine-là alors un petit rien pouvait le faire décoller sans problème.

Quand il se sentit enfin prêt, il la pénétra lentement pour ne pas lui faire de mal mais il se retenait de gémir le plus possible. Elle n'avait pas à le faire gémir alors qu'il ne l'aimait pas et qu'il ne l'aimerait sûrement jamais. Il commença ses mouvements de hanche pour en finir au plus vite. De toute façon, il savait très bien que pour leur première fois à tous les deux cela ne risquait pas d'être fameux. Et pour Bill, ça ne le serait jamais pour eux deux puisque les sentiments n'étaient pas là. Il sentait qu'il allait bientôt venir. Il encadrait le visage de Lostris de ses avant-bras alors que cette dernière avait fermé les yeux probablement envahie par le plaisir. Bill sentit son ventre se contracter et jouit fortement tout en ne réussissant pas à retenir un cri rauque, entendant à peine celui de sa femme alors que ses oreilles bourdonnaient sous le coup de l'orgasme. Il se dépêcha de se retirer pour s'allonger un peu plus loin, dos à elle, et éviter de la toucher. Il sentit la main de cette dernière se poser sur son bras ce qui le fit sursauter mais il ne se retourna pas pour autant. Lostris sut alors que jamais il n'y aurait de réelle tendresse entre eux.

Bill se sentait sale et surtout trahie. Il ne savait pas pourquoi mais il avait ce sentiment horrible au fond de lui. Il avait mal au cœur. Mal de n'avoir même pas pu vivre un tel moment avec la personne qu'il aimait. Il trouvait ça tellement injuste. Sa fonction était injuste. On aurait au moins pu lui laisser le plaisir de vivre sa première fois avec qui il voulait. Mais rien. Il finit par se lever, revêtant sa veste aux dorures incomparables. Il se dirigea vers le balcon de sa chambre alors que Lostris s'endormait. L'air frais de la nuit le fit frissonner mais peu lui importait. Il se sentait plus seul que jamais. Il observa les quelques maisons encore allumées, signe que quelques habitants ne dormaient jamais. Ses yeux tombèrent sur la maison de Tomias. Alors comme ça, lui non plus ne dormait pas. Est-ce que lui aussi ressentait ce vide au fond de lui ? Oui, sûrement. Bill laissa une larme rouler sur sa joue. Il n'aurait jamais la liberté de vivre ce qu'il voulait vraiment. Il ne serait jamais libre d'aimer vraiment. Et rien que pour ça, il aurait voulu disparaître.

Bill était reparti se coucher après un bon moment, quand le froid s'était emparé de son corps. Il avait à peine dormi. Il avait besoin de voir la seule personne qui pourrait l'aider à surmonter tout ça, toute cette douleur et ce sentiment de solitude. Le lendemain, il se leva tôt. Il espérait surtout que Tom aurait ressenti tout son mal être. Depuis qu'ils étaient petits, l'un comme l'autre ressentait le mal de l'autre. Mais depuis que Bill avait pris ses fonctions, il avait l'impression que Tom ne ressentait plus grand-chose de ce qu'il pouvait vivre. Peut-être que Bill le cachait bien. Pourtant là il ne cachait rien du tout. Il avait peur que son nouveau rang les éloigne encore d'avantage. Tout comme son statut d'homme marié. Il détestait vraiment ça. Il se leva, laissant sa femme dormir et partit manger. Enfin manger, il grignota à peine, sentant la nausée s'emparer de lui en repensant à tout ce qu'il avait vécu depuis deux mois. Il soupira et sursauta en entendant des pas derrière lui. L'espace d'un instant il avait espéré mais fut déçu de voir sa mère apparaître.

- Mère.

- Alors tu as fait ton devoir j'espère.

- Oui Mère. J'ai fait en sorte qu'elle devienne comme toi. Qu'elle ait au moins une occupation tout au long de sa vie. J'espère juste qu'elle aimera plus notre enfant que toi tu ne m'as jamais aimé.

- Ne dis pas ça Babillys. Je suis ta mère et je t'ai toujours aimé. J'ai juste fait en sorte de...

- Ne pas le montrer oui je sais. Ben en tout cas, tu tiens bien ton rôle à ne rien montrer.

- Tu l'as embrassée ?

- Quoi ? Je ne vois pas en quoi cela peut te concerner.

- J'ai été la voir et elle m'a dit que non.

- Et alors ?

- Et alors tu vas t'en tenir à ton rôle et l'aimer.

- On ne force pas les gens à s'aimer Mère. Il serait temps que tu le comprennes enfin. Je risque de ne jamais l'aimer et je crois qu'elle l'a bien compris de toute façon.

- Et tu aimes qui ? Ce Tomias ? Tu sais très bien que...

- La discussion est close. Je ferai mon devoir conjugal et ça s'arrêtera là.


Bill regarda à peine sa mère repartir qu'il se mit à grignoter quelques fruits. Il soupira légèrement en entendant de nouveaux pas. Il allait pour dire quelque-chose mais en se retournant, il remarqua que la personne qui venait d'arriver n'était autre que Lostris. Celle-ci lui fit un sourire assez timide auquel Bill répondit maladroitement. Elle n'avait pas entendu la conversation et ce n'était pas plus mal. Quoique, dans un sens, elle l'aurait détesté tout de suite et ça aurait été plus facile pour lui. Alors qu'elle s'assit pour manger, Bill retourna tout simplement dans sa chambre. Il ne voulait pas lui parler voir éviter de la croiser en sachant que dès la nuit tombée il allait devoir remettre ça. Le pharaon retourna dans ses appartements et se dirigea automatiquement vers le bassin, endroit dans lequel il aimait se retrouver quand il se sentait assez mal. A peine arrivé dans la pièce qu'il se figea. Devant lui se dressait Tom qui était adossé au mur, les bras croisés. En voyant apparaître l'androgyne, il lui adressa un sourire qui se voulait rassurant mais qui était tout de même triste à la fois.

- Mais comment tu...

- Tu oublies que j'ai passé toute mon enfance ici avec toi et que je connais chaque passage secret qui se trouve dans ce palais.

- Oh Tomi je...


Et l'androgyne fondit immédiatement en larmes alors qu'ils se précipitaient l'un vers l'autre pour se prendre dans leur bras. Tom le serra fortement contre lui comme s'il s'en voulait d'avoir laissé Bill la veille. Il sentit automatiquement les larmes du brun dans son cou et celles-ci n'avaient pas l'air de vouloir se tarir. Il le serra un peu plus contre lui, un bras autour de sa taille et son autre main dans sa nuque, comme toujours.

- C'était horrible Tom ! Horrible ! Comment on peut m'obliger à faire ça alors que je ne l'aime pas ! Je ne l'aimerai jamais ! Je ne veux pas recommencer, je ne veux pas... Me laisse pas tout seul ce soir Tom je ne veux pas, je ne pourrai pas...

Tom ne disait rien pour le moment, préférant laisser l'androgyne déverser toute sa tristesse d'un coup. Bill se raccrochait désespérément à Tom, ne voulant vraiment pas le quitter, ne pouvant se résoudre à le laisser. Mais le tressé étaient bien là et ne risquait pas de laisser son meilleur ami. Pas pour le moment en tout cas. Il laissa ses mains caresser son ami encore et encore pour le rassurer comme de sa présence et surtout pour le calmer. Il ne fallait pas que Bill se mette dans des états pareils. Il ne devait pas se montrer ainsi. Pharaon ne devait pas se montrer si faible. Tom espérait que personne ne viendrait les déranger. Il ne voulait pas qu'on voit Bill dans un état pareil alors qu'il allait aussi mal, alors qu'il devait se montrer fort. Le poids de Bill se fit plus lourd et Tom fut bien vite obligé de le porter pour qu'il ne tombe pas à terre. Il l'amena jusqu'à son lit, l'y déposant délicatement comme par peur de le blesser. Il s'allongea au-dessus de lui pour le protéger à sa manière.

- Chut... Calme-toi Bill... C'est fini...

- Non ce n'est pas fini... Je vais devoir continuer jusqu'à ce qu'elle tombe enceinte. Je ne voulais pas faire ça avec elle hier. Je voulais vivre ça avec la personne que j'aime. Pas elle.

- Bill...

- J'aurai préféré découvrir tout ça avec toi. Toi au moins tu es sincère, tu me connais mieux que personne...

- Arrêtes Bill...

- Elle je ne l'aimerai jamais.

- Bill...

- Babillys...


L'androgyne ouvrit grands les yeux et tourna son visage plein de larmes vers Lostris qui était proche du lit où Tom la gardait tout contre lui. Il détourna automatiquement les yeux et nicha son visage dans le cou du tressé qui le serra un peu plus contre lui. Tom avait voulu le prévenir de la présence de sa femme mais il n'avait pas réussi. La jeune femme sortit alors rapidement des appartements du pharaon, pour le moins énervée. Elle ne s'était pas attendue à ce que Bill soit aussi catégorique. Elle aurait pensé que le temps aurait pu aider mais visiblement ça ne serait jamais le cas.

- Elle va aller en parler à ma mère et ma vie sera encore pire.

- Ne te laisses pas atteindre Billy... Continue de te montrer fort, tu le seras toujours tu sais.

- Je n'en peux déjà plus Tom...

- Si. Tu y arriveras je le sais. Tu n'es pas le fils de ton père pour rien. Je suis fier de toi, de tout ce que tu fais même si c'est dur. Dis-toi qu'une fois qu'elle sera enceinte, tu n'auras plus à la toucher.

- J'espère qu'elle sera enceinte d'un fils tout de suite. Je ne voudrai surtout par remettre ça.

- Ça va aller Bill. Pense à autre chose dans ces moments-là. Pense à ce qui te ferait ressentir le plus de plaisir, de désir.

- Tomi...

- Je sais...


Et comme pour répondre à sa demande muette, Tom déposa ses lèvres sur celles de son meilleur ami pour l'apaiser. Le baiser ne resta pas longtemps en surface, Bill avait un trop grand besoin de sentiment, d'attachement. Ils finirent par détacher leurs lèvres et Tom caressa le nez du pharaon du sien dans un lent mouvement alors que le brun avait toujours les yeux fermés. Il déposa une dernière fois ses lèvres sur les siennes avant de se relever, laissant une sensation de froid au corps de Bill qui se redressa légèrement.

- N'oublie pas Billy, je ne serai jamais loin si tu as besoin de moi. Tu y arriveras. Je le sais. Je le sens.

Il lui fit un dernier sourire et finit par partir, laissant l'androgyne réfléchir à ses mots, à ce qu'il lui avait dit. Il savait surtout que s'il n'avait pas Tom près de lui, il n'arriverait à rien et il ne verrait pas l'intérêt de se battre ou de se montrer fort. Mais il allait continuer à se montrer fort, pour Tom. Pour qu'il soit fier de lui. Et il le serait.

Au bord du NilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant