- 𝕔𝕙𝕒𝕡𝕚𝕥𝕣𝕖 𝟛𝟝 -- T'es prête, So' ? Lança Sneazzy à travers la porte de la salle de bain.
- Oui oui, j'arrive.
La brune, enveloppée dans une robe rouge grenat, terminait de tracer son long trait d'eye liner.
- Arrête la peinture, t'sais que t'es magnifique sans ça.
Elle leva les yeux au ciel et termina son maquillage.
Calypso enfila ses chaussures et se dirigea vers la porte, talonnée par son ami.
Ils se rendirent jusqu'à l'appartement d'Alpha, qui donnait une petite soirée chill chez lui.
Lorsque les deux compères arrivés dans le salon, ils sentirent subitement les regards des convives les scruter.
Elle ferma ses yeux et inspira une grande bouffée d'oxygène, pour chasser le stress.
- T'inquiètes mec, ça va couler.
- Je stresse Mo', j'aurais jamais du mettre les pieds ici.
- Il t'a pas envoyé cette vidéo pour rien. Il est invité à la résoi et il a confirmé, 'faut que t'ailles lui parler.
- T'as raison.
- Toujours.
Elle lui tira la langue en levant les yeux au ciel, et se dirigea vers une table, jonchée de bouteilles et de gobelets en plastique.
Calypso se servit un verre de vodka diluée au sprite, y piqua une paille et se dirigea vers le balcon.
À travers la baie vitrée, elle vit Nek, tout souriant, rigolant avec une jolie blonde.
Elle déposait régulièrement sa main sur son torse, et lui, passait frénétiquement sa main dans ses cheveux avec un air dégagé.
Calypso but un peu de sa boisson, et s'adossa au mur adjacent.
La musique douce et claire résonnait contre les murs de l'appartement, son coeur semblait en rythme avec les basses de l'instru.
Son visage baigné dans une lumière violette due aux néons disposés dans les coins du salon, elle prit une grande inspiration et déglutit.
À chaque fois qu'elle espérait qu'il l'attende, elle était déçue.
Elle se sentait bête, bête d'avoir espéré qu'il l'attende sagement dans un coin de la pièce, bête d'avoir pensé que ça se passerait comme avec Valentin, bête d'avoir quitté Valentin.
Elle but encore un peu de sa boisson alcoolisée et réprima une larme.
Qu'est-ce qu'être une actrice à part entière, avait changé pour elle ?
Rien. Elle était toujours dans la même situation qu'elle avait laissée précédemment.
Elle se sentait toujours seule au milieu des gens.
Calypso souffla et but le fond de son verre avant de le froisser et de le jeter dans un sac en plastique.
Elle allait danser.
Il n'y avait que ça à faire de toutes façons.🎶🎶🎶🎶
Nek était accoudé au balcon depuis plus d'une heure désormais.
Il n'avait qu'une envie, rentrer chez lui.
Après la sortie de ses albums et de son film, il avait empoché un sacré paquet de thunes.
Il était de nouveau full aux as.
Est-ce que ça changeait quelque chose ? Non.
Il avait acheté un nouvel appart'. Conforme au précédent, il avait raccroché ses trois estampes d'Hokusai au dessus de son canapé design.
Rien n'avait changé.
Rien ne changeait plus.
Plus depuis elle.
Encore.
Il ferma ses yeux, massant l'arête de son nez avec son pouce et son index.
- Ken ? Souffla une petite voix.
Ledit Ken se retourna vers sa locutrice, avec une bouffée d'espoir.
Son espoir retomba bien vite, une blonde juchée sur des hauts talons, à la poitrine opulente, se tenait debout devant lui.
- Ouais ? Demanda t-il un sourcil surélevé, la voix passablement soulée.
- Ça va pas ? T'as pas l'air bien ? Tu veux boire un truc ?! Demanda t-elle.
Il fit un pas en arrière, l'air un peu mal à l'aise.
- Si si, tout va très bien haha, non merci, j'ai déjà un verre. Souffla t-il en indiquant la table du balcon du bout du menton.
En réalité, il n'y avait même pas de verre sur la table.
La jeune femme ricana en posant une main assurée sur son torse.
