Partie 4

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Bill avait espéré en vain. Tom n'avait pas vraiment eut le temps de revenir en trois mois. Il l'avait fait plusieurs fois mais à chaque fois chacun étaient occupés par les fonctions qu'ils occupaient. Tom était très pris sur le chantier de son père pour tout mettre en ordre. Et il n'avait pas finis. Une pyramide ne se construisait pas en six mois, malheureusement pour Bill. L'androgyne avait envie de stopper ces travaux plus que stupides à ces yeux. Il voulait tout arrêter pour avoir Tom près de lui. Mais si jamais il faisait une telle chose, le tressé lui en voudrait. Après tout Tom voulait devenir architecte alors Bill ne devait pas aller à l'encontre de sa décision. Ce matin-là, Bill se leva avec une vive amertume au fond de lui. Il ne voulait pas assumer ses fonctions. Pas aujourd'hui. Il ne voulait pas que toutes les exigences qui pèsent sur le pharaon pèsent sur ses épaules aujourd'hui. Il voulait fuir. Et il allait fuir. Oui, rien qu'aujourd'hui. C'était ça la solution. Bill ne voulait plus être lui-même pour une journée.

Il retira alors ses habits beaucoup trop riches pour un jeune homme du peuple. Il ne mit aucun bijou en or, rien qui pourrait dire qu'il vient d'une famille riche. Il enfila un foulard autour de sa tête pour encore plus se cacher. Il se faufila parmi les passages secrets du palais et finit par enfin en sortir. Il fut un instant ébloui par le soleil. Il avait l'impression qu'il n'avait pas réellement croisé ses rayons depuis des mois. Il ferma les yeux un léger instant en sentant le soleil réchauffer son visage. Un doux sourire étira ses lèvres. Oui, c'était vraiment ce dont il avait besoin. Il voulait changer d'air et se mêler au peuple serait la meilleure idée. Il se dirigea d'un pas sûr entre les petites habitations pour finalement arriver devant celle de Tom. Il hésita quelques instants. Il ne savait pas si ce dernier était vraiment là ou bien s'il était déjà parti pour le chantier. L'androgyne sursauta alors en entendant du bruit provenant de l'intérieur et un juron après un bruit de quelque-chose que l'on venait de briser. Tom était toujours là.

Bill prit une grande inspiration et finit par frapper à la porte en bois. Il savait que la maison de Tom n'était pas grande mais depuis la dernière fois qu'il y était venu, quelques années avaient passées. Tom vivait toujours avec son père. Il n'avait plus de mère depuis qu'il était petit. Le brun attendit donc impatiemment que son ami vienne lui ouvrir. Il jouait nerveusement avec ses doigts comme à chaque fois qu'il avait peur d'un refus ou qu'il allait avoir une remontrance. Et là, il penchait pour l'engueulade. Il se doutait que Tom n'approuverait jamais ce qu'il venait de faire mais il en avait grandement besoin. La porte s'ouvrit alors, laissant apparaître un Tom assez perplexe. Il ne voyait pas du tout qui pouvait venir le voir jusqu'à chez lui. Il plissa les yeux un instant quand le sourire timide de l'androgyne le frappa immédiatement.

- Non ! Mais...

- Coucou Tomi...

- Mais c'est pas vrai ! Entre tout de suite !


Et avant que Bill ait pu dire quoi que ce soit de plus, le tressé lui attrapa le poignet et l'attira à l'intérieur, refermant rapidement la porte en espérant que personne ne l'avait vu. Il se retourna alors vivement vers son ami qui venait de retirer son foulard.

- Tu es complètement fou Bill ! Tout le monde va te chercher ! Rentre au palais !

- Non ! Je ne veux pas aujourd'hui ! Je n'en peux plus ! Ma mère et Lostris sont abominables. Lostris encore plus avec sa grossesse. S'il-te-plait laisse-moi venir avec toi aujourd'hui...

- Ce n'est pas possible Billy. Tu as des obligations.

- Tu me manques Tomi...


Et le brun baissa le visage, un air triste imprimé dessus. Tom voulait répondre mais il ne fit que soupirer. Il ne pouvait pas lui retirer cette envie. Il se sentait fautif de ne pas l'avoir vu depuis un petit moment. Il l'avait aidé à aller mieux après sa blessure mais depuis, il n'avait pas vraiment eut le temps de venir le voir. Il rentrait à des heures pas possibles du chantier, complètement épuisé. Il se doutait bien que pour Bill c'était la même chose. Il sortit de ses pensées en entendant la suite.

