Partie 3

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Trois mois étaient passés depuis le mariage du pharaon. Lostris était enfin tombée enceinte. Bill ne la touchait donc plus du tout alors qu'elle atteignait son second mois de grossesse. Cette dernière était devenue méprisante depuis qu'elle avait entendu les confessions de son mari à Tomias le lendemain de son mariage. Elle n'avait fait que se rapprocher de Meret et tentait de faire plier Bill au moindre de ses désirs. Mais ce dernier ne se laissait pas du tout faire. Tom venait voir son meilleur ami aussi souvent que possible mais depuis une semaine ils ne s'étaient pas vus. Bill était beaucoup trop occupé. Des attaques avaient été lancées par des Mésopotamiens et il était parti rejoindre ses troupes à la frontière pour repousser l'ennemi. Bill avait revêtu sa tenue de combat et devait se préparer à se battre. Son cœur tambourinait dans sa poitrine à mesure que son char se rapprochait des lignes de combat. Il avait peur. Il mourrait de peur. Et Tom n'était pas là.

Ses soldats attendaient. Ils attendaient l'ordre de leur Pharaon pour attaquer alors que les lignes ennemies se trouvaient face à eux. Bill prit une grande inspiration. Il devait y aller. Il avait appris à se battre depuis qu'il était petit mais il n'aurait jamais pensé qu'il devrait le faire réellement un jour. Il savait sa vie en danger mais il devait y passer. L'androgyne leva son arme, une épée recourbée en or et hurla à son armée d'attaquer. Ses hommes se précipitèrent alors sur leurs ennemis en même temps que ces derniers. Bill ne quittait pas le champ de bataille des yeux. Et tout ce qu'il voyait le paralysait complètement. Tout n'était que sang, sable, barbarie. Il ne pensait jamais voir ça un jour devant lui. Il en tremblait. Des hommes étaient en train de mourir devant lui. Il ne pouvait pas laisser faire ça. Il ne pouvait pas laisser des pères de famille, des maris, mourir. Il ne pouvait pas les laisser se battre pour lui et leur pays alors qu'il restait bien à l'abri derrière. Il prit alors sa décision.

Il claqua les rênes dans l'air et son cheval partit à vive allure sur le champ de bataille. Il hurla en direction du chef ennemi qu'il devait cesser le combat et que l'un des deux repartirait vivant. Le chef ordonna immédiatement à ses troupes d'arrêter et de se replier, tout comme le fit Bill. Il s'avança en direction de l'androgyne et se posta face à lui. Il descendit de son char et Bill en fit de même. Ils se retrouvèrent à peine à quelques mètres l'un de l'autre.

- Un combat à mort. Si je survis tes troupes repartent. Si je meurs, l'Egypte est à toi.

La proposition était risquée mais Bill ne voulait plus voir de morts autour de lui. Il ne voulait pas que d'autres personnes meurent pour lui, pour le défendre ou il ne savait quoi encore. Le chef ennemi fit oui de la tête et toutes les armes se baissèrent pour ne laisser que celles des deux rois levées. Ils se tournèrent autour durant quelques instants puis se foncèrent dessus. Le choc des lames se répercuta dans tout l'Egypte. Bill sentait qu'il allait devoir jouer sur sa rapidité pour arriver à battre son adversaire. Même, il ne devait pas le battre, il devait le tuer. Rien que cette idée lui donnait envie de vomir. Mais il devait passer par là, il devait le faire s'il voulait que la paix règne pour son peuple. Alors Bill tenta d'esquiver chaque attaque de son assaillant. Il empêchait ce dernier de le blesser en retenant son sabre avec son bouclier. Mais la force de son ennemi était trop importante. Bill serait bien vite top épuisé.

Alors qu'il pensait réussir à esquiver une nouvelle attaque, Bill sentit une vive douleur sur sa cuisse. Elle venait d'être profondément entaillée et saignait déjà beaucoup. L'androgyne hurla de douleurs et laissa tomber un genou à terre. Son ennemi leva les bras en signe de victoire. Il se retourna alors vers Bill, prêt à lui porter le coup fatal mais le pharaon utilisa ses dernières forces pour repousser son arme et donner un coup de la sienne. Il trancha net. Il trancha la gorge de son assaillant qui se laissa tomber à genoux à terre avant de tomber en arrière. Alors qu'il avait du mal à respirer et que son sang souillait le sable égyptien, Bill se tenait à genoux à ses côtés, se retenant sur son épée enfoncée dans le sable. Il croisa une dernière fois les yeux de son ennemi et leva son épée pour porter un dernier coup au cœur de ce dernier pour l'achever tout en hurlant toute sa douleur que ce geste pouvait bien apporter.

Il resta penché au-dessus du corps de son ennemi durant quelques instants, laissant quelques larmes de rage et de peur couler sur ses joues. Il finit par se relever, non sans mal vu sa blessure, et retira d'un coup sec son arme du corps inerte. Il se dressa face à l'armée ennemie.

- Maintenant repartez ! Emportez vos hommes blessés et retournez auprès de vos familles ! Et ne tentez plus jamais de conquérir ce pays qui est le mien !

Le brun allait pour s'écrouler à nouveau mais deux de ses soldats se rapprochèrent pour l'empêcher de tomber. La douleur était telle qu'il aurait aimé qu'on lui coupe la jambe. Il perdait du sang, énormément de sang. Il se sentait faible et détestait ça. Et sans qu'il ne comprenne comment, il tomba inconscient dans les bras de ses soldats. Le pharaon fut alors ramené le plus vite possible à son palais. Le médecin royal s'occupait de lui dans sa chambre. Il devait le recoudre et cautériser la plaie vu la profondeur de la blessure et surtout, Bill devait se reposer le plus possible. De son côté, en apprenant le retour de son ami dans un mauvais état, Tom s'était précipité au palais complètement affolé. Il arriva devant les appartements de Bill où beaucoup de monde se trouvait déjà. Il réussit à se faufiler pour se retrouver devant Lostris qui lui barrait le chemin.

- Bill ! Enfin Babillys je... Je dois le voir !

- Non. Il doit se reposer.

- Mais comment va-t-il ?

- Il a une légère fièvre et a perdu beaucoup de sang. Maintenant il doit se reposer donc personne n'ira le voir.

- Mais j'ai le droit de le voir quand même !

- Non ! Je suis sa femme ! Toi tu n'es que quelqu'un du bas peuple ! Je commande tu obéis ! Tu n'iras pas voir Pharaon. Et c'est pareil pour tous les autres ! Personne n'ira le voir !


Tom resta totalement sous le choc de ce que venait de lui dire Lostris. Comment osait-elle le traiter de la sorte et faire preuve d'autorité devant tout le monde alors que Bill était dans un tel état. Il releva le visage et comprit. Meret. Elle était en train de le fixer, un léger sourire de victoire dessiné sur les lèvres. Elle l'avait. Elle avait réussi à avoir Lostris souhaitant ainsi éloigner Tom de son fils. Le tressé fronça les sourcils et fit demi-tour, faisant croire qu'il se résignait. Mais au lieu de cela, il se faufila entre les colonnes de la grande allée pour rejoindre la statue d'Horus. Il passa derrière celle-ci et trouva facilement le passage secret, celui dans lequel il était maintes fois allé avec Bill. Il le connaissait par cœur, il n'avait même plus besoin de torche pour y aller. Il tourna une dernière fois et se retrouva dans la chambre royale. Et là il le vit.

L'androgyne était allongé dans son lit, les draps défaits laissant ainsi apparaître sa blessure. Les mains de Tom tremblaient à mesure qu'il se rapprochait. Ses yeux restèrent fixer la grande cicatrice qu'allait former la blessure du pharaon. Le tressé en eut les larmes aux yeux. Bill, lui qui était si beau, qui avait un corps si parfait... Pourquoi lui ? Pourquoi les Dieux avaient voulus lui faire traverser une telle épreuve ? Tom aurait préféré que ce soit à lui que ça arrive. Mais pas Bill. Pas après tout ce qu'il traversait depuis le début de son règne. Les yeux de Tom se remplirent de larmes mais il ne craquerait pas, il ne devait pas. Ce n'était pas lui le blessé. Il se rapprocha du lit et de Bill pour voir que ce dernier tremblait. Des gouttes de sueur perlaient sur son front. La fièvre. Bill avait attrapé la fièvre. Tom paniqua encore plus.

- Billy... Par Osiris je... Oh tu...

- Tom... Tomi...


L'androgyne ouvrit difficilement les yeux. Sa respiration n'était pas du tout régulière. Il avait du mal à savoir où il était, ce qu'il se passait. Ce dont il était certain, c'était qu'il avait reconnu la voix de Tom. Le tressé se précipita vers son ami, s'agenouillant à son chevet tout en attrapant sa main.

- Je suis là Bill... Calme-toi, tu dois te reposer.

- Tomi je... Tomi...

- Bill calme-toi...


Mais le brun retomba dans l'inconscience alors que la fièvre prenait le dessus. Tom se dépêcha d'aller chercher un tissu qu'il plongea dans l'eau froide du bassin pour venir poser le tissu sur le front de son meilleur ami. Il fallait que la fièvre baisse, qu'elle cesse. Il s'allongea à ses côtés, passant un bras autour de la taille de Bill pour que ce dernier ne bouge plus et qu'il se repose enfin. Les yeux de Tom se posèrent à nouveau sur la blessure du brun et il resserra automatiquement son bras pour le coller à lui. Il aurait tellement aimé que leur rôle soit inversé. Il nicha son visage dans le cou du pharaon, lui murmurant de douces paroles pour l'apaiser un minimum bien qu'il se doutait que la douleur était insupportable. Les minutes passèrent, les heures mêmes. Mais Tom n'avait toujours pas bougé. Il savait que sa place était là, tout près de Bill.

Mais des pas le sortirent de ses pensées. Il aurait pu fuir mais jamais il ne laisserait son ami seul dans un tel état. Il se releva légèrement et vit Meret apparaître devant lui. Il se crispa légèrement mais ne bougea pas pour autant. Elle se stoppa en voyant Tom ainsi tout contre son fils.

- Que fais-tu ici ? Sors immédiatement de cette chambre.

- Visiblement je suis le seul à m'inquiéter du sort de Pharaon. Cela fait un bon moment que je suis ici et personne n'est venu le voir.

- Sors tout de suite Tomias.

- Non.

- Tu es bien trop proche de mon fils. Tu l'as toujours été. J'aurai dû vous séparer depuis longtemps !

- N-non...


La voix de Bill s'éleva faiblement au milieu des cris de sa mère. Tom paniqua aussitôt.

- Billy ça va ? Comment te sens-tu et...

- S-sors...

- Quoi ?

- Mère... Sors...


Tom releva alors les yeux vers la mère de son meilleur ami et eut un regard très clair pour elle. Il fallait qu'elle parte et vite. Elle ne lui faisait pas peur mais Tom ne lui manquait pas de respect uniquement pour Bill. Cette dernière fit un pas en direction de Bill mais Tom la dissuada d'en faire plus.

- Tu vas beaucoup trop loin Tomias. Je te préviens, j'arriverai à t'éloigner de lui. Définitivement.

Elle se retourna et quitta enfin les appartements de Pharaon. Tom n'avait pas peur, il n'aurait jamais peur de cette femme. Il reporta son attention sur Bill qui avait les yeux à moitié ouverts et qui tentait de rester conscient pour profiter de la présence de Tom. Le tressé passa sa main sur le visage de l'androgyne pour le caresser doucement. Il retira le tissu qu'il posa ailleurs pour lui caresser doucement le front.

- Tu sais que tu m'as fait peur toi...

- P-Pardon...

- Ne t'excuse pas. Pardonne-moi de ne pas avoir su te protéger. Pardonne-moi de ne pas avoir été là. Je suis désolé de ce qui t'es arrivé Bill. Tellement...


Bill prit alors conscience qu'il aurait une marque à vie de ce qui s'était passé. Il tenta de se relever pour voir sa blessure et Tom l'y aida pour qu'il n'use pas trop de forces. Un sanglot échappa de la gorge du brun alors qu'il vit le carnage sur sa cuisse. Tom le fit se rallonger tout de suite, le prenant dans ses bras.

- Je... J'ai tué un homme Tom...

- Je sais.

- C'était hor-rible et là ma...

- Je sais Bill. J'ai vu. Mais ce que tu as fait était énorme tu sais. Tu as failli... Non, tu t'es sacrifié pour ton peuple, pour nous.

- Pour toi...

- Comment ça ?

- J'ai eu peur... Je les ai vu te... Tuer et je ne voulais pas et...


Tom vit les larmes apparaître sur les joues du brun. Il se pencha sur son visage et embrassa celles-ci pour les empêcher de continuer de couler. Il n'aurait jamais pensé que Bill avait fait ça en pensant à lui. Il n'aurait jamais pensé que Bill s'était sacrifié pour lui. Il le serra alors un peu plus contre lui, calant la tête du brun dans son cou qui se laissa aller à ses pleurs. Il lui caressa doucement le flanc pour lui montrer sa présence. L'androgyne continua de raconter ses peurs, enfin, il tenta de les raconter entre deux sanglots. Tom lui chuchotait des paroles rassurantes, le caressant toujours avec autant de douceur. Il voulait que Bill se calme, qu'il se repose pour reprendre des forces. Il avait mal pour lui. Tellement mal. Cette blessure il aurait préféré l'avoir lui. Le tressé allait pour se lever mais le pharaon paniqua.