- T'es coooon Keeeeeen, t'as pas à être gêné de demander à boire t'inquiètes, toi et moi on a partagé beaucoup plus que ça. Miaula t-elle.
Il marqua une petite pause, fronçant les sourcils.
Et merde, il l'avait ken, elle s'en souvenait vraiment très bien, et lui il ne se rappelait même pas de son prénom.
Nek analysa rapidement son visage et tenta :
- Haha t'inquiètes Coralie, j'ai ap soif pour l'instant.
Un sourire radieux s'étira sur son visage.
« BINGO, dans le mille » pensa t-il. Il avait visé juste, elle s'appelait bien Coralie.
Il faut dire qu'il avait l'habitude de faire semblant de reconnaître des filles d'une nuit.
Maintenant, il allait devoir trouver un stratagème pour la tej vite fait.
- Maintenant que tu l'dis, j'boirais bien... euh comme toi.
Elle plongea son regard vitreux dans le gobelet, et s'esclaffa :
- Putain, excellent ta blague, Keeeeen tu sais que je sais que tu détestes l'eau Boja à la fleur d'oranger tu m'avais dit : « c'est pour les bobos, ces merdes. »
Il ne put réprimer un frisson d'effroi.
Elle se souvenait de tout ce qu'ils avaient dit ?
Soudainement, la situation devenait de plus en plus creepy.
- Ah okay, Soraya, j't'avoue que les boissons Boja c'est pas mon sujet de prédilection, on pourrait passer à autre chose.
- J'me rappelle qu'on avait discuté de mes années de lycée. gloussa t-elle.
Il soupira.
Putain.
D'habitude, il baisait uniquement des mannequins, des meufs bonnes, ou des gows silencieuses.
Elle ne réunissait aucun des critères. Il devait être sacrément défoncé. Pensa t-il.
Il était plongé dans sa réflexion, tandis qu'elle déblatérait dans le vide, touchant son torse sans une once de gêne.
- Keeeeen, tu m'écoutes ?
- Hein, euh non, euh oui pardon Emilie.
- Keeeeen, tu sais que je t'adore mais mon nom c'est Coralie, pas Soraya ou Emilie. Souffla t-elle avec un sourire niais.
C'est là qu'il la vit à travers la vitre.
Elle vidait son verre en plastique, le regard perdu dans le vide.
- Bon écoute je suis désolée, Marina, mais tu m'intéresses ni intellectuellement ni physiquement. Souffla t-il dans un soupir, Maintenant, si tu veux bien m'excuser j'ai autre chose à faire.
Il la poussa légèrement sur le coté et rejoignit l'intérieur de l'appartement, attrapant délicatement le bras de Calypso, tout en lui soufflant tout bas :
- Je suis content que tu sois là.
Elle se retourna vers lui.
Encore une fois, son coeur se chargea d'une bouffée de chaleur, il tambourinait contre sa poitrine comme s'il ne désirait qu'une chose : sortir.
- Ah, Ken. Murmura t-elle. Intimant un silence entre-eux.
Si d'habitude leurs silences étaient apaisants, cette fois, il était horriblement long, chargé d'électricité et de rancoeur.
- Tu veux boire quelque chose ? S'enquit, passant une main sur sa nuque.
- J'veux bien ouais. Murmura t-elle, figeant ses prunelles dans les siennes.
C'était un test.
- C'est un test ? Demanda t-il amusé.
Elle suréleva un sourcil, pinçant légèrement ses lèvres.
- P't'être bien ouais. À toi de voir.
- T'as pas besoin de me test, j'te connais sur le bout des doigts. Ricana t-il.
Elle leva les yeux au ciel, réprimant un sourire.
Il se dirigea vers une bouteille de Manzana, et versa dans un gobelet en plastique, un fond de manzana, puis le noya dans le sprite.
Ken lui tendit son verre. Elle s'en saisit, trempant ses lèvres dans le liquide alcoolisé et sourit.
Il s'en souvenait.
Ça n'échappa pas à Ken, ses yeux pétillaient comme lorsqu'ils étaient sur l'ile.
Ils se dirigèrent vers le balcon, d'où, pour le plus grand soulagement de Ken, Coralie avait déguerpi.
Elle s'assied sur la rambarde, bougeant sa tête sur le rythme de la musique, en fermant les yeux avec un petit sourire.
Il s'accouda à la même rambarde, le regard perdu dans le vague, à un bon mètre du corps de cette femme qu'il aimait de plus en plus.
- J'ai beaucoup aimé. Murmura t-elle, ses doigts triturant le tissus de sa robe.
- Qu'est-ce que t'as aimé ? Demanda t-il, très sincère, le visage fermé.
- Ta, enfin ma chanson. Souffla t-elle, tout en déglutissant. Chaque mots qu'elle lui adressait brulait sa gorge.
Ken releva sa tête vers elle, ses yeux pétillants braqués sur elle, et son visage s'adoucissant instantanément.
- Sincèrement ?
- Évidemment, je suis toujours sincère. Souffla t-elle, une note de regret pointant dans sa voix.
Nek perçut immédiatement cette amertume.
Il ressentait la même, là, au creux de son ventre.
- Je suis content, j'ai beaucoup hésité à te l'envoyer. J'ai écrit, effacé, réécrit. J'y ai mit tout l'espoir du monde, tout l'amour dont je pouvais faire preuve, mais quand je t'ai envoyé le lien, j'ai eu peur que tu ne répondes jamais, que tu ne prennes jamais le temps d'ouvrir la vidéo. Que je me retrouve encore tout seul, avec mes sentiments éparpillés.
Il prit une pause, plongeant un peu plus profondément ses yeux dans les siens.
- J'ai su que tout n'était pas fini quand tu m'as envoyé ce message.
Elle se souvint des dernières lignes qu'il lui avait envoyé après le lien vers la vidéo privée, son message était issu du son.
Mais il n'en restait pas moins délicat et sincère.De : Ken
À : Calypso
j'écris, j'efface, j'écris, j'efface... Voilà plus de six mois que j'essaye, que j'essaye de te remplacer mais franchement, j'ai pas trouvé.De : Calypso
À : Ken
N'efface plus jamaisElle avait répondu à son message, juste après avoir écouté plusieurs fois le son de Ken.
C'était aussi précis, net et technique que du Nekfeu.
Mais ça avait la sensibilité, la préciosité et les faiblesses de Ken.
Après avoir écouté le son de Ken, elle avait pleuré, longuement, et l'avait désiré, tout aussi longuement.
Mais maintenant qu'elle l'avait devant lui, maintenant qu'il était là, dans toute sa splendeur, de toute sa hauteur.
Il l'impressionnait.
Ses mots étaient bloqués dans sa gorge : il lui avait fait trop de mal pour récolter du miel, mais elle l'aimait trop pour lui envoyer des ronces.
Elle porta ses lèvres à sa boisson, et en prit une gorgée avant de le poser près d'elle.
- C'était magnifique Ken, bravo. T'es doué pour les belles paroles. On voit que t'as pratiqué longtemps pour arriver à une telle maîtrise de la rhétorique.
Il perdit légèrement son sourire et joua avec la bague qui ornait son majeur.
- Je sais que j'ai déconné So', j'aimerai te présenter mes excuses et ...
- T'as déconné ? C'est tout ? Demanda t-elle, les larmes aux yeux, son coeur se serrant dans sa poitrine comme pour s'essorer.
- Je...
- Putain Ken, sérieux ? T'as « déconné » ? Nan, t'as ruiné la confiance que je te portais, t'as brisé notre amour, si tant est qu'il y en avait, t'as tout détruit, t'as même perdu un frère, et tu m'as trahie. Alors je suis désolée, mais dire que t'as déconné, c'est vraiment insuffisant. Murmura t-elle, des larmes ruisselant sur ses joues.
Elle avait trop longtemps garder tout ça pour elle, elle ne pouvait plus.
- Je- je ne voulais pas te blesser. J'ai été lâche, j'ai cédé à mes vieux démons, j'ai encore été égoïste... J'ai fait comme si tu allais m'attendre. Mais tu m'avais prévenu. Tu n'attends personne.
Calypso essuya d'un revers de la main, les larmes qui ruisselaient le long de ses joues.
- J'ai menti sur ce point. J't'ai attendu. Et je t'attends encore Ken. C'est ce qui me fait le plus mal, parce que tu ne me mérite pas.
Il baissa les yeux au sol.