- Tu n'es même pas venu à la cérémonie en l'honneur d'Osiris...

Et là le remord s'empara du tressé. Il n'avait pas pu venir ce jour-là car il y avait eut un accident sur la pyramide. Il se rendit alors compte qu'il avait fait passer son métier avant son ami. Pour Bill c'était normal vu la fonction qu'il occupait mais lui... Et pourtant, cette cérémonie, il ne l'avait jamais manqué. C'était sa préférée à lui et à Bill. Mais cette fois, il avait laissé l'androgyne la faire seule, aller au temple rendre hommage au Dieu Osiris seul. Il s'en voulait plus que jamais. Son cœur se brisa un peu plus quand il vit le visage baissé de l'androgyne. Il se rapprocha de ce dernier et la seule chose rassurante qu'il pouvait faire à ce moment-là pour lui fut de le prendre dans ses bras. Il l'aimait tellement son Bill. Il ne se pardonnerait jamais de lui faire autant de mal.

- Pardon Billy...

- J'veux juste une journée avec toi, rien qu'une. S'il-te-plait...


Bill s'écarta légèrement de son ami pour plonger ses yeux dans les siens. Il laissa sa main venir caresser la joue de l'androgyne qui en ferma les yeux. Ce contact lui avait tellement manqué. Tom lui avait manqué. Et le tressé ne résista pas plus longtemps. Il baissa le visage pour déposer ses lèvres sur les siennes et très vite le baiser s'intensifia, sa langue allant à la rencontre de celle de son vis-à-vis, la caressant avec cette douceur dont seul Tom pouvait avoir envers Bill. Le brun se colla un peu plus contre son ami entourant son cou de ses bras. Il avait tellement besoin de le sentir aussi proche de lui, de sentir sa chaleur et son amour. Il avait besoin de tout ça hors il n'y avait plus le droit depuis bien trop longtemps. Ils finirent par se détacher, voulant reprendre leur souffle et immédiatement, l'androgyne nicha son visage dans le cou de son ami. Tom glissa une de ses mains dans la chevelure ébène du pharaon.

- Tu ne devrais pas être ici. Et je risque de me faire tuer s'il t'arrive quelque-chose, mais... C'est d'accord Bill. On va passer une journée ici, rien que tous les deux.

- C'est vrai ?

- Oui Bill, une journée, rien que toi et moi
, sourit doucement le tressé.

L'androgyne resserra son étreinte, ayant du mal à croire que son ami accepte une telle chose. Il avait déjà hâte que la journée commence bien qu'il pense qu'au final, cette journée allait passer à une vitesse affolante. Il finit par se détacher du tressé, non sans oublier de déposer une dernière fois ses lèvres sur les siennes en un furtif baiser puis il remit son foulard. Tom soupira une nouvelle fois et finit par lui ouvrir la porte. Le début de la journée commença enfin. Tom amena Bill un peu partout dans la ville, aux meilleurs endroits selon lui. Bill s'extasiait à chaque nouvelle chose qu'il voyait, à chaque rencontre qu'il faisait. Comme cette vieille femme qui leur offrit quelques fruits à manger et Bill se délecta de leur goût. Ils continuèrent à déambuler dans les rues de la capitale égyptienne, s'amusant comme les gamins qu'ils étaient encore quelques années auparavant. Bill se réjouissait comme jamais à chaque chose qu'il pouvait faire.

L'androgyne le sentait, ce genre de journée lui manquerait par la suite. Mais il fallait qu'il en profite au maximum. Tom lui fit découvrir les joies d'une vie simple tout comme une vie de dure labeur. Il l'amena au chantier où le tressé fit une légère apparition. Bill vit alors à quel point ses sujets lui étaient dévoués pour lui construire un édifice digne de lui. Il n'en revenait pas de les voir se démener, suer autant pour lui. Il n'avait pas demandé tout ça. Le pharaon resta sur place, n'osant pas avancer plus que ça, en ayant assez vu.

- Bill, viens.

- Je... Non. Regarde à quel point ils travaillent et...

- Ils sont heureux de travailler pour toi tu sais. Ils sont heureux de contribuer à tout ça.

- Mais... Je ne veux pas qu'ils me construisent un tombeau.

- Je sais. Seulement tu ne peux pas aller contre leur croyance. Contre tes croyances.


Le brun ne put que se résigner face aux paroles de son meilleur ami et le suivit. Il l'admira donner des directives à certains ouvrier. Tom était vraiment beau dans ces moments-là, il ne pouvait pas le nier. Il avait une telle force de détermination dans les yeux et sa façon de diriger tout le monde. Oui, Bill l'admirait vraiment. Il avait beaucoup plus de force de persuasion que lui avec ses sujets. Il aurait aimé que Tom lui apprenne tout ça. Mais il devait également apprendre à le faire par lui-même. Il y arriverait. Et de cette manière le tressé serait fier de lui et l'admirerait à son tour. Il sentit alors le regard de plusieurs ouvriers sur lui et se sentit assez mal à l'aise. Il se rapprocha de Tom et se colla légèrement à lui. Le tressé comprit immédiatement et mit un terme à ses directives pour repartir en compagnie de son ami vers un endroit plus tranquille.

Ils arrivèrent donc à un petit endroit au bord du Nil que Tom affectionnait particulièrement. Le tressé était assis à l'ombre d'un palmier pendant que Bill s'était assis dans le sable, plongeant ses pieds dans l'eau fraîche du Nil. Il en ferma les yeux et apprécia. Cela faisait si longtemps qu'il n'avait plus eut cette sensation de liberté, de pouvoir faire ce qu'il voulait au moins une fois. Et là il était en compagnie de Tom et c'était vraiment tout ce qu'il demandait. Le tressé ne fit que l'observer, un léger sourire au coin des lèvres alors qu'il voyait son ami si heureux. Cela faisait trop longtemps que Bill n'avait plus souri ainsi.

- Bill fais quand même attention.

- Oui Mère.


Et Bill rit tout en jouant avec l'eau. Mais Tom ne pouvait pas s'empêcher de s'inquiéter. Il était bien trop près du bord et on ne savait jamais ce qui pourrait arriver. Le brun continuait de s'amuser, demandant à son ami de le rejoindre mais Tom refusait à chaque fois. Et il avait bien fait. Alors que Bill continuait de s'amuser totalement inconscient de tout ce qui pourrait arriver, Tom vit le danger. Un crocodile du Nil s'approchait rapidement du pharaon. Il se leva et se précipita vers le brun.

- Bill ! Va-t-en !

Mais l'androgyne ne comprit pas tout de suite ce qui arrivait. Le tressé eut juste le temps de le repousser pour qu'il sorte de l'eau alors que lui y entrait et que l'animal fondait sur lui. Une vive douleur dans sa cuisse le fit hurler alors que Bill ouvrait grands les yeux de stupeur. Tom avait sorti un poignard qu'il avait toujours sur lui et avait blessé l'animal qui s'éloignait alors que le jeune homme ressortait de l'eau, la cuisse ruisselante de sang. Bill sortit alors de sa torpeur et s'avança vers Tom pour le prendre dans ses bras. Il retira son foulard qu'il attacha autour de sa cuisse, tentant d'arrêter le sang comme il pouvait.

- Tom ! Je t'en prie ! Lève-toi il faut que tu vois un médecin et...

- C'est rien Bill... Tu n'as rien toi... ?

- Idiot ! Ne me demande pas comment je vais alors que... Tom ? Tom ! Réveille-toi je... Au secours ! Venez m'aider !


L'androgyne dût se résoudre à laisser Tom seul le temps qu'il trouve de l'aide pour le transporter. On voulu déposer Tom chez lui mais Bill les en empêcha, dévoilant ainsi sa véritable identité. Il ne fit pas attention à l'étonnement de son peuple quand celui-ci le reconnut. Il était bien trop occupé par l'état de Tom. Il leur demanda donc de l'amener jusqu'au palais. Il croisa alors sa mère dans les couloirs alors qu'on emportait Tom dans la chambre de Bill. Cette dernière arrêta son fils en l'attrapant par le bras alors que celui-ci hurlait aux médecins de sauver son ami.