- N-non ! Ne me laisse pas...

- Je ne pars pas Bill. Je reste avec toi. Jusqu'à ce que tu ailles mieux. Repose-toi. Il faut que tu ailles mieux.


Et Tom logea sa main dans la nuque du brun pour l'y caresser et déposa plusieurs baisers sur le visage de ce dernier. Il n'y avait que ça qui pourrait le calmer. Bill était épuisé et finit par s'endormir dans les bras de son ami qui ne le quitta pas de la nuit. Et il valait mieux. Bill ne fit que se réveiller en hurlant, se rappelant encore et encore des scènes qu'il avait vécues. Il voyait ces scènes de guerre, tout ce sang. Il revoyait tout. A l'aube, il se réveilla à nouveau en hurlant, s'asseyant d'un coup dans son lit. Tom, qui s'était endormi, s'assit immédiatement à ses côtés. Il prit le visage de Bill entre ses mains pour que ce dernier le regarde.

- Bill regarde-moi ! Regarde-moi ! Ce n'est pas vrai ! C'est fini tout ça ! C'est fini Bill...

De l'horreur et l'effroi, Bill fondit en larmes et Tom le reprit tout contre lui dans ses bras. Ils se serrèrent fortement ne voulant pas se quitter. Le tressé baissa alors le visage et remarqua qu'en bougeant, l'androgyne avait légèrement rouvert sa plaie. Il fit en sorte que Bill se rallonge et s'éloigna un instant mais celui-ci se raccrocha désespérément à lui.

- Me laisse pas Tom ! Me laisse pas !

- Je reviens tout de suite. Je ne te laisse pas. Je dois te soigner Bill.

- Mais je... J'ai rien !

- Si Bill. Calme-toi, je vais prendre soin de toi.


L'androgyne tenta de calmer sa respiration ainsi que ses pleurs. Tom se leva et attrapa un tissu pour tenter d'arrêter le sang. Sauf que la plaie s'était bien rouverte et que Bill gémissait de douleur et son corps était secoué de spasmes. Il n'y avait qu'un seul moyen pour arrêter le saignement. Tom se voyait mal le recoudre et puis, il n'avait pas ce savoir. Alors il se rapprocha d'une lampe à huile après avoir trouvé un tisonnier. Il le fit chauffer durant quelques instants et une fois qu'il était bien rouge, il se rapprocha de Bill. Il n'osait pas l'approcha de la cuisse du brun mais il devait le faire.

- Pardonne-moi Bill...

Et il plaqua le tisonnier sur la cuisse de l'androgyne qui hurla littéralement de douleur. Tom se demandait comment faisait Bill pour ne pas tomber dans l'inconscience sous la souffrance. A croire qu'il avait encore plus souffert avant. Tom retira donc rapidement le tisonnier pour voir qu'il avait réussi à cautériser la plaie et celle-ci ne saignait plus. Le pharaon avait contracté tout son corps sous la douleur et Tom se dépêcha d'aller plonger la tige de métal dans l'eau pour revenir auprès de Bill qui ne faisait que répéter son nom de façon lancinante, attendant qu'il arrive enfin. Le tressé se recoucha à ses côtés et les mains tremblantes de Bill se posèrent sur son torse alors qu'il se lovait dans ses bras.

- J'ai mal Tomi...

- Je sais. Pardonne-moi. Mais ça ira mieux maintenant.

- Promis ?

- Oui promis. Et je ferai tout pour. Dors maintenant. Tu dois te reposer.


Bill poussa un simple gémissement alors qu'il nichait son visage dans le cou de son ami, respirant son odeur qui l'apaisait tout comme sa présence. Le brun finit par s'endormir pendant que le tressé lui caressait le dos. Tom resta auprès de Bill toute une semaine. L'androgyne refusait que quiconque d'autre que lui ne rentre dans sa chambre. Il régnait toujours mais de sa chambre. Au moins, Tom était là la nuit quand il faisait des cauchemars. C'était Tom qui l'avait forcé à se nourrir. C'était Tom qui ne faisait que lui dire qu'il restait magnifique même avec sa cicatrice sur la cuisse. Mais depuis ce fameux jour, Bill avait toujours porté une tenue qui cachait sa cuisse, refusant qu'on la voie. L'androgyne avait vraiment apprécié ces journées passées en compagnie de son meilleur ami. Il avait eut l'impression de le retrouver. Il espérait juste que cela pourrait continuer encore un bon moment.

Au bord du NilOnde histórias criam vida. Descubra agora