Nouvelle génération

La petite sirène

Avec un gloussement tout sauf discret, deux silhouettes se glissèrent dans la salle de bain des préfets. Ils avaient par hasard entendu le mot de passe, alors qu'ils passaient à proximité et que le préfet des Poufsouffle venait profiter de la pièce.

Sur le moment, ils n'avaient pas forcément eu l'intention de profiter de l'aubaine. Mais l'envie de découvrir le lieu siège de nombreuses rumeurs les avait décidé.

Les deux garçons se faufilèrent après avoir murmuré le mot de passe, priant pour ne pas être surpris.

Cependant, une fois entrés, ils oublièrent immédiatement leurs craintes. Peu leur importait dorénavant d'être pris sur le fait, puisqu'ils se tenaient à l'entrée de la pièce, les yeux écarquillés.

L'endroit était immense, et le bassin tenait plus de la piscine que de la baignoire.

- C'est...

- C'est magnifique !

Leurs regards se croisèrent et ils eurent un large sourire. Cependant, le blondinet se reprit plus vite que le brun.

- Si nos pères nous surprennent...

- Cesse de t'inquiéter Scorpius. Personne ne viendrait nous chercher ici. Et puis, on ne fait rien de mal après tout !

Scorpius ricana, et bouscula légèrement son ami.

- Je te laisse le soin de plaider notre cause, mais je ne suis pas certain que mon père ne soit convaincu par ton argumentation.

Albus haussa l'épaule d'un air désinvolte.

- Tu as conscience qu'à notre âge ils ont fait bien pire ?

Scorpius commença à se déshabiller en silence, puis se glissa dans l'eau chaude parfumée avec un soupir d'aise. Albus l'observait, attendant une réponse, et Scorpius laissa échapper un soupire un peu triste.

- Mon père me parle peu de sa scolarité.

En pleine réflexion, Albus quitta ses vêtements à son tour et descendit à son tour dans le bassin.

- Pourquoi ?

- Parce qu'il regrette beaucoup de choses. En tous cas c'est ce que je l'ai entendu dire à ma mère.

- Tu ne lui as jamais demandé ?

Scorpius eut l'air brièvement horrifié. Puis il gloussa nerveusement.

- Demander ça à mon père ? Je ne suis pas fou !

Comme Albus avait l'air de ne pas comprendre, Scorpius haussa les épaules.

- Mon père est génial mais il est terrifiant quand il est en colère. Et tout ce qui touche à la marque qu'il a sur le bras le rend réellement fou de rage.

Avant que l'un ou l'autre des deux garçons ne puisse reprendre la parole, ils entendirent un gloussement féminin et ils sursautèrent violemment, yeux écarquillés. Il leur fallut quelques instants avant de localiser la source du bruit, et ils soupirèrent en se rendant compte que le son venait d'un tableau qu'ils n'avaient pas remarqué.

C'était la représentation d'une sirène, qui se trémoussait lascivement en touchant ses cheveux.

Alors que les deux amis se souriaient, soulagés de voir que ce n'était qu'un tableau qui les avait interrompus, la petite sirène prit la parole.

- Il y avait longtemps que je n'avais pas eu la visite d'élèves désobéissants...

Les deux garçons s'empourprèrent et décidèrent d'ignorer le tableau. Mais la sirène ne semblait pas de cet avis. Elle se penchait au bord du cadre doré qui l'entourait, essayant de mieux les voir.

Elle fixa en premier lieu Albus, et étrécit les paupières.

- Oh oh ! Toi je connais quelqu'un de ta famille. Tu es son portrait craché...

Habitué à être reconnu par des inconnus à cause de sa ressemblance avec son père, Albus leva les yeux au ciel et grogna.

- Vraiment ?

Loin de se vexer, la sirène gloussa.

- Tu ne lui ressembles pas que physiquement à priori. Lui aussi détestait être reconnu. Je suppose que Harry Potter est ton père ?

Albus acquiesça en grognant de nouveau.

- Oui... Harry Potter. Vainqueur du tournoi des trois sorciers puis capitaine de Quidditch de l'équipe Gryffondor. J'ai eu l'occasion de le voir régulièrement...

Albus resta silencieux, boudeur. La sirène reporta son attention sur Scorpius, et en le voyant elle se mit à rire, vexant le garçon.

Voyant son air revêche, elle se calma.

- Je pensais avoir vu beaucoup de choses, mais j'avoue que tous les deux vous venez de m'offrir une bonne distraction pour les années à venir !

Scorpius répliqua aussitôt d'un ton acide.

- Et bien nous sommes content de vous distraire.

- La langue aussi acérée que celle de ton père. Et de ton grand-père avant lui.

Scorpius se figea à la mention de sa famille. La sirène gloussa et envoya une mèche de cheveux dans son dos, avec un sourire satisfait.

- Je connais aussi ton père jeune homme. Préfet de Serpentard. Un garçon terriblement fier n'est-ce-pas ?

Voyant l'air ébahi des deux garçons, la sirène gloussa et se pencha un peu plus, visiblement fière d'elle.

- Ainsi donc, que font deux maisons ennemies ensemble ?

Albus fronça les sourcils et s'approcha du tableau.

- Deux maisons ennemies ? Nous sommes tous les deux à Serpentard !

Cette fois, le personnage du tableau éclata de rire, et secouant ses cheveux de droite et de gauche. Les deux amis échangèrent une grimace amusée. Finalement la sirène se reprit.

- C'est encore mieux... Un Potter à Serpentard c'est déjà un évènement mais alors quand on ajoute une amitié entre un Potter et un Malefoy... Vous me tirez de l'ennui dans lequel j'étais plongée... Et dire qu'avant c'était les bagarres entre vos pères qui m'occupaient.

Elle soupira et minauda quelques instants.

- Étonnant que les deux pires ennemis aient réussi à engendrer des amis !

Agacé, Albus eut un geste brusque qui éclaboussa autour d'eux.

- Nos pères sont professeurs ici, et ils sont tout à fait capable de s'entendre !

Intéressée, la sirène entortilla une mèche de ses cheveux autour de son doigt.

- Vraiment ? Ainsi Harry Potter et Drago Malefoy sont de retour à Poudlard... J'aimerais bien qu'ils me rendent visite ces deux là... Ensemble ce serait encore plus drôle !

D'un commun accord, les deux adolescents lui tournèrent le dos. La sirène les rappela.

- J'avais cru comprendre que vous vouliez en savoir plus sur vos pères alors qu'ils étaient à Poudlard... Avez-vous pensé à parler aux portraits ou aux fantômes ? Vous apprendriez des choses intéressantes.

Scorpius se retourna vivement, les yeux écarquillés. Il aurait aimé pouvoir ignorer le chant de la sirène, mais il brûlait tellement d'en savoir plus qu'il demanda immédiatement des précisions.

Albus le coupa brusquement.

- Et vous voulez quoi en échange ?

La sirène haussa les épaules.

- Juste recevoir votre visite de temps à autres. J'aime avoir de la compagnie, mais la plupart du temps les élèves m'ignorent.

Elle battit des cils avec une moue adorable mais les deux garçons ne faisaient pas attention à elle. Scorpius ferma un instant les yeux puis hocha la tête d'un air résolu.

- J'accepte. Je veux en savoir plus.

Avec un sourire vainqueur, la sirène lui fit un clin d'œil.

- Va parler à Mimi Geignarde dans les toilettes des filles du troisième étage.