- Babillys ! Tu ne peux pas le faire soigner dans ta chambre !

- Et pourquoi ?! Je fais encore ce dont j'ai envie Mère ! Et tu n'as rien à redire !

- Ce n'est qu'un homme du peuple !

- Et alors ! Il est mon meilleur ami avant tout ! Le seul qui m'aime pour ce que je suis contrairement à vous tous !


Tout en disant cette phrase, Bill avait lancé un regard à sa mère tout comme à Lostris qui était arrivée.

- Personne ne nous dérangera pendant son rétablissement c'est compris ?

- Babyl...

- Non ! Je suis Pharaon alors vous m'obéissez !


Et sans leur laisser le temps de riposter, il se précipita vers sa chambre. Il tourna en rond alors que les meilleurs médecins d'Egypte s'affairaient à sauver la jambe de Tom. Il n'avait pas pu retenir ses pleurs alors qu'il entendait son meilleur ami gémir de douleur. Il savait ce que cela pouvait faire, il l'avait vécu quelques mois auparavant. Mais là, Tom avait été blessé par sa faute et uniquement par sa faute. Il ne l'avait pas écouté quand il lui avait dit de faire attention, quand il lui avait dit de s'éloigner du bord. En plus de l'avoir inquiété voilà qu'il l'avait fait se blesser. Il crut que cela dura des heures et il ne faisait que souffrir en même temps que son meilleur ami. Une fois qu'on eut terminé de soigner Tom, Bill renvoya tout le monde et n'oublia pas de rappeler que personne ne devait les déranger.

Le brun se rapprocha de son ami qui respirait difficilement à cause de la douleur. Mais il était conscient, c'était déjà ça. Bill vint s'asseoir à ses côtés sur le lit et Tom lui sourit faiblement. Tout ce qui importait pour le tressé était que l'androgyne n'aie rien. Il n'avait pas réfléchi sur le coup mais il aurait donné sa vie pour Bill. Et il en serait toujours ainsi il le savait. L'androgyne prit sa main dans la sienne et lia leurs doigts, les fixant sans oser relever les yeux vers Tom, s'en voulant bien trop de tout ce qui était arrivé. Il s'en voulait d'avoir été aussi naïf et inconscient. Il ne pensait qu'à lui, comme à chaque fois. Il était bien trop égoïste pour voir que Tom ne pouvait pas non plus lui consacrer tout son temps. Il se sentait tellement stupide à l'instant précis.

- Bill... Regarde-moi...

- Ne parles pas Tom, tu dois te reposer et...

- Regarde-moi...


Bill prit une légère inspiration et releva le visage, les yeux remplis de larmes. Il n'avait qu'une envie, s'enfuir ou alors souffrir à la place de Tom. Il avait même peur d'affronter le regard de son ami. Il se sentait plus que misérable. Le tressé prit sur lui et leva sa main libre pour venir caresser la joue de l'androgyne. Ce dernier en ferma les yeux et les larmes coulèrent sur sa peau.

- Ne t'en veux pas Billy... C'est moi qui aie pris la décision de te sauver alors ne t'en veux pas...

- Mais à cause de moi tu es blessé et... Par Isis pardonne-moi...

- Il n'y a rien à pardonner.

- Mais regarde ta jambe Tomi ! Par ma faute elle...

- A croire que moi aussi je voulais une cicatrice comme la tienne.

- Ne racontes pas de bêtises Tomi...

- Viens...


Et le tressé attira son ami pour qu'il s'allonge à ses côtés et le prit dans ses bras. Bill se sentait vraiment moins que rien. Alors que c'était Tom le blessé, c'était lui qui se faisait consoler. Mais il avait eut tellement peur. Il savait que Tom était tenace et que peu de choses arriveraient à le tuer mais il avait vraiment eut peur. Le tressé avait fermé les yeux et gardait la main du pharaon dans la sienne, la caressant de son pouce alors qu'il sentait le souffle de Bill dans son cou. L'androgyne avait toujours les yeux ouverts et retenait ses larmes comme il pouvait. Il s'en voulait tellement de ce qui était arrivé. Il sentit le bras de Tom resserrer son étreinte autour de sa taille.

- Arrêtes de t'en vouloir Billy. Je m'en remettrai.

- Mais comment tu...