Elle avait raison et il le savait pertinemment.
- J'pensais être passée à autre chose. Débuta t-elle. Puis, lorsque j'ai entendu ton prénom, et que j'ai senti mon coeur se briser en mille morceaux, c'est là que j'ai compris que non, j'étais toujours pas guérie.
Il eut un petit sourire coupable.
- J'crois qu'à cause de moi, on a laissé notre histoire en suspend. Parce que c'était bien de trop facile de fuir pour moi. J'ai eu peur So'. Je sais pas trop de quoi, et j'crois que ça arrive à beaucoup de gars. J'me suis inquiété pour mon avenir lorsqu'il à commencé à me paraître inconcevable de vivre un jour prochain, sans toi. Lorsque je le suis imaginé me réveiller dans mes draps, sans toi. J'me suis même demandé ce que je deviendrais sans toi. C'est là que j'ai pris peur, je crois. Parce que même moi, je ne savais pas. Alors, j'ai voulu savoir si toutes les shneks de valaient. Alors ouais, j'l'ai sauté. J'regrette mais je l'ai fait. Quand j'ai eu ma réponse, j'ai pris peur. Encore. C'est quand j'ai foutu le feu à notre édifice que j'ai compris à quel point j'y tenais, à quel point c'était unique. Alors, j'ai entretenu le feu, dans l'espoir qu'il s'éteigne tout seul. Mais il s'est embrasé, il a tout ravagé.
- Pas tout. Souffla t-elle tout bas.
- Je ne suis pas un assez bon menteur pour continuer à me mentir, je ne veux plus fuir, je ne veux plus danser seul. T'es un sucre trésor, t'adoucis si bien mes démons et ma morne existence.
- Tu n'as pas besoin de me bercer de tes paroles. Tu sais que je suis déjà conquise, mais je n'ai plus confiance en toi. Ken, tu n'es pas capable de tenir ta queue trois jours, dis-moi pas que t'as fais preuve d'abstinence durant mon absence.
- J'ai fait des bêtises, j'ai couché avec des meufs, pleins de fois, trop de fois, après toi. Mais à chaque fois, j'avais l'impression de te tromper. De me tromper.
Il se tut.
Elle n'ajouta rien.
Ses émotions étaient magnifiques. Elle avait envie de tout lui pardonner, et de se remettre avec lui pour l'éternité.
Mais il ne fallait pas.
Elle méritait mieux que ça.
- Reviens. Murmura t-il.
- Nek, me remettre avec toi ? Jamais de la vie, pourtant j'en ai envie. Je tiens toujours à toi, je t'aime encore. Mais je peux pas, je ne peux plus aimer les autres avant moi-même. De nouveau, ses yeux se chargèrent de larmes.
Elle plongea sa paille dans la boisson et en sirota le contenu lentement.
Il prit doucement, presque timidement, sa main, et caressa son poignet avec toute la douceur du monde.
L'embrasser. Elle n'avait qu'une envie : l'embrasser.
Son coeur tambourinait dans son thorax.
- J'comprend. Si toi tu m'attendras pas, sache que moi, j't'attendrais jusqu'à ce que tu sois prête. Jusqu'à ce que tu te rendes à l'évidence : on a quelque chose à faire ensemble, on a besoin l'un de l'autre pour se sentir enfin entier.
Elle posa sa tête contre son torse, tout doucement, et dans un ultime geste de tendresse, il l'embrassa avec toute la tendresse du monde, très vite, comme pour ne pas l'importuner.
Calypso lui sourit tristement et quitta le balcon. Avec classe et élégance.
Depuis que ses lèvres avaient de nouveau rencontré les siennes, il en était encore plus persuadé : tout les deux étaient faits l'un pour l'autre.
Il avait désespérément besoin d'elle, et l'avoir près de lui signifiait arrêter de baiser à droite, à gauche. Honnêtement ? Il était plus que prêt à faire cette concession.
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Καλυψώ
Fanfiction« - T'es une meuf exceptionnelle, t'as pas le droit de pas être heureuse. J't'avais prévenue, So'. - Comment ça j'ai pas le droit de pas être heureuse ?! - T'es exceptionnelle, t'es merveilleuse, tu t'es jamais demandé pourquoi tout les rappeurs av...