𝐈'𝐋𝐋 𝐁𝐄 𝐁𝐀𝐂𝐊 ◜+𝘺𝘰𝘰𝘯𝘮𝘪𝘯◞

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YOONMIN

contexte de guerre ; soldier au
relation épistolaire

↻ contexte de guerre ; soldier au     relation épistolaire

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Mon amour,

Cela faisait longtemps que je ne t'ai pas écrit. Vingt-et-un jours pour être précis. Je m'excuse si mon soudain silence t'a causé quelque frayeur. Hélas ici les heures sont aussi longues que des semaines.

Mon frère m'a envoyé une photo de notre paisible quartier avant qu'il ne retourne chez nous, à Liverpool. C'est celui dans lequel nous nous étions connus. C'est regrettable, il est à présent en ruines. Tu te rappelles comment c'était beau là-bas, lorsqu'on s'y promenait ?

Les rayons du soleil qui illuminaient les bâtiments de pierre- sauf quand la neige, les larmes des anges comme tu l'appelles - déposait son froid manteau sur les toits. Je me souviens des enfants qui jouaient au ballon dans les rues, la boulangerie près du magasin de ta mère où tu allais tout le temps, la vieille librairie dans l'angle de notre rue secrète- où l'on s'embrassait tous les vendredis soir après dix heures, quand tu fuguais par ta fenêtre afin de ne pas de faire surprendre par ton père en train de commettre cette « abomination » qu'était tes étreintes, tes tendres baisers sur ma peau -. Tu passais tes journées dans cette librairie, enfermé dans les contes et légendes, les histoires si romanesques qui te faisaient croire au grand amour. Les torchons et les vêtements qui pendaient sur les bords des balcons lorsque le soleil avait la décence de partager sa lumière avec nous, mortels.

Je me rappelle aussi le vieux bar près de l'église, où j'ai découvert que ton père était le Pasteur du village, le lendemain du jour où je t'ai retiré ta pureté, cette satané innocence qui t'empêchait de vivre, que tu pensais susceptible de te conduite à ta perte.
Je n'en regrette rien, tu étais le seul trésor que je voulais posséder dans cet endroit si vaste qu'est le monde, et pour rien d'autre je ne t'aurai remplacé.

Continues-tu de peindre ? Je me souviens à quel point tu adorais ça, que lorsque tu peignais, je ne te voyais jamais autant libéré de tes peines le plus profondes que lorsque tu avais un pinceau entre tes jolis doigts. Tu peignais presque tous les jours, près de la fenêtre de ta chambre, sur le chevalet de ta grand-mère. Tu étais encore plus beau lorsque tu t'y attelais que tes œuvres elles-même. Si captivant que moi, le poète qui donnait à ta grâce et ta beauté toute sa reconnaissance légitime, en perdait les mots.
Je te regrette tant, ô ma lumière si tu savais.

Quant à moi, je me doute que tu tiens surtout à savoir ce qu'il m'arrive sur le champ de bataille que tu crains tant.

Je ne vais pas bien, comme tu peux t'en douter.

Le bruit est abominable, assourdissant ; je crois que je vais bientôt perdre l'ouïe et sans doute le goût. Ce n'est pas non plus comme si l'on mangeait comme des rois ici, la terre a un goût de peste et de chair à canon. L'oxygène a un goût de feu et de mort. Ma vue, je serais presque reconnaissant que l'on me la retire, pour ainsi ne plus avoir à supporter cet affligeant spectacle de centaines de corps sans vie gisant sur le sol désertique, ou encore la vue de mes propres camarades s'effondrer sous l'impact fatal d'une balle dans leurs organes vitaux. J'aimerais ne plus pouvoir sentir tout ce qui se trouve autour de moi ; les armes brûlantes après les rafales de balles, le sang sur ma combinaison, les bactéries infestant ma peau maintenant jonchée de cicatrices de toutes sortes. Je souhaiterais que l'on m'enlève ma raison, mon esprit et la totalité de mon âme, afin de ne plus avoir à faire subir à ma conscience le prix de ce fardeau, de ce crime ignoble qu'est le meurtre, de cette immondice qu'est la guerre.

J'étais prêt à tout pour perdre la trace de cette humanité qui était mienne jusqu'à la mort.Jusqu'à ce que je me rappelle de toi.

Que si je perdais l'ouïe, je ne pourrais plus t'entendre me chanter des berceuses lorsque ma tête est posée sur tes genoux le soir, ou à ton balcon lorsqu'il t'était impossible de me rejoindre parce que tes parents pouvaient nous surprendre à tout moment. Je ne pourrais plus entendre ton rire, ce son mélodieux qui semble me sortir des abysses de mon désespoir et rendait les moments les plus amers, euphoriques. Je ne serais plus capable d'entendre tes gémissements, ces sons si séduisants lorsque les ondes de plaisir traverse ton somptueux corps.

Je ne pourrai plus goûter les mets si exquis que tu prépares avec tant d'enthousiasme, bien que le plus raffiné des mets préparé par le chef le plus habile ne saurait égaler la douceur de tes lèvres, et le goût sucré de ta peau d'albâtre lorsque j'y laisse des marques de mon passage. Ces marques que je ne pourrai plus admirer si l'on me retire ma sainte vue ; mon amour la privation de ton corps me conduirait à la folie. Ton visage me manquerait tant, ses traits délicats, ses yeux marrons comme le bois couleur ébène brillant de la plus précieuse des étincelles, tes lèvres à damner ces foutus prêtres, tes courbes que même la plus belle des femmes jalouserait, ta peau si goûteuse et sans défaut, semblable aux nuages qui défilaient dans le ciel que l'on regardait lors de nos après-midi à deux. Tes cheveux noirs comme l'onyx où j'adorais passer mes doigts lorsque tu t'endormais après t'avoir fait l'amour comme un fou. Nos ébats que je ne pourrai plus sentir si l'on m'ôte de ce toucher qui me permet de te sentir contre moi, ton corps dégageant la plus douce des chaleurs contre le mien qui paraissait si glacé. Et par-dessus tout, la pensée et le peu de raison qui me reste, ce serait t'arracher de mes souvenirs, de mon cœur, de mon âme, de ce qui me rattache à ce monde.

Alors oui, Jimin, je veux rentrer à la maison, en Angleterre. Mais c'est uniquement près de toi que j'ai cette sensation d'être chez moi, peu importe où je suis dans ce monde.

Alors, même si cela peut te paraître comme la plus culottée des demandes, s'il te plaît, amour, je t'en supplie, attends-moi. Fuyons, quittons cet endroit pour commencer une nouvelle vie. Et cette vie, je t'en fais la promesse, sera dénuée de toute interdit, de religion, de jugement, de pleurs, de colère, de guerre, de sang. Je t'offrirai ce monde dont toi et moi rêvons tant, un monde rempli d'art, de rêves et de voyages. Ce monde sera la pluie tant espérée dans le désert qui sépare ton âme de la mienne.

Car la seule chose qui me maintient en vie dans ce monde corrompu et cruel, c'est toi.

Ton, j'espère toujours, unique amour
Yoongi.

𝖻𝗋𝗈𝗄𝖾𝗇 𝖼𝗅𝗈𝖼𝗄𝗌 +𝗿𝗲𝗰𝘂𝗲𝗶𝗹 𝗱'𝗼𝘀Où les histoires vivent. Découvrez maintenant