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Coupés du monde urbain depuis quelques jours, Mékra et moi prenons notre temps pour se redécouvrir. Les seules personnes que nous croisons, sont mes grand-parents. Nos téléphones sont coupés, nos journées se résument à aller à la plage, visiter et glander, mais toujours rien qu'à deux. Ce temps passé ensemble me fait réaliser à quel point il m'avait manqué et à quel point il est important dans ma vie.

Mais toutes les bonnes choses ont une fin et cela arrive aujourd'hui. Nous rentrons à Paris, parce qu'il faut bien que je reprenne les cours et qu'il retourne sur le FeuTour.

Lorsque les roues de l'avion touchent le sol, je souffle longuement. Je n'avais vraiment aucune envie de rentrer. Mékra semble du même avis que moi, il n'a pas l'air enthousiaste. Nous trainons des pieds jusque le lieu où nous devons prendre nos valises. Et une fois dans le Uber, on se demande qu'est-ce qu'on fait là alors qu'on pourrait être au bord de la plage.

Nous sommes à peine début septembre et le temps pluvieux de Paris fait déjà son grand retour. Je suis vraiment dégoûtée d'être ici.

- Retiens moi de ne pas lui demander de faire demi-tour, pour qu'on reparte au Mexique, se plaint Mékra en fixant la pluie.

- Je ne peux pas faire ça, parce que j'en ai également envie. Mais on a nos obligations ici.

- Obligations de rien du tout, si j'veux vivre avec toi à l'autre bout du monde, rien ne me retient.

- Ne dit pas ça Haks.

À l'expression de son visage, je vois cependant qu'il est, on ne peut plus, sérieux. On a pourtant notre famille ici, nos amis et notre vie quotidienne, mais il serait prêt à tout abandonner. Je ne veux pas qu'il pense ça car je ne veux pas être celle qui prive ses proches de le voir, et vice-versa pour moi. Pourtant, l'idée ne me déplairait pas. Ces mois passés loin de tout ce raffut quotidien m'ont fait le plus grand bien et encore plus ces derniers jours, quand Mékra est arrivé.

Le chauffeur nous dépose devant son appartement, on a à peine le temps de poser nos valises dans l'entrée qu'on est attaqué par deux personnes. Fram accourt vers son frère et Anna se jette dans mes bras. Je suis d'abord figée, puis je me rappelle des efforts que j'ai fait pour redevenir à peu près normale.

- Ne pars plus jamais autant de temps, me chuchote-t-elle.

J'acquiesce sans trop savoir quoi dire de plus. Si elle savait le fond de ma pensée, elle m'en voudrait surement.

Tous nos potes sont là et ce n'était vraiment pas prévu.

Nous avions prévu de passer la soirée à chercher un appartement, devant une sitcom du genre Malcom ou Ma famille d'abord. Raté.

Je culpabilise encore plus que Mékra n'aurait pas de mal de partir à l'autre bout du monde pour moi, quand je le vois saluer tous ses potes, un sourire scotché sur le visage. Je ne le laisserai jamais faire ça, c'est impossible. Ses potes c'est sa famille. Sa famille est une partie de sa vie.

Ensuite, les gars portent leur attention sur moi et je me sens directement mal à l'aise. Je reviens après plus de deux mois de "cavale", je leur avais juste envoyé un message. Mékra m'a dit qu'ils ne m'en voulaient pas et que justement, c'était eux qui l'avait poussé à me rejoindre. C'est également ce que je me disais, jusqu'à ce que je croise le regard sombre de Deen. Ok, lui m'en veut à mort, je le connais par coeur.

- T'es enfin de retour, me dit-il d'un ton amer.

- Bigo, on avait dit quoi, le réprimande Ken.

- Ouais j'sais que tous, vous lui en voulez pas, mais dans le fond moi j'lui en veux de nous avoir laisser avec un seul message. Alors qu'elle était dans le mal et qu'on aurait pu l'aider. Mais comme elle nous fait pas confiance cette meuf.

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