Nouvelle génération

Dans la vie réelle

En voyant Hermione arriver seule, un air décidé sur le visage, Harry comprit que le moment de "LA" conversation était arrivé. Sans un mot, il la fit entrer dans ses appartements, et lui désigna le sofa d'un vague signe de la main.

La jeune femme commença par lui demander comment il allait et s'il avait des nouvelles des deux enfants disparus. Harry n'était pas dupe, mais il lui répondit, attendant qu'elle ne se décide à dévoiler la vraie raison de sa visite tardive.

Finalement, Hermione soupira et se redressa dans le sofa, prenant inconsciemment un air sévère. Harry masqua un sourire amusé en se rendant compte qu'elle affichait l'air sévère qu'elle réservait à ses enfants - ou à Ron - lorsqu'ils avaient fait une bêtise.

- Harry. Tu sais que je t'adore n'est-ce-pas ?

Le Sauveur soupira et leva les yeux au ciel.

- Viens en au fait Hermione.

Elle eut un léger sourire, avant de reprendre son air sérieux.

- Écoute, je suis totalement d'accord avec toi sur le fait que Ginny a eu tort. Que ce soit sa réaction envers Albus ou son forcing auprès du Ministre pour ta carrière.

- C'est indéniable, Hermione.

Hermione écarta son commentaire d'un geste impatient de la main.

- Ce n'est pas le propos. Quoi que Ginny ait pu faire, tu ne peux pas jeter aux orties ta vie en réaction.

- Jeter aux orties ma vie ?

Face à l'air perplexe de Harry, Hermione grogna d'agacement.

- Sérieusement Harry ? Dans la vie réelle, les gens ne quittent pas un travail où ils excellent sur un coup de tête !

Le visage de l'ancien Gryffondor se ferma et il fronça les sourcils.

- Je ne pense pas que mes choix de carrière ne te concernent, Hermione.

- Je m'inquiète pour toi ! Tu fais n'importe quoi...

- Vraiment ? C'est pour ça que tu es venue à Poudlard ? Pour me surveiller ?

Hermione rougit et détourna le regard.

- En partie seulement. Je ne comprenais pas pourquoi tu avais décidé de devenir professeur sur un coup de tête. Enfin, Harry ! Tu ne nous as jamais parlé de travailler à Poudlard avant ! Ça n'a jamais été quelque chose que tu voulais faire...

Harry eut un rire sans joie.

- Je pensais que tu me faisais confiance, et que tu me connaissais mieux que ça.

Son amie écarquilla les yeux et sa réaction fut immédiate.

- Je te fais confiance ! Mais...

- Mais rien, Hermione ! Je n'ai jamais parlé d'être professeur, parce que je n'y avais jamais pensé. A dire vrai, je ne pensais même pas que ce puisse être une option. Sauf que quand l'opportunité s'est présentée, j'ai immédiatement pensé que c'était ce que je devais faire.

- Devais ? Parce que tu pouvais le faire, tu t'es précipité ?

Harry soupira en secouant la tête. Il était blessé de l'attitude de Hermione et fatigué d'avoir à se justifier.

- Tu n'essaies même pas de comprendre. Être Auror était un rêve d'enfant, décidé le jour où j'ai rencontré un groupe d'Aurors venus pour me protéger. Je les ai admirés, et quelque part, j'ai eu envie de... je sais pas ! C'est comme les gosses moldus qui veulent être pompiers ou policiers tu vois ? Juste une admiration de gosse. Sauf que dans mon cas, j'étais plongé dans la guerre jusqu'au cou, et une fois Voldemort détruit, je n'avais pas vraiment d'autre option de carrière.

- Harry...

- Non. Laisse moi terminer, Hermione. Je n'avais pas de diplôme puisque nous avons passé la septième année à courir après les horcruxes et qu'il y a eu la bataille finale en suivant. J'étais épuisé et perturbé, les cauchemars ne me laissaient plus respirer, donc je ne me voyais pas revenir pour une année scolaire. Pas après tout ce qui s'était passé. Et je me suis rendu compte que tout le monde attendait de moi que je devienne Auror. Le Sauveur devenant justicier. J'ai... juste laissé faire. Je me suis laissé entraîner parce que je n'avais rien d'autre.

Harry fit une pause et reprit, parlant plus doucement, ignorant les yeux pleins de larmes de Hermione.

- J'ai fait mon travail avec application. C'est ce que tu as dit, n'est-ce-pas ? Un métier où j'excelle. Ce n'est pas par passion, vraiment pas. Au fil des années, je me suis rendu compte qu'être Auror me coupait de ma famille. De mes enfants. Je n'étais jamais là, j'ai manqué toute leur petite enfance, tu vois ? Quand Lily a fait ses premiers pas, j'étais en intervention en Irlande. Je n'aurais probablement pas pu continuer ainsi, parce que je... Je suis fatigué de me battre. J'ai du me battre depuis ma naissance, chez les Dursley pour supporter leurs maltraitances, à Poudlard pour survivre. Je ne voyais pas l'intérêt de me débattre contre Ginny en plus alors que je n'avais aucune porte de sortie.

Hermione pleurait et elle se leva pour l'enlacer.

- Oh... Harry ! Pourquoi tu n'en as jamais parlé ? On aurait pu t'aider avec Ron. Se battre pour toi, comme tu l'as fait pour nous !

Harry soupira.

- Peu importe, Hermione. Ce qui m'a fait changer, ce n'est pas l'opportunité que Minerva m'a offerte. Ce n'est pas la première fois que quelqu'un me propose un autre emploi.

Hermione fronça les sourcils.

- Quoi alors Harry ? Parce que si ça a un rapport avec Ginny il y avait d'autres façons de mettre fin à ton mariage.

Au lieu de se mettre en colère comme Hermione s'y serait attendue, Harry laissa échapper un rire triste.

- Je me moque de mon mariage désormais. Je n'y ai pas pensé un seul instant d'ailleurs. Non. J'ai changé d'avis parce que je me suis rendu compte qu'en étant Auror je ne me suis pas rendu compte que mon fils aîné martyrisait mon cadet.

- James n'a pas...

- Albus s'est retrouvé à l'infirmerie à cause de son frère Hermione ! Je ne peux pas accepter ça. J'ai entendu ses moqueries, et il l'agresse régulièrement. Rose a du t'en parler non ?

Hermione soupira.

- Il va se calmer Harry. Ce ne sont que des enfants.

Harry haussa les épaules.

- Vraiment ? Il est soutenu par Ginny. Elle a envoyé un hibou à son propre fils pour dire qu'elle ne voulait plus de lui sous son toit !

- Si je comprends bien, tu es sûr de toi ? Je veux dire, tu ne regretteras pas ton poste d'Auror ?

- Je n'ai jamais été aussi certain d'un choix, Hermione.

Ils se dévisagèrent un instant et Hermione sourit doucement.

- Alors nous te soutiendrons. Comme toujours.