- Je le sens. Je connais tout de toi.

- T'as toujours été le seul à me comprendre.


Bill releva le visage et Tom rouvrit les yeux pour les planter dans ceux de son vis-à-vis. Le tressé lâcha la main de son homologue et celle-ci vint à nouveau caresser la joue du pharaon.

- Embrasse-moi Bill...

- Je... Quoi ?


Cette demande lui paraissait étonnante pour la simple et bonne raison que d'habitude, c'était Bill qui demandait et non Tom. Le tressé eut un très léger sourire.

- C'est moi le grand blessé. J'ai le droit de demander ce que je veux.

- Mais...

- Embrasse-moi, s'il-te-plait.


Bill rapprocha alors son visage de celui de son ami et ne fit que frôler ses lèvres des siennes l'espace d'un instant. Tout n'était que douceur. Il les pressa alors délicatement contre celles de Tom pour un baiser tout en surface. Il lâcha un très léger gémissement quand il sentit la langue du tressé lécher sa lèvre inférieure ce qui le fit entrouvrir les lèvres. Tom en profita et introduisit sa langue dans la bouche de Bill pour que celle-ci retrouve son homologue. Le baiser s'intensifiait de secondes en secondes. Ils avaient un besoin indescriptible de se retrouver l'un comme l'autre. Et il n'y avait que dans ces moments intimes que c'était possible. Ils étaient dans leur monde et personne ne viendrait les déranger, ils le savaient. Bill colla son torse à celui de son ami pour se retrouver encore plus proche de lui. Le baiser se termina lentement, avec énormément de lenteur comme s'ils ne voulaient pas que cela cesse. Bill entoura le cou de son ami de ses bras et nicha son visage dans son cou tout en essayant de ne pas lui faire de mal au niveau de sa blessure. Il voulut s'écarter de peur de le gêner mais Tom le retint.

- Non, reste.

- Je ne veux pas te faire de mal Tomi.

- Tu m'en feras plus en t'éloignant.


Bill se mit alors à caresser de son nez la peau du cou de son ami ce qui fit soupirer ce dernier de bien-être. Tom finit par s'endormir avec son brun dans les bras. Il n'y avait que comme ça qu'il adorait s'endormir. Bill le rejoignit dans ses songes. De toute la nuit, ils ne se quittèrent pas. Tom gardait son ami tout contre lui, refusant de le lâcher. Lui aussi, dans un sens, avait peur de le voir partir. Il n'aurait pas supporté. Pas maintenant que c'était lui qui avait besoin de lui comme jamais. Il s'en voulait de monopoliser Bill de cette manière mais il en ressentait le besoin et l'envie.

Le lendemain matin, Tom se réveilla par un souffle qui lui chatouillait l'oreille ainsi que son nom murmuré faiblement. Ses yeux papillonnèrent lentement et tombèrent sur le visage du pharaon. Le tressé mit quelques instants à bien se réveiller et à se faire à la lumière du jour pour sourire faiblement.

- Bonjour...

- Bonjour. Je t'ai apporté quelques trucs à manger si tu as faim...


Tom se redressa en évitant de bouger sa jambe blessée et remarqua alors un plateau avec de la nourriture dessus. Bill le lui avait amené. Tom ne fit que sourire devant une telle attention.

- Tu n'aurais pas dû tu sais. Je me fais servir par Pharaon. Si ça se savait.

- Peu m'importe leurs remarques. Je prends soin de qui je veux.


Tom sourit un peu plus et commença à manger en compagnie de son ami. Bill lui donnait des fruits, tout ce qui passait entre ses mains en fait. Le tressé ne faisait que rire sous toutes ces attentions mais ne s'en plaignait pas du tout. Il laissa Bill lui donner la becquée. Il appréciait vraiment ce moment en sa compagnie. Ce n'était peut-être pas un si grand mal que ça qu'il se soit blessé, même si ça lui faisait mal c'était très supportable quand Bill s'occupait de lui de cette manière. Une fois qu'ils eurent finis, Bill se leva et prit le plateau pour le poser sur une table plus loin. Tom le regarda faire puis se rapprocha du bord du lit. Il voulait juste essayer de plier sa jambe blessée. Il la plia très doucement et une grimace de douleur prit place sur son visage. Bill s'était rapproché de lui, s'asseyant à ses côtés. Il lui prit la main pour que Tom puisse la serrer si jamais il avait trop mal. Ce que fit le tressé tellement la douleur était vive. Mais cela passerait, il le savait. Et Bill n'avait vraiment pas à s'en vouloir de tout ça.

- Tom...

- Non Bill, arrêtes de t'en vouloir. Si je voulais vraiment qu'il n'y ait aucun risque, je n'aurai jamais dû t'emmener là-bas. Alors arrêtes de t'inquiéter, ça ira mieux.

- Tu es sûr ?

- Oui. Après tout, toi tu en as guéri alors pourquoi moi je ne pourrai pas ?


Bill ne fit que légèrement lui sourire alors que le pied de Tom touchait enfin le sol. Le brun ne bougea plus, attendant juste que la douleur s'atténue alors que sa jambe était enfin pliée. On ne dirait pas comme ça mais c'était un sacré effort qu'il venait de faire. Comme pour souffler un peu, il enfouit son visage dans le cou de l'androgyne, déposant un doux baiser sur sa peau avant de fermer les yeux.

- Tu te souviens Bill ?

- Mmh ? De quoi ?

- De notre course de chars. Et de comment elle avait terminé.

- Oui, vu la remontrance de mon père je m'en souviens.

- Je ne parlais pas de cette fin-là.

- Oh... Oui je m'en rappelle très bien.


Les deux amis se replongèrent alors dans leurs souvenirs qui n'étaient pas si lointains que ça. Ils n'avaient alors que 12 ans à l'époque...

Les deux jeunes hommes avaient eut envie de sortir ce jour-là. Bill n'avait pas eut envie de continuer ses cours alors les deux amis s'étaient échappés en vitesse du palais pour filer à la périphérie de la ville histoire d'être tranquilles. Ils trouvèrent alors deux chars attelés chacun à un cheval. Un regard leur suffit pour comprendre ce qui allait arriver par la suite. Ils prirent chacun un char et c'était parti pour la course à travers toute la ville. Ils faisaient des ravages partout où ils passaient mais peu leur importait, au moins, ils s'amusaient et pas qu'un peu. Bill oubliait un instant ses obligations de prince pendant que Tom pouvait profiter d'un moment simple avec son meilleur ami. Que demander de plus franchement ? Rien, vraiment rien. Sauf peut-être d'éviter l'autre pour ne pas avoir d'accident. Mais ça, encore fallait-il qu'ils ne soient pas aussi passionnés par cette course entre eux deux. Le plus souvent les virages entre les habitations étaient serrés et ils n'étaient pas loin de se rentrer dedans ou tout simplement de renverser quelqu'un qui avait le malheur de se retrouver sur leur chemin.

Les deux adolescents continuaient leur course folle malgré les cris et les protestations alors qu'eux ne faisaient que rire un peu plus à chaque fois. Ils continuèrent ainsi encore un bon bout de chemin avant de s'engager dans la ruelle la plus serrée de la ville. Ils étaient alors côte à côté, les roues de leur char se frôlant à chaque instant. C'était dangereux, ils le savaient. Mais ils voulaient gagner, voir lequel des deux serait le plus téméraire. Le bout de la ruelle arriva enfin or le problème était qu'un seul char pourrait réussir à passer. Ils claquèrent les rênes un peu plus fort dans l'air pour que leurs chevaux se décident à galoper encore plus vite. Ils se lancèrent quelques regards, un sourire toujours aux lèvres. Cela se passa alors en quelques secondes. Les deux voulant aller le plus vite, leurs chars se rencontrèrent et basculèrent en avant les projetant tous deux plus loin dans le sable. Ils roulèrent côté à côté et finirent par se stopper, Bill sur Tom. Ils éclatèrent tous les deux de rire.

- Je ne m'attendais pas à une telle arrivée.

- Moi non plus
, continua Bill, mais au moins cela prouve qu'il n'y a pas de gagnant.

- Si bien sûr. C'est moi.

- Mais bien sûr et pourquoi ?

- Parce-que je suis le premier à être tombé ?

- Han mais ça ne veut rien dire du tout ça !

- Moi je crois que si.

- Que non !


Tom ne fit que sourire légèrement en entendant la remarque de l'androgyne. Il prit le visage de ce dernier entre ses mains pour qu'il le regarde avec sa petite moue boudeuse comme il savait si bien le faire. Les pouces de Tom se mirent à doucement caresser les joues de son ami.

- Très bien. C'est toi qui as gagné.

- Ouais merci Tomi !


Et sans réellement s'en rendre compte, Bill rapprocha son visage de celui de son ami pour déposer sa bouche sur la sienne. Bien trop surpris par ce nouvel échange entre eux, Tom ne fit que fermer les yeux en même temps que Bill comme si c'était naturel. Ils bougèrent lentement leurs lèvres les unes contre les autres et sans vraiment réfléchir, Tom laissa sa langue venir effleurer les lèvres de Bill. Ce dernier gémit doucement et écarta ses lèvres le temps de reprendre ses esprits.

- Tomi... C'était quoi ça ?

- Un baiser de grands. J'avais juste envie d'essayer. Et puis, tu as commencé.

- Oui mais je... C'était bon...


Bill avait baissé le visage, gêné. Il ne savait pas comment il avait pu dire une telle chose mais cela avait été le cas. Il avait apprécié ce nouvel échange avec Tom.

- On recommence alors.

- Quoi ? Mais...


Seulement Tom ne lui laissa pas le temps de continuer qu'il s'était déjà penché sur le visage de l'androgyne pour déposer à nouveau ses lèvres sur les siennes. Immédiatement, instinctivement, Bill entrouvrit les lèvres pour laisser la langue de son ami entrer dans sa bouche. Le baiser était timide, doux, peu sûr. Mais ils appréciaient et c'était tout ce qui comptait. Leurs langues s'étaient trouvées pour ne pas vraiment se quitter. Pas tout de suite en tout cas. Le baiser continua. Jusqu'à ce qu'ils soient obligés de tout stopper car des habitants venaient pour voir dans quels états ils étaient.


Mais depuis ce fameux jour, les baisers n'avaient pas cessés. Ils en avaient toujours besoin l'un comme l'autre. Ces moments intimes, ils n'arrivaient plus à s'en passer. Tom avait toujours son visage niché dans le cou de l'androgyne, respirant doucement son parfum si sucré.

- Tu devrais aller prendre un bain Tom. Ça ferait du bien à ta jambe tu sais.

- Aide-moi
, souffla le tressé.

Bill se leva et passa un bras autour de la taille de Tom alors que le bras de ce dernier passait autour de son cou. Le pharaon aida son ami à se lever et l'amena lentement vers le bassin de sa chambre. Il descendit dans celui-ci en compagnie de Tom, l'aidant comme il pouvait. Ils ne s'étaient même pas déshabillés mais ils n'y avaient pas pensé. Le tressé s'assit sur les marches du bassin, Bill à ses côtés. Ils ne bougeaient pas, profitant simplement de la fraîcheur de l'eau sur leurs corps.

- Merci.

- Ne me remercie pas. Pas après ce que je t'ai fait.

- Pour la énième fois Bill, tu ne m'as rien fait d'accord ? Regarde je suis en vie. Je crois que c'est le plus important non ?

- Oui mais ta jambe.

- Elle s'en remettra. Bill ce n'était qu'un accident d'accord ? Je préfère largement te savoir sain et sauf plutôt qu'avec une nouvelle blessure à la cuisse.


Bill ne fit qu'hocher la tête en guise d'approbation bien qu'il s'en voulait toujours un peu. Tom passa son bras autour de la taille de l'androgyne et le rapprocha de lui pour finalement l'enlacer. Ils restèrent ainsi un bon moment en silence, Tom laissant ses doigts caresser la peau de la hanche du brun alors que ce dernier soupirait de bien-être. Bill restera ainsi à veiller sur Tom pendant une bonne dizaine de jours, refusant de le laisser repartir même si celui-ci avait insisté. Il aimait trop s'occuper de Tom. Il aimerait toujours s'occuper de lui. Seulement, il savait aussi qu'il allait bientôt devoir s'occuper d'un autre petit homme qui n'allait pas tarder à voir le jour. Enfin il espérait. Mais en même temps, l'idée de devenir père le terrifiait. Bill ne se sentait pas prêt et risquait de ne jamais l'être.

Au bord du NilWhere stories live. Discover now