Détester quelqu'un cordialement

3K 316 29
                                    

Au week-end, Harry eut la désagréable surprise de voir Ron venir accompagné de Ginny. Il ignora volontairement le regard désolé de son meilleur ami, et il resta volontairement silencieux, ne faisant pas un geste en direction de sa femme.

Hermione fronça les sourcils et Neville les dévisagea l'un après l'autre, visiblement perplexe.

Alors que Harry se penchait vers Drago pour lui parler à mi-voix, Ginny explosa.

- Tu détestais cette fichue fouine cordialement et d'un coup c'est ton meilleur ami ? C'est une plaisanterie Harry ?

Voyant les yeux de Harry s'assombrir sous la colère, Ron attrapa le poignet de sa femme et fit signe à Neville de s'écarter. Il connaissait sa sœur et son beau-frère et savait que mieux valait ne pas être à proximité lorsque leur colère exploserait...

Il jeta un bref regard à Drago et estima que l'ancien Serpentard pouvait parfaitement se débrouiller pour se mettre en sécurité. A lui de décider s'il avait suffisamment d'instinct de survie.

- ça suffit Ginny. Je pense que tu t'es suffisamment donné en spectacle. Tu n'es pas la bienvenue ici, alors je te conseille de repartir à la maison.

La rouquine plissa les yeux, avant de siffler d'une voix cassante.

- Tu vas rentrer à la maison et reprendre ton poste d'Auror, Harry. Tu te ridiculises avec ta nouvelle lubie.

Harry laissa échapper un rire sans joie, les poings serrés.

- Je compte bien prolonger mon poste de professeur autant que Minerva voudra bien de moi.

Ginny serra les poings et son visage se tordit en une grimace pleine de colère. En cet instant, elle ressemblait particulièrement à une harpie.

- Si tu ne reprends pas ton poste d'Auror dès Lundi, tu peux considérer que notre mariage est terminé Harry.

- Je n'ai pas l'intention de renoncer à mon poste de professeur, Ginny. Tu vas devoir t'y faire parce que je ne changerai pas d'avis.

La rousse s'empourpra, ses yeux noisette lançant des éclairs.

- Je n'ai pas épousé un minable professeur ! Tu étais sur le point de devenir chef des Aurors, tu vas aller présenter tes excuses au Ministre pour ton moment de folie et reprendre ton fichu poste !

Harry sembla soudain fatigué et secoua la tête en regardant sa femme qui était devenue une inconnue. A quel moment la douce Ginny était elle devenue cette femme dévorée par l'ambition ?

Il n'arrivait même plus à se souvenir la dernière fois où il s'était senti proche de Ginny. Ils étaient devenus des étrangers, liés uniquement par les enfants qu'ils avaient eu ensemble.

Si Harry avait été moins pris par son travail d'Auror, il s'en serait probablement rendu compte plus tôt.

- J'ai démissionné, Ginny. Le Ministre a dû recevoir mon hibou. Et je ne compte certainement pas changer d'avis. Quoi qu'il advienne, je ne serais plus Auror.

Ginny commença à hurler, jurant qu'elle allait demander le divorce. Les mots de sa femme, prononcés avec haine, auraient probablement dû inquiéter Harry. Ou au moins lui faire quelque chose.

Au lieu de quoi, il s'en moquait totalement.

Avec un léger choc, Harry se rendit compte qu'il y avait bien longtemps que son mariage n'était plus qu'une façade. Il se rendit compte également que ses heures supplémentaires qu'il acceptait sans rechigner étaient probablement une fuite inconsciente. Comme si au fond de lui il savait déjà que tout était terminé.

Il leva une main pour interrompre Ginny et la dévisagea avant de parler.

- Fais comme tu veux.

Son indifférence affichée choqua sa femme, plus que s'il lui avait hurlé dessus. Harry se tourna vers Drago qui s'était écarté d'un pas, mais qui était resté, totalement silencieux. Il fixait Harry d'un regard indéfinissable, comme s'il essayait de le comprendre.

Harry lui offrit un sourire d'excuse, pour la scène qu'il venait d'offrir avec Ginny. Et il pensa qu'à l'époque où ils étaient élèves, Drago aurait eu de quoi se moquer de lui à l'infini.

Ginny sembla d'un coup se rendre compte de la présence du Serpentard à leur côté et elle nota parfaitement les regards échangés et le sourire de son mari. Elle fronça les sourcils et décida immédiatement que tout était de la faute du fichu serpent qui était revenu dans leurs vies.

Ginny avait toujours eu des rêves démesurés. Depuis qu'elle était enfant, elle avait souhaité la lune et bien plus encore. Elle avait obtenu une partie de ce qu'elle voulait - le Sauveur du monde sorcier, rien que ça. Mais Harry Potter s'était montré particulièrement décevant.

Pas de manoir pour eux, Harry voulait une maison, tout ce qu'il y a de plus modeste. Pas d'elfes de maison non plus, ni d'employés. Elle avait laissé couler, pensant qu'ils vivraient une vie sous les projecteurs. Après tout, Harry était un héros, et il pouvait prétendre au meilleur.

Mais le jeune homme refusait toute cérémonie, tout hommage, toute récompense.

Elle avait porté ses enfants, les avait élevés. Et avait intrigué dans l'ombre pour la carrière de son mari. S'il lui refusait la gloire, elle la prendrait d'une autre façon. Elle serait l'épouse du chef des Aurors rien de moins. Elle avait passé du temps avec le Ministre pour que Harry ne reçoive que les affaires les plus importantes, et qu'il grimpe les échelons bien plus vite que n'importe qui. Et son ingrat de mari démissionnait au moment où elle atteignait enfin son but.

Enragée, elle se tourna vers Drago Malefoy et baguette en main, commença à le menacer en l'accusant des pires choses.

Harry et Drago restèrent un court instant immobiles, surpris par l'attaque virulente. Mais quand Ginny lança un sort de découpe particulièrement vicieux, Harry eut juste le temps d'invoquer un bouclier pour protéger le Serpentard.

L'attaque l'avait rendu fou de rage et sa magie crépitait autour de lui.

Ginny se rendit probablement compte qu'elle avait été trop loin, et elle recula d'un pas. Mais elle était une Gryffondor, et au lieu de faire profil bas, elle releva la tête et continua de hurler, accusant Drago Malefoy de tout ce qui n'allait pas autour d'elle.

Harry lança un sort de mutisme et un Incarcerem puis soupira. Il s'assura que Drago n'était pas blessé et fixa Ginny.

- Va t'en. J'en ai terminé avec toi, Ginny. Je resterai ici que tu le veuilles ou non et je refuse de reprendre mon poste d'Auror. J'ai démissionné et c'est définitif.

D'un geste nonchalant, il la libéra de ses sorts et lui tourna le dos, entraînant Drago avec lui.

Nouvelle générationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant